: En images Coupe du monde 2022 : silence des Iraniens, bâillon des Allemands, arc-en-ciel français... Une compétition très politique
Une Coupe du monde très politique. L'événement footballistique, marqué par de nombreuses aberrations humaines, sociales et écologiques, suscite de vives réactions à travers le monde. Il a notamment été marqué par la polémique sur le brassard "One Love", la prise de position des Anglais, qui ont posé un genou à terre avant leur match, mais aussi par le geste fort des Iraniens, qui ont refusé de chanter leur hymne en soutien aux victimes de la répression par le régime. Samedi 10 décembre, la ministre française des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, portait un pull arc-en ciel en tribune pour "exprimer" son "engagement en faveur des droits humains". Franceinfo fait le point sur ce début de Mondial très politique.
Les Allemands se bâillonnent pour critiquer la Fifa
Onze joueurs cachant leur bouche avec la main. L'équipe d'Allemagne a mimé son bâillonnement lors de la photo d'avant-match pour son entrée en lice dans le Mondial, mercredi contre le Japon. Sur Twitter, la fédération allemande de football a explicité leur geste : "Nous voulions utiliser le brassard de notre capitaine pour prendre position en faveur de [nos] valeurs : la diversité et le respect mutuel. (...) Nous priver du brassard est la même chose que nous priver d'une voix". Une réaction à l'interdiction par la fédération internationale de porter le brassard "One Love" ("Un seul amour"). En tribune, assise à côté du patron de la Fifa, Gianni Infantino, la ministre de l'Intérieur allemande, Nancy Faeser, portait ce brassard.
L'Allemagne et six autres sélections européennes (Angleterre, Belgique, Danemark, Pays-Bas, pays de Galles et Suisse) ont annoncé lundi qu'elles renonçaient à faire porter à leur capitaine ce brassard orné d'un cœur arc-en-ciel. Symbole de la lutte contre toutes les discriminations, il prenait au Qatar un sens particulièrement fort en réponse à la criminalisation des relations entre personnes du même sexe dans le pays. Les sept fédérations ont justifié cet abandon de dernière minute par la menace, de la part de la Fifa, de sanctions sportives qui auraient pu prendre la forme d'un carton jaune infligé au joueur portant l'équipement interdit. Plusieurs d'entre elles s'étaient dites prêtes à payer d'éventuelles amendes.
En septembre, huit sélections européennes avaient décidé d'adopter ce brassard durant le Mondial au Qatar. La France y avait finalement renoncé en amont de la compétition, Hugo Lloris justifiant son choix par le "respect" du cadre fixé par la Fifa, et de la "culture" du pays hôte. La fédération internationale, qui avait appelé les joueurs à ne pas se mêler de politique pendant la compétition, a renvoyé les fédérations à un article du règlement de la Coupe du monde qui précise que "seuls les brassards de capitaine fournis par la Fifa sont autorisés".
Les Iraniens boycottent leur hymne
C'est un moment fort du Mondial, un instant qui dépasse le football. A quelques minutes de leur entrée en lice, les 11 joueurs iraniens sont restés impassibles et se sont abstenus de chanter leur hymne national, lundi à Doha (Qatar). Pendant cet hymne, les caméras ont brièvement montré le visage d'une spectatrice d'une cinquantaine d'années, voile blanc sur la tête, le visage baigné de larmes. Sardar Azmoun, star de l'équipe qui avait dénoncé sur les réseaux sociaux la répression dans son pays, s'est également abstenu sur le banc.
Depuis la mort, le 16 septembre, de la jeune Mahsa Amini, arrêtée par la police des mœurs à Téhéran pour ne pas avoir respecté le code vestimentaire strict imposé par la République islamique, les manifestations se multiplient en Iran. Et le refus de chanter l'hymne national est devenu l'un des leviers utilisés par les sportifs iraniens pour manifester leur soutien au mouvement de contestation.
Le 27 septembre, les joueurs iraniens vêtus de grandes parkas noires avaient caché les couleurs de leur pays et refusé de chanter leur hymne lors d'un match amical de préparation à la Coupe du monde disputé en Autriche, contre le Sénégal.
Les joueurs anglais posent un genou à terre
Quelques minutes après le geste fort des Iraniens, leurs adversaires anglais ont eux aussi politisé le sport. Les footballeurs des Three Lions ont posé un genou à terre juste avant le coup d'envoi du match, lundi, pour défendre les droits humains et lutter contre les discriminations. "C'est un geste fort qui va faire le tour du monde, et qui est notamment destiné aux jeunes, pour leur dire que l'inclusivité est très importante", avait expliqué dimanche le sélectionneur anglais, Gareth Southgate.
"On en a discuté et nous sentons que nous devons continuer à défendre ces valeurs, comme nous l'avons fait précédemment", a précisé le sélectionneur. Ce geste des joueurs, pour montrer leur opposition au racisme et aux discriminations, est également effectué à certaines occasions par les clubs de Premier League, dont sont issus une majorité des joueurs anglais.
Le ministre des Sports française s'affiche avec un arc-en-ciel
Un pull très politique. Présente samedi 10 décembre au soir en tribune au Qatar pour le quart de finale de Coupe du monde de l'équipe de France face à l'Angleterre, la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, portait un pull bleu avec les épaules et les manches aux couleurs de l'arc-en-ciel.
Si la Fifa a assuré que drapeaux ou habits aux couleurs de l'arc-en-ciel, symbole des communautés LGBT+, seraient acceptés dans les stades, dans les faits, ils ont été confisqués à plusieurs reprises par les forces de sécurité. Depuis le début du Mondial, plusieurs dirigeants se sont affichés avec ces couleurs dans les stades qatariens.
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