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Tennis : le président de la Fédération française "n'acceptera plus" la combinaison de Serena Williams, qui le défend face aux critiques

Bernard Giudicielli a estimé qu'il fallait "respecter le jeu et l'endroit". La joueuse a désamorcé la polémique après les critiques suscitées par cette décision.

Article rédigé par franceinfo
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Serena Williams lors d'un match du tournoi de Roland-Garros contre Julia Georges, à Paris, le 2 juin 2018. (MUSTAFA YALCIN / ANADOLU AGENCY / AFP)

La combinaison en clin d'œil à Black Panther, très peu pour lui. Le patron de la Fédération française de tennis (FFT) critique, dans un entretien à Tennis Magazine à paraître en septembre, la combinaison noire et rouge portée par Serena Williams lors du dernier tournoi de Roland-Garros. "Je crois qu'on est parfois allé trop loin, estime Bernard Giudicelli, dans un extrait de l'entretien repris par L'Equipe vendredi 24 août. La combinaison de Serena cette année, par exemple, ça ne sera plus accepté. Il faut respecter le jeu et l'endroit. Tout le monde a envie de profiter de cet écrin." 

Une combinaison conçue pour éviter les caillots

Bernard Giudicelli justifie son point de vue par une volonté de défendre la beauté du sport. "Si je fais passer une émotion avec quelque chose qui est beau dans un endroit qui est beau, l'émotion est magnifiée", affirme-t-il. En enfilant cette combinaison noire, Serena Williams n'était toutefois pas uniquement préoccupée par son style : cette tenue, conçue par la marque Nike après deux ans de recherche et de design, permet à la championne américaine d'éviter les caillots sanguins. Depuis 2003, Serena Williams a en effet souffert de plusieurs embolies pulmonaires, dont une a failli lui coûter la vie après la naissance de sa fille Alexis Olympia Junior, le 1er septembre 2017.

J'ai beaucoup porté de pantalons en jouant, parce que cela favorise une meilleure circulation sanguine. C'est une combinaison amusante, qui me permet de jouer sans aucun problème.

Serena Williams

Cette tenue lui donne en outre "l'impression d'être une super-héroïne". "Quand je la porte, je me sens comme une princesse guerrière ou une reine du Wakanda", le pays imaginaire du film Black Panther, a affirmé Serena Williams. "J'ai toujours voulu être une super-héroïne et c'est un peu une manière d'en devenir une."

Le président de la FFT accusé de sexisme

Bernard Giudicelli n'est toutefois pas convaincu par cette combinaison. Souhaite-t-il mettre en place un code vestimentaire, comme c'est le cas au tournoi britannique de Wimbledon (où seul le blanc est autorisé) ? Le président de la FFT ne le dit pas clairement. "Pour 2019, c'est un peu tard car les collections sont déjà dessinées, mais on va quand même demander aux équipementiers de nous les communiquer", indique-t-il néanmoins.

Samedi, Serena Williams a réagi, sous-entendant qu'elle avait discuté du sujet avec Bernard Giudicelli avant ses déclarations : "Je ne sais pas exactement ce qu'il a semblé dire ou n'a pas semblé dire, mais on en a déjà parlé, nous avons une excellente relation". "C'est quelqu'un avec qui il est facile de parler (...) toute mon équipe est française, donc nous avons une relation merveilleuse", a assuré la joueuse, entraînée depuis 2012 par le Français Patrick Mouratoglou.

"Je suis sûre qu'on va parvenir à un accord et que tout sera OK, ce n'est pas quelque chose de grave, tout va bien", a-t-elle noté, avant de s'amuser de l'emballement des réseaux sociaux: "J'y suis habituée, le moindre petit tweet peut devenir viral (...) Il faut vivre avec".

Il faut dire que les critiques avaient plu à l'encontre de Bernard Giudicelli sur les réseaux sociaux. Plusieurs internautes ont accusé le président de la FFT de sexisme, rappelant que les spectateurs de Roland-Garros "venaient pour admirer une grande joueuse et pas reluquer sa tenue""Cette femme est l'une des plus grandes joueuses de l'histoire, elle n'est pas là pour vous montrer son fond de culotte", abonde l'ancienne députée écologiste Sandrine Rousseau.

Nike répond à Bernard Giudicelli

Certaines stars se sont également mobilisées pour défendre la tenue de Serena Williams. "Le besoin des hommes de contrôler les femmes atteint ici un niveau mesquin, a ajouté l'actrice américaine Elizabeth Banks sur Twitter. Serena Williams est la plus grande joueuse de tous les temps. C'est le jeu qui la respecte." Et l'ancien tennisman Andy Rodick d'ajouter : "C'est tellement stupide et irréfléchi que ça fait mal. Parfois, ce serait sympa si le sport sortait de ses mauvaises habitudes."

Même l'équipementier de la championne et designer de la combinaison, Nike, a répondu à Bernard Giudicelli sur Twitter. "Vous pouvez enlever son costume à une super-héroïne, mais vous ne pourrez jamais lui enlever ses superpouvoirs."

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