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Tour de France 2021 : Carapaz, Roglic, Thomas... Qui pour contrarier Tadej Pogacar dans la course au maillot jaune ?

Le tenant du titre slovène repart à l’assaut du Tour de France mais aura de nombreux adversaires.

France Télévisions - Rédaction Sport
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Qui de Richard Carapaz (à g.) ou Primoz Roglic (à dr.) pourra contrarier Tadej Pogacar (au centre) ? (Florian PARISOT / franceinfo: sport / AFP)

Il était arrivé sur le Tour de France 2020 dans le costume du challenger pour sa première participation. Il va aborder l'édition 2021 avec l'habit du grand favori. Tadej Pogacar ne brûle pas les étapes, il les carbonise. Avec huit victoires en 2021 sur ses 29 jours de course, le jeune Slovène de 22 ans est parti sur des bases encore plus impressionnantes que l'an passé en remportant l'UAE Tour, Tirreno-Adriatico, son premier Monument avec Liège-Bastogne-Liège, et enfin son Tour national en Slovénie mi-juin.

C'est donc peu dire que Pogacar s'est montré rassurant à l'aube du Tour de France, confirmant que sa victoire surprise en 2020 n'avait rien d'une anomalie. De quoi en faire le favori numéro 1 de la Grande Boucle, qui s'élance samedi 26 juin de Brest. Mais, qui pourra contrarier le Slovène dans sa quête d'un deuxième maillot jaune ?

Les autres favoris

Primoz Roglic : une revanche à prendre

C'est le premier nom qu'on couche sur le papier pour bousculer "Pogi". Deuxième du dernier Tour de France, le Slovène avait parfaitement rebondi en remportant la Vuelta quelques semaines plus tard. Primoz Roglic (31 ans) n'est pas du genre à ruminer ses défaites et revient sur le Tour pour le gagner, même s'il ne compte pas l'avouer. "Je ne me considère pas comme l'un des favoris. Je ne suis pas le champion en titre. Ce ne sera pas juste moi et Tadej (Pogacar)", déclarait-il le 16 juin à RMC Sport. 

Le Slovène n'a plus pris le départ d'une course depuis Liège-Bastogne-Liège fin avril. Il a fait un stage dans la Sierra Nevada puis à Tignes afin de se préparer au mieux : "Je n'ai pas couru depuis un long moment. Je vais y aller et voir comment ça va se passer". Meurtri par une chute sur la dernière étape de Paris-Nice mi-mars, qui lui avait fait tout perdre (15e du général au final), Roglic s'était bien repris en remportant ensuite le Tour du Pays Basque face à Pogacar, puis en échouant sur les talons de Julian Alaphilippe sur la Flèche Wallonne. Revanchard, on vous dit.

L'avis de Thomas Voeckler : "Primoz Roglic sera fort sur les chronos, mais je pense que l'équipe Ineos est mieux armée et a plus d'expérience que l'année dernière et que la Jumbo-Visma. On sait que Roglic pense aussi aux Jeux olympiques."

Richard Carapaz : la première carte d'Ineos

Révélé en 2019 avec une victoire surprise sur le Giro, Richard Carapaz (28 ans) a depuis confirmé qu'il était parmi les meilleurs en Grand Tour. 13e du dernier Tour de France après avoir roulé pour Egan Bernal (abandon) puis deuxième de la Vuelta en 2020 derrière Roglic, l'Equatorien a gagné ses galons de leader dans l'équipe la plus dense du monde, Ineos-Grenadiers.

Avec Geraint Thomas, Richie Porte et Tao Geoghegan Hart à ses côtés, ce sont autant des alliés que de potentiels rivaux en interne dont il dispose. Comme chaque année, la hiérarchie n'est d'ailleurs pas définie clairement : "la route donnera son verdict", martèle la formation britannique pour brouiller les pistes.

Mais, en remportant le Tour de Suisse, Carapaz a obtenu le succès indispensable pour asseoir son statut après un début d'année compliqué (21e du Tour de Catalogne, 19e au Pays Basque). L'Equatorien continue aussi de progresser en chrono, à l'image de sa quatrième place sur celui du Tour de Suisse (sur un parcours montagneux).

L'avis de Thomas Voeckler : "Le principal outsider pour moi de ce Tour, c'est Richard Carapaz."

Qui succèdera à Primoz Roglic, ici entouré de Richard Carapaz (à g.) et de Hugh Carthy (à dr.) sur le podium de l'édition 2020 de la Vuelta ? (OSCAR DEL POZO / AFP)

Geraint Thomas : au bon souvenir de 2019 ?

