Le Dodecaband de Martial Solal, une formation mythique à l'honneur de la nouvelle création de l'Orchestre national de jazz
S'il a déjà créé de remarquables nouveaux répertoires, l'Orchestre national de jazz (ONJ) sous la mandature du guitariste et compositeur Frédéric Maurin aime aussi célébrer les créateurs qui ont marqué le XXe siècle de leur empreinte. Ainsi, il y a eu le jazzman américain Ornette Coleman avec Dancing in your Head(s), le compositeur français André Hodeir avec Anna Livia Plurabelle, chef-d’œuvre trop rarement joué et enregistré, mais aussi un hommage scénique aux génies du rock progressif avec Frame by Frame (à savourer à Marciac le 31 juillet prochain).
Et il y a maintenant Martial Solal, monument du jazz français, retiré de la scène depuis son ultime récital en 2019 à la Salle Gaveau. Le pianiste et compositeur sera honoré samedi 8 juin à la Maison de la Radio, à Paris, au travers d'une reconstitution du répertoire du Dodecaband, une célèbre formation qu'il a dirigée par le passé.
Le Dodecaband, dix ans d'existence, un seul disque
Au fil d'une carrière hors norme entamée dans les années 50, Martial Solal a joué dans toutes sortes de configurations - solo, duo, trio, big band... - auprès des plus grands artistes de son temps. Il s'est illustré aussi dans des musiques de films de la Nouvelle Vague (À bout de souffle, Léon Morin, prêtre...) et dans l'écriture d'œuvres symphoniques. Compositeur, arrangeur, orchestrateur, improvisateur hors pair, le pianiste natif d'Alger a fondé son Dodecaband au début des années 1990. Moins grand qu'un big band, cet ensemble médium de douze musiciens en "reprend, de façon allégée, la structure traditionnelle : trois saxophones, trois trompettes, trois trombones et une section rythmique", explique l'ONJ sur son site. Le groupe a existé sur scène durant une décennie avant de sortir un seul enregistrement, paru en 2000 : Martial Solal Dodecaband Plays Ellington.
En dehors de cet hommage discographique à Duke Ellington, la plus grande partie du répertoire écrit par Solal pour le Dodecaband est restée inédite. D'où l'idée de l'ONJ de faire revivre de belles pages de cette formation historique en reconstituant un effectif orchestral similaire à celui que le pianiste a réuni il y a plus de trente ans. Et ce, avec le concours de Martial Solal qui a fourni ses partitions à Frédéric Maurin. Ce sera l'occasion, assure l'ONJ, de découvrir non seulement "les suites pleines de fantaisie du maître", mais aussi ses "relectures/recompositions" d'œuvres d'Ellington, disparu il y a un peu plus de cinquante ans, le 24 mai 1974. Et quand on connaît l'humour et la malice, irrésistibles, de Martial Solal, tant à la ville qu'à la scène, on ne peut qu'être impatient.
Pour le moment, une seule - et unique - date de cette redécouverte du Dodecaband est programmée sur une scène de France : celle de ce samedi 8 juin à Paris, à la Maison de la Radio. Incompréhensible. On espère (très) fort que cette anomalie sera corrigée. En attendant, le concert sera capté pour les antennes de Radio France, partenaire de l'Orchestre national de jazz dans cette aventure (comme ce fut déjà le cas pour Anna Livia Plurabelle d'André Hodeir). Le brillant pianiste Bruno Ruder, collaborateur de l'ONJ sur certains projets, en assurera la première partie en solo. Sa performance sera retransmise en direct sur France Musique, depuis le Studio 104, dans le cadre de l'émission Jazz sur le vif d'Arnaud Merlin. Le concert de l'ONJ sera enregistré et diffusé dans une prochaine émission.
Dernière création en octobre avant un passage de flambeau
Du côté des répertoires originaux présentés par l'ONJ depuis l'arrivée de Frédéric Maurin à sa direction artistique en 2019, après Rituels, Dracula et Ex-Machina (un programme particulièrement salué à l'international, et qui vient de faire l'objet d'une tournée européenne), l'ONJ prépare une nouvelle création, la dernière de l'ère Maurin, intitulée Jeux. Il s'agit d'une coproduction avec l'Ensemble intercontemporain. Coécrite par la chanteuse et compositrice grecque Sofia Avramidou, le pianiste et compositeur Andy Emler (directeur du fameux MegaOctet) et Frédéric Maurin, cette nouvelle pièce sera créée le 18 octobre 2024 à La Comète, à Châlons-en-Champagne. Par la suite, le guitariste passera progressivement le flambeau à la musicienne qui va lui succéder, la flûtiste et compositrice Sylvaine Hélary, nommée en mars dernier.
L'Orchestre national de jazz en concert à Paris
L'ONJ joue Martial Solal Dodecaband, samedi 8 juin 2024, 19h, Maison de la Radio et de la Musique (création, coproduction ONJ/ Radio France). Première partie : le pianiste Bruno Ruder en solo.
> L'agenda-concert de l'ONJ
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