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Retour sur la haute couture printemps-été 2023 avec Sara Chraïbi, Gaurav Gupta et AZ Factory pour trois visions décalées

29 maisons ont présenté à Paris, du 23 au 26 janvier 2023, leur collection printemps-été 2023. Retour sur cette semaine de la haute couture avec trois coups de cœur - Sara Chraïbi, Gaurav Gupta et AZ Factory - pour prolonger le plaisir des yeux.
Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Sara Chraïbi haute couture printemps-été 2023, le 26 janvier 2023 à Paris (©DOMINIQUE MAITRE)

Domaine d'excellence, la haute couture française est destinée à une élite fortunée et demeure le fruit du travail des créateurs mais aussi de leurs précieux collaborateurs, qui ont su transmettre des savoir-faire séculaires tout en innovant. Cette saison, onze membres labellisés, cinq griffes étrangères (correspondants) et douze membres invités, soit 29 maisons inscrites au calendrier printemps-été 2023, ont présenté leur collection. 

Retour sur cette semaine haute couture en trois coups de cœur avec les premiers pas sur les podiums parisiens du couturier indien Gaurav Gupta et de la Marocaine Sara Chraïbi et l'étonnante collaboration de Tennessy Thoreson avec AZ Factory. 

Sara Chraïbi : un souffle contemporain aux savoir-faire du Maroc 

Née à Rabat, Sara Chraïbi a été initiée à la couture et à la broderie auprès de sa mère. Après des études d’architecture à Rabat, elle s’installe à Paris pour préparer un DEA en Philosophie et Théorie d’Architecture. Parallèlement à son métier d’architecte, elle dessine, coud et brode. En 2012, elle présente sa première collection Anatomic Architecture à un concours organisé par les Ateliers de Paris, puis participe à Festimode Casablanca Fashion Week. De retour au Maroc en 2014, entourée d’une poignée d’artisanes, elle fonde à Rabat sa maison de couture. De son premier métier d’architecte, elle retiendra le sens de la rigueur et de la construction et construit sa marque autour d’un art de vivre à la marocaine mêlant Orient et Occident dans un vestiaire à l'allure orientale contemporaine. De 2019 à 2021, elle suit un Executive MBA en Global Fashion Management à l’Institut Français de la Mode à Paris. En 2020, elle reçoit le prix Stand With Creative, décerné par Fashion Trust Arabia, qui récompense les créateurs de mode arabes innovants.

Sara Chraïbi haute couture printemps-été 2023, le 26 janvier 2023 à Paris (DOMINIQUE MAITRE)

Au théâtre du Chatelet, pour ses premiers pas sur les podiums parisiens de la haute couture, tout en offrant un regard nord‐africain sur la mode, Sara Chraïbi a défendu "la liberté de parure et de mouvement". Si sa collection L'étoffe des songes garde une certaine simplicité dans la construction de ses vêtements, ses créations, aux accents nord-africains de ses racines, ne manquent pas de glamour. Elle célèbre les femmes avec des créations qui jouent sur les longueurs allégées par les décolletés et les franges. La pureté des lignes côtoie de multiples techniques de broderie. La palette chromatique privilégie les unis : blanc, doré, noir, rouge, bleu... On a aimé que la créatrice donne un souffle contemporain aux savoir‐faire et métiers d’art de son pays. 

Gaurav Gupta : des sculptures 3D sans début, ni fin 

Rares sont les créateurs indiens présents en haute couture sur les podiums parisiens, après Rahul Mishra (depuis le printemps 2020), puis le passage de Vaishali Shadangule (ah 2021-22), c'est au tour du couturier et artiste Gaurav Gupta. Il est connu pour explorer les thèmes entourant surréalisme et fanatisme dès la création de la marque en 2004, après avoir été diplômé de la Central Saint Martins à Londres. En plus de 18 ans, le designer a sculpté un monde qui est indien à son noyau et sans limites dans sa forme tout en fusionnant l'embellissement technique avec son idée de l'avenir. 

Gaurav Gupta haute couture printemps-été 2023, à Paris, le 26 janvier 2023 (Courtesy of Gaurav Gupta)

Pour sa première présentation au calendrier, il a voulu "explorer les possibilités de mouvement entre le zéro et l'infini" dans un travail où se rencontrent d'anciennes techniques artisanales indiennes avec sa vision sculpturale de l'avenir. Certaines robes 3D - déclinées sur des tissus tissés à la main en or et argent - ont des formes infinies, d'autres - en satin, mousseline et organza bleu électrique - adoptent des drapés sculpturaux. Les broderies imitent la fonte de la lave ou les vagues d'un océan sombre. On note une robe serpent qui glisse et s'entrelace sur tout le corps, en vagues brodées à la main, des robes gothiques en jersey similicuir noir et un jaune fluo acid. Un segment de la collection est décliné en or et noir car le créateur est fasciné par les civilisations égyptiennes antiques. On a aimé les volumes de ses robes qui semblent figées. 

Les super héroïnes de Tennessy Thoreson pour AZ Factory

AZ Factory a été fondée par Alber Elbaz - avec Richemont en 2020 - pour "créer une mode belle, pratique et axée sur les solutions qui fonctionne pour tout le monde". En 2021, le couturier présente la première collection de sa marque de prêt-à-porter féminin, basée sur l’innovation et le respect du corps, avant de disparaître le 24 avril de la même année. En octobre un défilé réunissant 46 créateurs est organisé puis fait l'objet, au Palais Galliera, d'une exposition Love Brings Love. Le défilé hommage à Alber ElbazDepuis le studio confie, chaque saison, les rênes de la direction artistique à des amigos. Depuis 2022, AZ Factory a évolué en une plateforme multidisciplinaire, soutenant la création et les jeunes talents en tant que collectif créatif. Après Thebe Magugu, Ester Manas et Lutz Huelle, entre autres, la carte blanche a été donnée au designer français Tennessy Thoreson.

La collection composée de douze silhouettes a été présentée dans un cabaret de Saint-Germain-des-Près. Le spectacle a été imaginé comme "une ode à la joie et à l'extravagance" et pour incarner, sur la scène du club, ces Super Héroïnes aux pouvoirs extraordinaires des artistes - superstars de Drag Race, talents parisiens et internationaux issus des arts de la scène : une avaleuse de feu, un pianiste, une stripteaseuse... Les silhouettes révélant le corps, cousues à la main par l'atelier maison, respectent les codes traditionnels de la couture pour le flou et le tailleur mais adoptent des détails théâtraux flamboyants et inattendus : manteau blanc en fourrure souligné de fausse fourrure rose, combinaisont bleue seconde peau, robe en latex rose... On a aimé être loin de l'image bien lissée des mannequins qui défilent sagement sur les podiums.

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