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Dakar 2021 : Le duel Honda-KTM, le triomphe de Peterhansel, les malheurs de Xavier de Soultrait… Ce qu'il faut retenir de l'édition 2021

Le soleil vient de se coucher sur le deuxième Dakar en Arabie Saoudite. Cette édition 2021 a été marquée par des retours au sommet et des désillusions. Si Stéphane Peterhansel (Mini) a repris son bien dans la catégorie auto, d’autres ont connu des mésaventures, à l'image du pilote moto Xavier de Soultrait (Husqvarna), ou ont dû s'adapter aux nouvelles règles de navigation avec un road book distribué au dernier moment.
Article rédigé par Jean-Baptiste Lautier
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 10min
Stéphane Peterhansel sacré pour la 14e fois sur le Dakar  (FREDERIC LE FLOC H / DPPI MEDIA)

• La navigation de retour au centre de l’épreuve

C’était l’un des grands changements de cette édition et il était de taille. Le Dakar 2021 a connu des modifications significatives liées à la navigation. D’abord avec la distribution du road book juste avant le départ et non la veille comme auparavant. Ensuite par le fait que celui-ci se présentait sous la forme d’une tablette numérique pour les catégories où il y avait des copilotes (auto, SSV et camion). Ces deux nouveautés avaient pour objectif de ramener la navigation au centre de l’épreuve et de mettre fin à l’activité des “mapmen”, ces cartographes qui passaient la nuit à préparer le tracé parfait pour les pilotes et créaient un manque d’équité entre les équipes.

Si certains se sont satisfaits de ces changements, qui ont permis aux pilotes de profiter d’un vrai repos le soir, d’autres se sont plaints avec force. “C’est une loterie, ce n’est pas du pilotage, je suis démoralisé et dégoûté. Tout le monde se perd, ce n’est pas le Dakar” pestait Carlos Sainz (Mini), vainqueur sortant en catégorie auto, après avoir été à la peine pendant trois étapes. Côté moto, les pilotes avaient 20 minutes pour ausculter le parcours avant le départ, ce qui n’a pas avantagé ceux qui ouvraient la route. Joan Barreda Bort (Honda) en est le meilleur exemple, victorieux un jour sur deux pendant la première semaine puis relégué très loin chaque lendemain lorsqu’il s’élançait en tête.

• L'abandon de Xavier de Soultrait : les malheurs du pilote-plaisir

Il avait illuminé la première semaine du Dakar par son plaisir communicatif de participer au plus célèbre des rallye-raids : “On avait le sourire. Il aurait fallu nous filmer ! Cette banane ! On s’est bien marrés !” Un an après un abandon qui avait conduit Yamaha à mettre fin à son contrat après quatre années passées au sein de l’équipe japonaise, l’Auvergnat était reparti à zéro, achetant sa propre moto Husqvarna et redevenant un pilote sans équipe officielle. Et tout allait pour le mieux : “Je me régale. Cette moto, c’est une fusée ! Un truc de fou ! Elle ne bouge pas d’un poil" avait-il déclaré après la deuxième étape.

Il avait compris la tactique : rester placé sans trop se montrer. Ultra-régulier dans le top 10 de chaque spéciale, le Français n’a jamais eu à ouvrir la route dans le désert saoudien, une tâche réservée au vainqueur de la veille. Cela lui a permis de prendre la tête du classement général en moto après quatre étapes. En course pour la victoire jusqu’à la septième spéciale, il a malheureusement été contraint à l’abandon après une chute dans un banc de sable, qui l'a laissé avec un traumatisme au niveau des cervicales. La fin n’est pas celle qu’il aurait souhaité, mais Xavier de Soultrait a fait étalage de tout son talent et a peut-être gagné un guidon en équipe officielle pour l’année prochaine.

• Peterhansel continue d’écrire l’histoire

Que dire. Il était déjà géant, il l’est encore un peu plus après ce Dakar en Arabie Saoudite. Avec une huitième victoire dans la catégorie auto, au volant de sa Mini, Stéphane Peterhansel place maintenant le record à 14 titres toutes catégories confondues. Au côté d'Edouard Boulanger, avec qui il collabore depuis seulement six mois, “Peter” a su profiter de l’ancienne expérience de “mapman” de son nouveau copilote pour déjouer les pièges du road book.

