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"Anatomie d'une chute" de Justine Triet, un grand film de procès lauréat de la Palme d'or à Cannes

Pour la deuxième fois en compétition à Cannes, Justine Triet a remporté la Palme d'or 2023 avec "Anatomie d'une chute" un contrepoint d'"Autopsie d'un meurtre" d'Otto Preminger de 1959.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4min
"Anatomie d'une chute" de Justine Triet (2023). (LES FILMS PELLEAS / LES FILMS DE PIERRE)

Justine Triet a remporté la Palme d'or au dernier Festival de Cannes avec Anatomie d'une chute qui sort mercredi 23 août sur les écrans. Elle devient la troisième réalisatrice à remporter le prestigieux prix, après Jane Campion en 1993 et Julia Ducournau en 2021, dans une sélection cannoise très féminine cette année. Si son titre renvoie au film procès d'Otto Preminger Autopsie d'un meurtre (1959), ce nouvel opus de la réalisatrice en est le talentueux contrepoint.

Écrivaine d’origine allemande, Sandra (Sandra Hüller) vit depuis un an isolée à la montagne avec Samuel (Samuel Theis), enseignant à la fac et leur fils malvoyant de 11 ans, Daniel. Alertée par son fils, elle découvre son compagnon décédé, victime d’une chute du troisième étage de leur chalet. Malgré le doute entre suicide et homicide, elle est inculpée, mais laissée en liberté avec son fils, sous la surveillance d’une employée de justice, Daniel étant nommé comme témoin. Lors du procès, la vie de couple de Sandra et Samuel est disséquée devant la cour.

Justine Triet signe le scénario d’Anatomie d'une chute avec Arthur Harari, par ailleurs acteur et réalisateur, qui avait coécrit les scripts de ses deux films précédents, Victoria en 2016 et Sybil en 2019. Les autres contributions d'Arthur Harari valent d’être citées, comme Le Procès Goldman de Cédric Kahn, ou Onoda (scénariste et réalisateur) très remarqué en 2021. Cette nouvelle collaboration avec Justine Triet est à l’origine d’une dramaturgie parfaitement orchestrée, tout en progression, jusqu’à une résolution qui nous libère de notre interrogation constante sur la culpabilité ou non de Sandra.

Anatomie d’un couple

Cette Anatomie d’une chute pourrait s’appeler Anatomie d’un couple, tant celui de Sandra et Samuel est passé au scalpel devant la cour. Le rôle du procureur accusateur est tenu par un Antoine Reinartz qui semble avoir fait cela toute sa vie, face à un Swann Arlaud, ami avocat de Sandra, qui ménage les atouts de sa défense. L’accusation met en lumière les frustrations de Samuel, et ses reproches tenus à l'égard de sa compagne, lui écrivain en panne, alors qu’elle publie régulièrement. Les infidélités de Sandra sont sources de conflit et justifieraient en partie son acte meurtrier. Le coup de théâtre final tirera le grain de l’ivraie.

Ce qui semble le déroulement attendu d’un procès reconstitué est dynamisé par une écriture qui relance constamment l'action. Justine Triet a également l’intelligence de nous sortir du prétoire, lors de scènes plus intimes qui aèrent le récit, principale différence avec le film d’Otto Preminger où le procès est pratiquement le seul cadre du film. On est tenu de bout en bout par le suspense jusqu'au verdict final, grâce à un scénario ciselé, des comédiens talentueux et une mise en scène dynamique.

Affiche du film "Anatomie d'une chute" de Justine Triet. (DR)

La fiche

Genre : Drame
Réalisatrice : Justine Triet
Acteurs : Sandra Hüller, Antoine Reinartz, Swann Arlaud, Milo Machado Graner, Samuel Theis
Pays : France
Durée : 2h30
Sortie : 23 août 2023
Distributeur : Le Pacte

Synopsis : Sandra, Samuel et leur fils malvoyant de 11 ans, Daniel, vivent depuis un an loin de tout, à la montagne. Un jour, Samuel est retrouvé mort au pied de leur maison. Une enquête pour mort suspecte est ouverte. Sandra est bientôt inculpée malgré le doute : suicide ou homicide ? Un an plus tard, Daniel assiste au procès de sa mère, véritable dissection du couple.

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