Oscars 2024 : les dix candidats à la récompense suprême du meilleur film

C'est le Graal de Hollywood et il faut le mériter : dix longs métrages sont en lice pour l'Oscar du meilleur film contre cinq pour les autres catégories. C'est dire si la concurrence est rude. Voici un rappel des candidats en présence, parmi lesquels figurent les œuvres de Martin Scorsese, Christopher Nolan, Jonathan Glazer, Alexander Payne ou Justine Triet.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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Les statues des Oscars qui encadrent les marches avant la cérémonie des 95e Oscars à Hollywood, en mars 2023. (STEFANI REYNOLDS / AFP)

De la course à la bombe atomique aux horreurs d'Auschwitz, en passant par les aventures d'une célèbre poupée ou d'un cadavre réanimé à la libido vorace, la variété des prétendants à l'Oscar du meilleur film cette année démontre un cru exceptionnel. Si vous les avez ratés, voici une séance de rattrapage pour connaître les dix candidats à la récompense suprême.

"American Fiction" de Cord Jefferson

Absolument hilarante, cette comédie tourne en dérision le racisme latent des élites progressistes. Jeffrey Wright y incarne un écrivain afro-américain fatigué par une industrie de l'édition aux mains de bourgeois blancs, qui ne veulent entendre qu'un seul type de récit noir : celui de la misère des quartiers difficiles, du crack et des prisons. Désabusé, le romancier en livre une caricature sous pseudonyme. Sauf qu'au lieu de faire un bide, elle triomphe...

Cette satire acerbe, disponible depuis 26 février 2024 sur Amazon Prime Video a remporté le premier prix au festival du film de Toronto. Jeffrey Wright est nommé pour l'Oscar du meilleur acteur et Sterling K. Brown pour l'Oscar du meilleur acteur dans un second rôle.

(VO avec sous-titres en anglais)

"Anatomie d'une chute" de Justine Triet

Palme d'or à Cannes, Anatomie d'une chute, thriller judiciaire sur la dégringolade d'un couple d'artistes dysfonctionnels, où une écrivaine se retrouve accusée du meurtre de son mari, a fait sensation aux États-Unis, avec notamment deux Golden Globes. Nommé dans cinq catégories (dont meilleur réalisateur et meilleure actrice), le film de Justine Triet est favori pour l'Oscar du meilleur scénario original. Sa campagne de promotion ingénieuse, avec le chien Messi en ambassadeur du film, peut lui permettre de convoiter d'autres statuettes.

Jusqu'à en faire la troisième Palme d'or à remporter aussi l'Oscar du meilleur film, comme le film sud-coréen Parasite ? Suspense.

"Barbie" de Greta Gerwig

Nommer Barbie était en soi une victoire pour les Oscars, soucieux d'être au centre de l'attention. La satire féministe de Greta Gerwig a attiré des hordes de fans vêtus de rose dans les cinémas, et a caracolé en tête du box-office mondial avec 1,4 milliard de dollars de recettes. Aucun film, même son duettiste estival Oppenheimer, sorti le même jour, n'a fait autant parler que Barbie, grâce notamment à une intense campagne marketing.

Mais peut-il vraiment gagner la récompense suprême, alors que sa réalisatrice et Margot Robbie, l'interprète de la poupée peroxydée, n'ont pas été nommées ? Il semble plus destiné à des récompenses secondaires – costumes, meilleure chanson.

"Winter Break" d'Alexander Payne

Émouvant conte de Noël, Winter Break (sorti en France en décembre dernier) chronique l'amitié improbable de trois âmes en peine, coincées ensemble pour le réveillon dans un pensionnat du nord-est des États-Unis des années 1970. Paul Giamatti y incarne un professeur d'histoire psychorigide, dont le caractère pédant cache une blessure intime. Un rôle remarquablement touchant, qui lui permet de prétendre à l'Oscar du meilleur acteur. À ses côtés, Da'Vine Joy Randolph fait l'unanimité en cuisinière afro-américaine endeuillée par la perte de son fils, mort dans la guerre du Vietnam. La statuette du meilleur second rôle féminin semble lui être acquise.

