Euro de volley : Lucille Gicquel, la pointue qui trace à pas de géant son chemin chez les Bleues

Issue d'une famille de sportifs, la numéro 11 française n'en finit plus d'enflammer les compteurs avec 18 points inscrits lors de la victoire contre la Roumanie (3-1), en huitièmes de finale, samedi.
France Télévisions - Rédaction Sport
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La Française Lucille Gicquel, lors de l'Euro de volley-ball 2023, en Estonie. (TOMS KALNINS / MAXPPP)

"Elle est grande, elle saute, elle vole !" Lucille Gicquel, la géante française (1,89 m), impressionne depuis le début de l'Euro de volley 2023, co-organisé par l'Estonie, l'Italie, l'Allemagne et la Belgique, où la France a défié, samedi 26 août, la Roumanie en 8es de finale (victoire 3-1 des Bleues avec 18 points de Lucille Gicquel). La taille ne fait pas tout, il y a aussi les gênes : dans sa famille, le sport se transmet de génération en génération. Originaire de Rennes, elle est la fille du détenteur du record de France en salle de saut en hauteur (2,35 m en 1994), Jean-Charles Gicquel, et la petite sœur de la championne de France de saut en hauteur, Solène Gicquel, qualifiée pour la finale des Mondiaux de Budapest 2023, dimance 26 août à 20h05.

"Je ne l'ai entraînée qu'un an à Cannes, elle était jeune [19 ans] mais j'étais déjà impressionné par ses qualités physiques", se rappelle Laurent Tillie, ancien sélectionneur de l'équipe de France masculine (2012-2021). Élevée dans le monde du sport, la pointue, désormais âgée de 25 ans, a fait ses premiers pas à Rennes avant de rejoindre l'Institut fédéral (IFVB basé à Toulouse), puis le Racing Club de Cannes, 21 fois champion de France et double champion d'Europe.

"Elle est grande, élancée, elle saute, elle vole même ! Elle attaque la balle très haut, a un très bon bloc et un très bon service. C'est une joueuse très intéressante."

Laurent Tillie, ex-sélectionneur de l'équipe de France masculine et ancien coach du RC Cannes

à franceinfo: sport

La Bretonne a ensuite atterri en Italie en 2020, le championnat le plus relevé du monde. À peine arrivée au sein du meilleur club, l'Imoco Volley Conegliano (Vénétie), la Bretonne a réalisé le quadruplé : championnat, Ligue des Champions, Coupe et Supercoupe. Une ascension fulgurante qui n'avait rien d'évident au départ, raconte son père Jean-Charles, actuel vice-président de la Ligue de Bretagne d'athlétisme : "Elle a essayé la gym et la danse, mais ces disciplines ne sont pas faciles pour les grands gabarits. Elle s'est tournée vers les sports collectifs, et a commencé par le handball."

À première vue, son profil collait parfaitement, mais la jeune Lucille était atteinte d'une tachycardie (maladie cardiaque) la forçant à changer encore de discipline. "Ma femme a joué au volley à un bon niveau, elle lui a proposé d'essayer et ça a marché. Elle avait 12-13 ans." Un an plus tard, l'adolescente est repérée par un responsable de l'IFVB. "Elle est partie de la maison" et l'histoire a véritablement débuté.

Parents et supporters invétérés

"En tant que parents, on est impliqués, on aimerait qu'elle gagne tout le temps. Nous sommes ses premiers supporters", s'enthousiasme son père. Une réaction classique qu'ils ont rapidement réussi à tempérer : "Etant passé par là, je comprends tout à fait que ce ne soit pas toujours possible. Pour moi, c'est assez anormal d'être au top tout le temps." Une vision que partage Laurent Tillie, père d'un volleyeur international (Kévin) et de deux basketteurs professionnels (Kim et Killian). "Je me suis plutôt concentré sur les notions de plaisir, de travail et d'engagement", explique l'ancien réceptionneur-attaquant, qui a toujours été contre la pression du résultat. Du haut de ses 406 sélections, il a accompagné ses enfants dans leurs carrières : "On essaie de dédramatiser lorsqu'il y a des défaites et de calmer après les victoires, car tout ça est assez aléatoire", glisse-t-il. Avec un tel mentor, les Gicquel étaient à bonne école. Celle de la vie, moins celle des salles de classe.

"Lucille apprend facilement et est très organisée lorsqu'il s'agit du volley. C'est assez amusant parce qu'à l'école, c'était tout l'inverse. Elle n'aimait pas ça."

Jean-Charles Gicquel, père de Lucille Gicquel et ancien sauteur en hauteur

à franceinfo: sport

Jean-Charles aurait aimé que sa fille passe aussi du temps sur les bancs de la Fac. Mais la volleyeuse n'en a jamais été vraiment convaincue. Après avoir obtenu son baccalauréat ES (Economique et social), la jeune Lucille a tenté de suivre une licence Economie et Gestion, puis un BTS Immobilier, mais a finalement jeté l'éponge pour se consacrer uniquement à sa passion. Un pari gagnant puisqu'elle a intégré l'équipe de France en 2017.

À défaut de l'avoir menée vers un double projet, son père lui a transmis les valeurs du sport, notamment "la persévérance." Une éducation sportive que Lucille Gicquel a gardée en elle et qui lui permet d'aborder sereinement chaque défi. "Je suis quelqu'un de positif, qui a la joie de vivre. Mais je sais aussi ce que je veux et où je vais. Je fais mon chemin tranquille", déclarait-elle au journal L'Equipe au moment de devenir une joueuse transalpine. En signant en Italie, elle a rejoint le club très restreint des Françaises ayant évolué en Série A1 : Brigitte Lesage, Karine Salinas, Kinga Maculexwicz et Christina Bauer, l'une de ses coéquipières actuelles à l'Euro 2023.

"Partir à l'étranger l'a fait mûrir. Elle est tout à fait armée pour aller encore plus loin", estime Laurent Tillie. La saison prochaine, elle évoluera en Turquie (Bursa) avant de disputer les Jeux olympiques de Paris. Un sujet qu'elle évoque déjà avec son papa Jean-Charles : "Moi je n'ai pas eu cette chance, mais elle oui, et elle en a conscience."  Le bâton du relais a été transmis. A Lucille, désormais, de voler (très haut) de ses propres ailes.

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