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France-Maroc : ancien bègue, des débuts décevants en bleu... Comment Dayot Upamecano a trouvé la voix pour s’imposer avec les Bleus

Le défenseur central tricolore de 24 ans, qui affrontera le Maroc en demi-finale de la Coupe du monde mercredi, a beaucoup travaillé pour mieux gérer ses émotions et améliorer sa communication sur le terrain.
Article rédigé par Denis Ménétrier, franceinfo: sport - De notre envoyé spécial à Doha
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Dayot Upamecano lors du huitième de finale de la Coupe du monde entre la France et la Pologne au stade Al-Thumama de Doha, le 4 décembre 2022. (SEBASTIAN EL-SAQQA / AFP)

Dans la salle de presse aménagée du stade Jassim ben Hamad de Doha, Dayot Upamecano répond à la question d’un journaliste, les yeux rivés sur le sol. Après quelques secondes, le défenseur de l’équipe de France relève la tête. Un moment anodin dans la vie des Bleus mais qui sont ici les restes d’un garçon timide, ancien bègue qui a "subi beaucoup de moqueries à l’école", comme il le racontait au Parisien il y a un an. 

Ce déficit de confiance, les adversaires de la France qui ont pris les coups de Dayot Upamecano ne l’ont pas ressenti. Loin de là. Depuis le début de la Coupe du monde, le défenseur du Bayern Munich, rapide et solide dans les duels, s’est naturellement imposé aux côtés de Raphaël Varane, qui "s’est tout de suite senti à l’aise avec lui". Après avoir été malade et absent ces deux derniers jours des entraînements de l'équipe de France, Dayot Upamecano va mieux et devrait former une nouvelle fois, avec son vice-capitaine, la charnière centrale contre le Maroc en demi-finale du Mondial, mercredi 14 décembre.

Rien n’était pourtant joué il y a à peine trois mois. Après un mauvais match en septembre au Danemark (0-2), le numéro 18 tricolore semblait avoir dit adieu au Mondial. Alors qu’il est considéré comme l’un des meilleurs défenseurs du championnat d’Allemagne, il n’avait alors jamais vraiment convaincu en équipe de France. Lors de sa première sélection contre la Suède en septembre 2020, Dayot Upamecano avait écopé d'un carton jaune après... deux minutes de jeu. Face à l’Espagne, en finale de la Ligue des nations en octobre 2021, il avait été coupable sur un but après son entrée en jeu.

Upamecano a pris de l'assurance

"Il fait partie des joueurs qui sont un peu plus dans la réserve et il faut leur accorder davantage de temps", a expliqué Didier Deschamps mardi, interrogé sur l’évolution d’Upamecano. Ce dernier, que ce soit en club ou en sélection, a toujours besoin d’un délai supplémentaire pour montrer son réel potentiel et gérer le côté émotionnel. "Dans ma tête, je ne me suis jamais dit que c’était fini. J’ai continué à travailler et j’ai toujours dit que j’allais revenir dans cette équipe de France avec de l’envie", assure le joueur.

Le défenseur profite de la blessure de Presnel Kimpembe pour se glisser dans la liste des Bleus pour le Mondial début novembre. Le sélectionneur annonce d’emblée que lui et Ibrahima Konaté seront les deux candidats au poste d’axial gauche. Lors des premiers jours du rassemblement, Didier Deschamps prend du temps pour discuter avec "Upa". "Il m’a dit que j’avais un rôle à jouer dans cette équipe et que je devais donner de la voix sur le terrain", détaille le défenseur aux 11 sélections.

Pas simple pour un ancien bègue, qui commence par s'y astreindre "à l’entraînement". Avant le rassemblement avec les Bleus, le Munichois a pris des leçons auprès d’un chanteur d’opéra pour parvenir à mieux communiquer avec ses coéquipiers, l'une des clés en défense au plus haut niveau. "Je suis défenseur et si un joueur se trouve au mauvais endroit, je peux lui dire. Je le fais au Bayern donc pourquoi je ne le ferais pas ici ?", se rassure le défenseur.

Les conseils précieux de Desailly

"Dayot avait, je ne vais pas dire un blocage, mais sur le plan émotionnel, quelque chose le freinait dans son expression par rapport à ce que je pouvais observer dans ses matchs avec le Bayern. C’est son mérite et à travers les échanges qu’on a pu avoir, qu’il se sente plus relâché et plus en confiance", confiait Didier Deschamps hier, qui "ne regrette pas d’avoir insisté" avec Upamecano. 

Pour l’instant, le jeune international impressionne pour sa toute première grande compétition avec l’équipe de France. Très bon contre l’Australie, le Danemark et la Pologne, il a simplement connu quelques difficultés pour contenir le remuant Harry Kane contre l’Angleterre. Face au Maroc, le défenseur va découvrir de nouvelles hauteurs avec une demi-finale de Coupe du monde. A nouveau, il lui faudra gérer ses émotions.

"J’essaie de ne pas me mettre de pression", dit celui qui échange beaucoup avec ses coéquipiers les plus expérimentés comme Raphaël Varane et qui a pris des conseils auprès de Marcel Desailly, champion du monde en 1998 et présent à Doha pour le Mondial. Face à des Lions de l’Atlas qui laisseront sûrement le ballon aux Français, Dayot Upamecano pourra faire admirer sa qualité de relance. Sans oublier de recadrer certains de ses coéquipiers quand il le faudra.

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