Si on se fie uniquement aux résultats, la préparation de Geraint Thomas a tout de celle d'un futur vainqueur du Tour de France. Le Gallois (35 ans) signe un début de saison très solide avec une 3e place sur le Tour de Catalogne fin mars, une victoire en Romandie début mai, et une nouvelle 3e place sur le Dauphiné remporté par son coéquipier Richie Porte, pour qui il s'est mué en équipier.

En 2019, lors de sa victoire sur le Tour, le Gallois arrivait en soutien de Chris Froome, qui avait finalement terminé 3e. Le "Kenyan blanc" avait cédé le leadership face au niveau affiché par Thomas. Richard Carapaz devra-t-il faire de même, lui qui devrait perdre du temps sur les chronos plats face à son coéquipier, bien meilleur sur ce type de parcours ?

L'avis de Thomas Voeckler : "ll faudra surveiller de près Geraint Thomas avec les deux contre-la-montre. Il était un petit peu en-dessous sur le Critérium du Dauphiné, mais je pense que c'était calculé dans sa préparation."

Miguel Angel Lopez : une belle dynamique

Gêné par le Covid-19, Miguel Angel Lopez (27 ans) a connu un début d'année difficile avec sa nouvelle équipe, Movistar. Mais une fois lancé en mai, "Superman" n'a pas fait semblant : une victoire au Tour d'Andalousie, un bon Critérium du Dauphiné (6e) et une victoire facile au Mont Ventoux Dénivelé Challenge début juin, avec presque 2'30 d'avance sur le deuxième, Oscar Rodriguez, dans l'une des montées les plus rapides jamais enregistrées sur le Géant de Provence.

Le Colombien arrive donc lancé sur ce Tour de France, d'autant qu'il semble avoir réglé quelques problèmes sur son point faible : le contre-la-montre. Dans cet exercice, il a très bien limité la casse sur ses rivaux en Romandie (26e) puis sur le Dauphiné (20e).

L'avis de Yoann Offredo : "Je ne le vois pas comme un favori pour le podium, même s’il revient à une forme honorable. Je le vois plus comme un chasseur d’étapes voire le maillot à pois. Il sera dans le top 10, car il fait partie de la quinzaine d’outsiders."

Miguel Angel Lopez (Movistar) lors du dernier Critérium du Dauphiné, le 2 juin 2021. (ALAIN JOCARD / AFP)

Les outsiders

Richie Porte : le troisième homme d'Ineos

Revenu chez Ineos-Grenadiers après son premier podium sur la Grande Boucle (3e en 2020), l'objectif de sa carrière, Richie Porte (36 ans) est là pour aider la formation de Dave Brailsford à remporter un nouveau Tour de France, comme équipier. Mais beaucoup de leaders au départ de Brest n'ont pas le niveau affiché par Porte en 2021. Le natif de Tasmanie a fini soit premier (Dauphiné), soit deuxième (Tours de Catalogne et Romandie) des trois courses par étapes qu'il a disputées.

C'est dire la densité de l'équipe britannique, qui a trois coureurs capables de monter sur le podium final. Vont-ils sacrifier Porte pour tracter le mieux placé du duo Carapaz-Thomas ? Possible, à moins que l'Australien, libéré de toute pression de résultat, ne fasse la différence lui-même.

L'avis de Thomas Voeckler : "L'équipe Ineos est mieux armée et a plus d'expérience que l'année dernière. Ils ne sont pas injouables, mais il faut savoir les faire déjouer, les prendre à leur propre jeu. Quand ils ont gagné le Tour avec Bernal, ils n'étaient pas spécialement sereins à deux jours de l'arrivée. Après, est-ce que l'abondance de bien ne nuit pas ?"

Rigoberto Uran : toujours placé, jamais gagnant

Le Colombien remplit à merveille les critères d'un outsider sur le Tour de France depuis dix ans. En 19 Grands Tours disputés, il a fini huit fois dans le top 10 mais ne compte qu'un seul podium, sur le Tour de France 2017. Bon rouleur, solide grimpeur, endurant à défaut d'être attaquant, Uran (34 ans) reste un coureur fiable.

On devrait encore le retrouver à la lutte pour le top 5 cette année, rassuré par son bon Tour de Suisse : deuxième derrière Carapaz. Uran avait écrasé la concurrence sur le contre-la-montre de l'épreuve helvète, remporté avec 40 secondes de marge sur Julian Alaphilippe.

L'avis de Yoann Offredo : "C’est l’inconnue de ce Tour. Il est souvent là, mais on ne le voit pas. Il a fait quelque chose d’extraordinaire sur le Tour de Suisse en remportant le chrono devant Alaphilippe. C’est un coureur qui court très peu, il est difficile pour ses adversaires de le jauger. Ça peut être une des surprises."