La compétition a été intense avec son unique rival Nasser Al-Attiyah (Toyota). Le pilote qatari avait commencé l’épreuve sur les chapeaux de roues, remportant quatre des cinq premières spéciales. Très longtemps au coude-à-coude avec le Français au classement général, il a pêché à cause d’erreurs de navigation et de trop nombreuses crevaisons, laissant le Franc-Comtois s’envoler vers le succès. Avec seulement une seule victoire d’étape contre six pour le pilote Toyota, “Monsieur Dakar” a tout de même récupéré son bien, qui lui échappait depuis 2017.

• Honda confirme face à KTM

Après avoir mis fin aux 19 années de règne KTM sur le Dakar l'an passé, la marque japonaise a enfoncé le clou cette année en remportant une nouvelle fois le titre dans la catégorie moto grâce à la victoire de l’Argentin Kevin Benavides. Le trou d'air de 31 ans qu'a connu Honda avant de s'imposer à nouveau dans l'épreuve est déjà loin. Avec un budget près de deux fois supérieur à celui de KTM, l’équipe officielle Honda a même réussi à signer un doublé historique, le premier pour la firme japonaise depuis 1987, avec la deuxième place finale du tenant du titre Ricky Brabec devant la KTM du Britannique Sam Sunderland

Les deux équipes ont pourtant connu une deuxième semaine très compliquée, affectée par des abandons de taille. KTM a perdu son leader Toby Price lors de la neuvième étape. Puis Honda, s'est retrouvé privé le lendemain de Juan Ignacio Cornejo, alors en tête du général, et Joan Barreda Bort à la veille de l’arrivée à Djeddah. Enfin, cette dernière journée sur le bivouac aura surtout été marquée par la disparition tragique du motard amateur français Pierre Cherpin, décédé des suites de ses blessures après une violente chute survenue durant la 7e étape. Il est le 27e pilote à avoir trouvé la mort sur les routes du Dakar depuis sa création en 1979, le 22e motard.

• Mike Horn - Cyril Despres : Objectif 2023

Cyril Despres, quintuple vainqueur de l’épreuve en moto, et le célèbre explorateur Mike Horn n’ont pas vécu un Dakar comme les autres. Réunis au volant d’une Peugeot 3008 laboratoire, dotée d’une batterie de capteurs, les deux hommes étaient là pour collecter des données dans le but de courir l’épreuve en atteignant la neutralité carbone en 2023.

Selon Mike Horn, il est urgent d’agir : “Du sport automobile avec les moteurs à combustibles, on ne peut plus continuer comme ça. Si on ne change pas, un rallye-raid comme le Dakar va être fini.”  Pour atteindre cet objectif ambitieux, ils souhaitent créer un véhicule roulant grâce à une pile à combustible alimentée par de l’hydrogène.

Mais sur cette édition 2021, le duo Despres-Horn a malgré tout pris part à la compétition, terminant à deux reprises dans le top 10 des étapes, dont une quatrième place lors de la dernière journée, pour finalement se classer dixième au classement général, à près de cinq heures de Peterhansel.

• Pour BRX, des débuts mitigés

C’était l’un des grands points d’interrogation de ce millésime 2021. La nouvelle équipe BRX (Bahrain Raid Xtreme) se présentait pleine d’ambition au départ de Djeddah avec des pilotes reconnus mais un véhicule sans aucune référence. L’Espagnol Nani Roma, ancien double vainqueur en moto et auto, mais surtout Sébastien Loeb, nonuple champion du monde des rallyes, étaient chargés de dompter le 4x4 Hunter, conçu par l’entreprise britannique Prodrive. Et les deux pilotes n’ont pas tout à fait vécu la même course.

L’Alsacien, associé comme toujours à Daniel Elena, a tout connu dans le désert saoudien. D’abord des crevaisons, des problèmes de navigations, puis deux sixièmes places encourageantes et enfin des nouveaux pépins techniques qui l’ont contraint à jeter l’éponge. De l’autre côté, Nani Roma a joué dans la discrétion mais a brillé par sa régularité. L’Espagnol n’a terminé dans le top 5 d’aucune étape mais grâce à des résultats oscillants autour de la dixième place, il termine finalement cinquième à Djeddah. Un bon résultat pour un 4x4 qui a roulé pour la première fois il y a seulement deux mois.

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