Délicate et subtile, cette comédie à l'ancienne d'Alexander Payne parait la mieux placée pour renverser l'ultra-favori Oppenheimer. Mais la tâche reste ardue...

"Killers of the Flower Moon" de Martin Scorsese

Elle dure trois heures et demie. Mais Killers of the Flower Moon, la fresque historique de Martin Scorsese sur les assassinats d'Amérindiens dans l'Oklahoma des années 1920 était tout simplement trop belle et trop importante pour être ignorée. Encore plus que Leonardo DiCaprio et Robert De Niro, c'est l'actrice Lily Gladstone qui y crève l'écran, en autochtone enrichie par le pétrole de sa terre et victime d'un amour toxique.

Ce rôle pourrait lui valoir l'Oscar de la meilleure actrice.

"Maestro" de Bradley Cooper

Souvent nommé, mais jamais récompensé, Bradley Cooper espérait conjurer le sort avec Maestro. Pour ce biopic du légendaire chef d'orchestre Leonard Bernstein, il est à la fois devant et derrière la caméra et a reçu sept nominations.

Mais le film ne repartira probablement qu'avec l'Oscar du meilleur maquillage. Une récompense douce-amère au vu de la polémique qui a précédé sa sortie : le faux-nez proéminent porté par l'acteur avait été accusé de renforcer les stéréotypes antisémites, et les enfants du compositeur avaient dû intervenir pour prendre sa défense.

"Oppenheimer" de Christopher Nolan

Oppenheimer : rarement un film sera arrivé aux Oscars avec un statut de favori aussi solide. Le portrait du père de la bombe atomique brossé par Christopher Nolan revendique un milliard de dollars de recettes et a remporté quasiment tous les prix hollywoodiens de la saison.

Si son nom ne sort pas de l'enveloppe dimanche, ce serait la plus grosse surprise depuis 2017, lorsque La La Land avait été annoncé par erreur comme meilleur film, à la place de Moonlight.

"Past Lives - Nos vies d'avant" de Celine Song

Past Lives - Nos vies d'avant est le film le moins susceptible de s'imposer, et pourtant il a ému jusqu'aux larmes le public du festival de Sundance. Réalisé par Celine Song, ce drame raconte l'histoire de deux âmes sœurs coréennes, qui se retrouvent à New York après avoir été séparées pendant de longues années par le tourbillon de la vie. Une puissante réflexion sur le destin et les hasards capables de forger une existence.

"Pauvres créatures" de Yorgos Lanthimos

Ce conte baroque a été sacré à la Mostra de Venise, et joue la carte de l'originalité. Dans Pauvres créatures de Yórgos Lánthimos, on suit Emma Stone dans un rôle de monstre de Frankenstein au féminin. Cadavre ramené à la vie avec un cerveau d'enfant, cette créature à la libido dévorante sillonne l'Europe du XIXe siècle, dans un univers à l'esthétique rétrofuturiste. L'émancipation de cet être sans honte, ni pudeur, se heurte constamment à la misogynie du monde.

Absurde et drôle, cette comédie féministe signe la deuxième collaboration de Yórgos Lánthimos avec Emma Stone, après La Favorite. Elle pourrait lui permettre de remporter un nouvel Oscar de meilleure actrice, après celui obtenu pour La La Land.

"La Zone d'intérêt" de Jonathan Glazer

Ce drame fait ressentir toute l'horreur de l'Holocauste, sans jamais le montrer. Un parti pris fort, avec lequel Jonathan Glazer suit la vie d'une famille de nazis dont le père commande le camp d'Auschwitz. Juste de l'autre côté du mur, ils vivent une existence routinière dans leur villa avec piscine, massifs de fleurs et potager, et restent complètement imperméables aux hurlements derrière les barbelés.

La Zone d'intérêt est un tour de force sur la banalité du mal qui a remporté le Grand Prix du Festival de Cannes. Il est largement pressenti pour l'Oscar du meilleur film international.

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