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"Oppenheimer": Christopher Nolan signe un film labyrinthique sur le "père de la bombe atomique"

Homme complexe, Robert Oppenheimer, qui dirigea les travaux sur l'arme nucléaire, se voit porté à l’écran dans un biopic sophistiqué.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Cillian Murphy dans "Oppenheimer" de Christopher Nolan (2023). (UNIVERSAL PICTURES All right Reserved)

À l’annonce d’un film de Christopher Nolan sur Robert Oppenheimer, la critique salivait d’avance. Surnommé le "père de la bombe atomique" comme directeur scientifique du projet Manhattan, dont les travaux aboutirent à la bombe atomique en 1945, Oppenheimer a été rongé par la culpabilité d’être à l’origine des 110 000 victimes des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki par les Etats-Unis. Prometteur, Oppenheimer, qui sort mercredi 19 juillet, ne coche toutefois pas toutes les cases.

Sophistiqué et didactique


En avril 1954, alors que sévit la chasse aux communistes aux Etats-Unis, Robert Oppenheimer (Cillian Murphy) est soupçonné d’avoir communiqué à l’URSS les secrets de fabrication de la bombe atomique. Auditionné par un comité de sécurité, il relate les étapes ayant mené à la fabrication de l’arme nucléaire, ses sympathies avec l’idéologie marxiste, et sa vie privée.

Habitué à des scénarios alambiqués, Christopher Nolan s’y adonne à cœur joie dans Oppenheimer. Le personnage historique, lui-même difficile à appréhender et tourmenté, se prête à une telle sophistication. Mais ne voulant pas perdre le spectateur, Nolan s’oblige à être didactique pour expliquer les phénomènes de fusion et de fission à l’origine de la réaction nucléaire, dont le physicien fut un des maîtres d’œuvre. Ajouté au portrait psychologique peu avenant d’Oppenheimer, le risque de perdre le public n’est pas loin.

Atomisé


Christopher Nolan fonctionne par énigmes. Nombre de ses scènes plongent le spectateur au cœur d’une action ou d’un dialogue qui lui échappe et dont il va comprendre très progressivement les tenants et aboutissants. Si le principe a le louable objectif de faire participer au spectacle et non plus à être seulement passif, le procédé en devient systématique, donc répétitif et finalement formel. Nolan s’y emploie toutefois avec l’élégance d’images extrêmement soignées et des acteurs des plus performants (Cillian Murphy, Emily Blunt, Matt Damon, Robert Downey Jr, Kenneth Branagh), au cœur d’une mise en scène ambitieuse.

Mais Christopher Nolan atomise son sujet. S’il touche du doigt la complexité d’Oppenheimer, il a besoin d’une dose de suspense pour retenir l’attention. Il la trouve dans l’audition qui structure le récit : Oppenheimer est-il coupable d’intelligence avec l’ennemi ? Ce n’est toutefois pas ce qui intéresse Nolan, son sujet étant l’homme, sa responsabilité et sa culpabilité. Il passe un peu rapidement sur la justification de Washington de faire exploser deux bombes atomiques pour éviter de faire encore plus de victimes en continuant la guerre contre le Japon. On sait depuis que les Etats-Unis voulaient vérifier grandeur nature l’effet de la bombe. Une atrocité qui passe mal. Aussi à vouloir préserver à la fois la chèvre et le chou, tant dans le sens que la forme, le film en devient déséquilibré, même s’il est traversé de fulgurances.

L'affiche de "Oppenheimer" de Christopher Nolan (2023). (UNIVERSAL INTERNATIONAL PICTURES FRANCE)

La fiche

Genre : Biopic
Réalisateur : Christopher Nolan
Acteurs : Cillian Murphy, Emily Blunt, Matt Damon, Florence Pugh, Robert Downey Jr, Josh Hartnett, Casey Affleck, Rami Malek, Kenneth Branagh
Pays : Etats-Unis
Durée :  3h01
Sortie : 19 juillet 2023
Distributeur : Universal International Pictures France

Synopsis : Le nouveau film de Christopher Nolan sur l’univers palpitant de l‘homme complexe qui a mis en jeu la vie du monde entier pour mieux le sauver.

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