David Gaudu : la chance française

Sans Thibaut Pinot, gêné par des problèmes de dos persistants, et Romain Bardet, le contingent français n'est pas, pour autant, dépourvu d'atouts pour le classement général. Guillaume Martin, Aurélien Paret-Peintre ou Pierre Latour devraient pouvoir se montrer, mais le plus attendu reste David Gaudu (24 ans). Avec un départ tout proche de chez lui, le natif de Landivisiau (Finistère) va découvrir le costume de candidat au classement général, lui qui avait terminé 13e en 2019, au soutien de Pinot.

Sans son leader, le Breton a passé un cap : deux victoires d'étapes et un top 10 pour sa première Vuelta en 2020 et un premier podium sur un Monument, Liège-Bastogne-Liège (3e) en 2021. Seule inquiétude : le retard qu'il risque d'accumuler sur les deux chronos relativement plats du Tour.

L'avis de Yoann Offredo : "Aujourd’hui, la meilleure chance pour un classement général sur le papier, c’est lui. C’est un excellent grimpeur, il va être très motivé avec le départ en Bretagne. Il va vouloir garder ce classement général le plus longtemps possible. Un top 10 est largement jouable pour lui. Seul hic : les deux contre-la-montre, même si un gros travail a été fait là-dessus dans cette équipe. David est en train de pallier cette lacune petit à petit."

David Gaudu (au fond) dans la roue de Geraint Thomas (au premier plan) lors du dernier Critérium du Dauphiné, le 5 juin 2021. (ALAIN JOCARD / AFP)

Les inconnues

La grosse cote de Thomas Voeckler : Wout Van Aert 

Bien sûr, il est très difficile d'imaginer Wout Van Aert ne serait-ce que sur le podium du prochain Tour de France. Ce n'est ni sa mission, ni sans doute son envie. Mais le Belge (26 ans) pourrait être piégé par son talent : il continue de surprendre en haute montagne. Son travail en tête du peloton dans les cols avait marqué en 2020.

En 2021, il a encore étonné en terminant 2e de Tirreno-Adriatico, avec une 9e place sur l'étape-reine, devant des coureurs comme Egan Bernal, Jakob Fuglsang ou Geraint Thomas. Ce genre de performance n'arrive pas par hasard : ses sorties d'entraînement en haute montagne ne cessent de le confirmer. Vingtième en tant qu'équipier (et sprinteur) en 2020, le voir terminer dans le top 15 voire un peu plus haut n'a rien de farfelu en cas de scénario catastrophe pour Primoz Roglic.

L'avis de Thomas Voeckler : "Pour une surprise, je vais dire Wout Van Aert. C'est osé parce qu'il vient pour aider Roglic et jouer le maillot vert. Mais on ne connaît pas ses limites, il est très fort en contre-la-montre et il a été épatant l'an passé en haute montagne. Il est en pleine progression, donc on ne sait pas jusqu'où."

Wout van Aert (à g.) sur le podium de Tirreno-Adriatico 2021 en compagnie de Tadej Pogacar (au centre) et Mikel Landa (à dr.) (- / AFP)

La grosse cote de Yoann Offredo : Julian Alaphilippe 

Lui ne le dira jamais haut et fort, mais Julian Alaphilippe espère sans doute refaire le coup de 2019, avec cette fois le maillot de champion du monde sur les épaules. Il y a deux ans, le Français avait révélé au monde du cyclisme des qualités insoupçonnées en haute montagne, avant de baisser le pied en fin de Tour.

Après une édition 2020 où il s'est désintéressé du général (36e), Alaphilippe cherche à avancer masqué cette année, pour éviter la pression des favoris à la victoire. Pourtant, le parcours ressemble furieusement à un tracé dessiné en partie pour lui : peu de (très) haute montagne, deux contre-la-montre, et une semaine pour les puncheurs.

L'avis de Yoann Offredo : "La surprise, ça peut être Julian Alaphilippe. C’est plus aisé de dire qu’on vise une étape plutôt que le général, mais ce sera un bon client. L’étape du Mont Ventoux nous servira de repère, puis l’étape d’Andorre, que Julian connaît très bien. Ce sont des cols dans sa capacité, et ce ne sont pas les deux contre-la-montre qui lui font peur. Certes, il n’a pas l’équipe ni de grandes références en haute montagne, mais j’y crois. La première semaine est taillée pour lui."

Julian Alaphilippe lors des derniers championnats de France à Epinal. (SEBASTIEN BOZON / AFP)

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