En pleine mer. Après deux semaines de Transat Jacques-Vabre, Thomas Coville répond aux questions des enfants : "La bonne humeur, ça permet d'être performant"
Tous les samedis pendant la transat en double entre Le Havre et Fort-de-France, Thomas Coville, associé à Thomas Rouxel sur "Sodebo Ultim 3", répond aux questions des jeunes sur franceinfo.
Pour cette 15ème édition de la Transat Jacques-Vabre, dont le départ a été donné le 7 novembre dernier, les skippeurs Thomas Coville et Thomas Rouxel naviguent dans la catégorie Ultime.
Après un début de course formidable, dans la nuit du mercredi 10 au jeudi 11 novembre dernier, le bateau a malheureusement heurté un ofni, objet flottant non identifié. Ayant subi un gros choc, les navigateurs ont été contraints de faire une escale technique à Madère. Sodebo Ultim 3 est désormais endommagé (le foil droit est hors de service) mais après une réparation express les deux navigateurs ont quand même décidé de reprendre la mer dès le vendredi 12 au petit matin pour aller jusqu’au bout de la course.
A ce jour, l’arrivée en Martinique est prévue pour les Thomas en fin de semaine. Le bateau qui a franchi la marque de passage au nord de l’archipel brésilien de Trindade et Martin Vaz vendredi après-midi s’attaque désormais à la "remontée" du Brésil. Le foil gauche du bateau étant resté intact et ce passage s’effectuant tribord amure, cela permet heureusement au duo d’exploiter maintenant 100% du potentiel du bateau ! Pour cette chronique "En pleine mer", Thomas Coville répond aux questions d’Alix et Arsène.
Arsène : Bonjour Thomas. Je m'appelle Arsène et j'ai 15 ans. Votre équipe technique vous a rejoint Madère après l'avarie d'il y a quelques jours pour vous permettre de repartir le plus vite possible. De combien de personnes cette équipe est constituée, quel est le rôle de chacun ? Merci beaucoup.
Thomas Coville : Bonjour Arsène, j'ai une équipe incroyable qui travaille avec moi toute l'année pour préparer ce trimaran Sodebo. Le premier auquel je pense, c'est François. François, on l'appelle le "boat captain", c'est le capitaine du bateau. C'est lui qui dit oui, le bateau, il est capable de partir en mer, ou non, on n'est pas en toute sécurité. Et puis, c'est un marin aussi. Donc c'est vraiment un équipier, c'est quelqu'un de très polyvalent.
Yves, c'est notre chef ingénieur qui globalise tous les systèmes et qui a en tête comment les efforts sont transmis dans le bateau. Et c'est lui qui dessine et qui fait les plans avec trois autres personnes pour construire et mettre au point le bateau.
William, c'est lui qui construit le bateau en carbone et il sait tout faire. Il est incroyable et en plus, il a tout le temps sourire. Tout comme Fred.
Fred, lui, c'est dans l'hydraulique et la mécanique. Et lui, c'est vraiment le "Géo Trouvetout", il répare tout avec ses mains et il m'impressionne à chaque fois. Et il est toujours aussi extrêmement calme. Il m'aide très souvent à comprendre aussi comment marchent les systèmes.
Et enfin, le dernier, c'est Jean-Christophe. Lui, c'est le grand patron de l'équipe. C'est lui qui coordonne un peu tout et tout le monde dans le projet. Il donne l’impulsion. Et c'est plus dans l'impulsion que dans l'ordre avec lui. Et c'est un ancien cycliste professionnel, donc il a aussi l'idée de ce que c'est que d'être un sportif, et l'idée, de ce que c'est que la compétition. Et en plus, c'est mon ami.
Les membres de l'équipe qui se sont rendus à Madère cette nuit, accompagnés de Jaime Camacho, commodore du Club Naval do Funchal. Merci pour son aide précieuse sur place ! pic.twitter.com/TNmfVGGcCS
— Sodebo Voile (@Sodebo_Voile) November 12, 2021
Ce sont les cinq qui sont venus m'aider. Deux heures après, ils sont repartis et avec Thomas, on s'est retrouvé de nouveau tous les deux et on a repris la mer. C'était un moment très, très émouvant et très fort de se dire que grâce à eux, on allait pouvoir repartir et continuer cette course pour aller en Martinique.
Alix : Bonjour Thomas Coville, je m'appelle Alix, j'ai 16 ans, je voulais savoir une journée type à bord, comment ça se passe ?
Toutes les journées sont un peu différentes. Pour autant, il y a des routines. Alors nos routines, elles sont tournées autour du réglage du bateau et de ses manœuvres. On fait toutes les manœuvres à deux, Thomas et moi, parce qu'on est évidemment plus efficaces à deux. On décide aussi de tous les changements de voiles à deux, on est très à l'écoute du bateau dans ses moindres bruits. Il faut imaginer que c'est comme une grosse guitare un trimaran comme Sodebo. On écoute beaucoup.
"Le mot le plus important pour nous dans cette transat, c'est d’écouter, écouter le bateau, s'écouter soi et écouter l'autre en face de soi."
Thomas Covillefranceinfo
Avec Thomas on s'entend très bien parce qu'on a cette envie d'être à l'écoute de l'autre. Par contre, quand on ne fait pas les manœuvres, on n'est jamais ensemble. Il y en a un qui dort ou qui mange ou qui fait à manger pour l'autre. Et pendant ce temps-là, l'autre qui barre, le bateau, il le règle et il fait en sorte qu'il aille le plus vite possible au bon endroit, d'utiliser le bateau et de le faire fonctionner au mieux. C'est notre fonctionnement.
Et puis, il y a des moments communs aussi, où quand on change de quart, c'est à dire que quand il va dormir et l'autre qui remonte sur le pont, donc on se remplace, on a des moments où on blague ensemble. On se raconte un peu nos vies, comment on sent les choses.Parfois on rigole, on se marre, on dit des blagues, même dans des moments qui sont difficiles et douloureux. On garde cette bonne humeur parce que la bonne humeur, en fait, ça permet d'être performant.
Retour vers le nord !
— Sodebo Voile (@Sodebo_Voile) November 19, 2021
À 14h40 nos deux Thomas ont enroulé l'archipel de Trindade et Martim Vaz, dorénavant cap au nord et route sur le bon foil . Accélération en vue ! pic.twitter.com/oCrIzWIC8l
J'ai envie de te dire que vivre sur un bateau, c'est un peu comme un tout. Les moments tristes, comme les moments heureux, la nuit, le jour, tout ça, ça fait comme si c'était un tout. Ce n’est pas morcelé, c'est un peu plus global que quand on est à terre. Et ça, ça me plaît beaucoup dans ma vie !.
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