"Le niveau moyen n'est pas suffisamment haut", regrette Arnaud Clément après l'été compliqué du tennis français

Malgré quelques lueurs d'espoir à Roland-Garros et Wimbledon, le tennis français a fait grise mine aux Jeux olympiques de Paris et à l'US Open, mais aussi en Coupe Davis.
Article rédigé par Sasha Beckermann
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
Ugo Humbert, Caroline Garcia et Arthur Fils. (AFP)

Les grosses échéances s'enchaînent et se ressemblent pour le tennis français. Déjà éliminés de la Coupe Davis après des défaites face à l'Espagne et l'Australie – et une victoire pour sauver l'honneur face à la République tchèque – les Tricolores peinent à sortir la tête de l'eau. Le retour sur la terre battue de Roland-Garros au mois de juillet, pour les Jeux olympiques a tourné au fiasco pour la délégation française : aucun représentant ni représentante en quarts de finale. Le passage à l'US Open n'a pas fait mieux : une seule Française au 3e tour. 

Pour Arnaud Clément, consultant franceinfo: sport, le "niveau moyen n'est pas encore suffisamment haut. Ce n'est pas forcément sur les gros matchs, qu'ils sont aussi capables d'aller chercher, mais plus sur les matchs qu'il ne faut pas perdre, contre les bons joueurs, dans le top 100", détaille l'ancien numéro 10 mondial.

Les mois précédents avaient pourtant mis en lumière le tennis français : Corentin Moutet et Varvara Gracheva en huitièmes de finale à Roland-Garros, Ugo Humbert, Giovanni Mpetshi Perricard et Arthur Fils au même stade à Wimbledon, juste après, la victoire du dernier face à Alexander Zverev en finale de l'ATP 500 de Hambourg. La suite de l'été s'est révélée bien plus brutale.

Un enchaînement de records négatifs

Si les médailles olympiques n'étaient pas vraiment attendues, la statistique est effrayante : aucun des neuf joueurs et joueuses engagés en simple et/ou en double n'a gagné plus d'un match aux Jeux olympiques. Seul Corentin Moutet a atteint le stade des huitièmes de finale à la faveur d'un abandon. Depuis Atlanta en 1996, jamais la France n'avait été éliminée aussi tôt dans la compétition.

"On sous-performe. Mais ce n'est pas parce qu'on n'est pas allé chercher une médaille, c'est parce qu'on n'a pas fait vibrer le public, regrette notre consultant Arnaud Clément. Et quand on regarde les résultats des Français globalement, ils n'ont pas perdu forcément contre des joueurs qui étaient sur le papier meilleurs qu'eux. Est-ce que la préparation a été parfaite ? Est-ce que tout a été calé ? Peut-être qu'on peut se poser la question pour certains." 

Des interrogations qui trouvent écho dans le constat fait par Ivan Ljubicic, responsable du haut niveau des équipes de France : "Avec les Jeux olympiques à la maison, j'imaginais que la préparation allait être un peu plus intensive, avec un peu plus d'intention et de motivation d'essayer vraiment d'arriver ici à 100%", regrettait-il auprès des journalistes. 

Des résultats qui l'ont poussé à proposer sa démission à Gilles Moretton, président de la Fédération française de tennis (FFT). "Les résultats sont catastrophiques. C'est la réalité, il faut absolument prendre ses responsabilités (...). J'ai proposé ma démission parce qu'on n'a pas réussi à préparer les joueurs", assénait-il, le 31 juillet en zone mixte. La FFT lui a réaffirmé, depuis, sa confiance.

Jo-Wilfried Tsonga, désormais à la retraite mais également à la tête d'une académie privée, n'a pas caché sa colère à la suite de ces mauvais résultats : "Aujourd’hui, et même si la fédération ne veut pas l’avouer, il y a clairement un problème. Quand rien ne marche, il faut pourtant se poser les bonnes questions", assénait-il dans une interview à Var-Matin

"C’est un peu facile de dire que ce problème vient de ceux qui étaient en poste avant. Il va bien falloir qu’ils répondent de leurs résultats."

Jo-Wilfried Tsonga

à Var-Matin

La fin de l'été n'a pas été plus prolifique pour les Français. Après l'élimination de Jessika Ponchet, surprise française de cette édition, au troisième tour de l'US Open, la France n'a pas présenté de joueurs ou joueuses en huitièmes à Flushing Meadows, comme en 2021 et 2023. Chez les hommes, aucun Français n'a même atteint cette année le troisième tour, une première depuis 1995.

"Il peut y avoir d'autres explications pour l'US Open, nuance Arnaud Clément. Pour ceux qui allaient se donner pleinement sur la période entre Roland-Garros, Wimbledon puis les Jeux olympiques, on savait que certains allaient le payer par la suite sur la tournée américaine. Physiquement, mais je pense même surtout au niveau psychologique, au niveau de la fatigue mentale accumulée pendant cette période. On l'a vu avec Novak Djokovic et Carlos Alcaraz [éliminés précocement]."

"On attend toujours plus de régularité, plus de progrès", abonde-t-il, plaidant pour que la philosophie change et qu'on laisse plus de temps aux joueurs et joueuses français : "On sait qu'il y a du potentiel. Quand on voit Fils battre Zverev à Hambourg, Humbert gagner Dubaï... Le tennis français est quand même sur une bonne dynamique et je pense que chaque année sera meilleure que la précédente." 

Un peu de positif en Coupe Davis

La Coupe Davis, mi-septembre, n'a pas non plus souri à Arthur Fils, Pierre-Hugues Herbert, Ugo Humbert, Arthur Rinderknech et Edouard Roger-Vasselin. Battus par l'Australie puis l'Espagne, les Bleus ont sauvé l'honneur face à la République tchèque, mais sont éliminés. La France ne s'est jamais qualifiée pour la phase finale depuis 2018 et le nouveau format de la compétition.

Paul-Henri Mathieu, le capitaine de cette équipe de France, a voulu, néanmoins, en tirer du positif, soulignant l'état d'esprit de l'équipe mais aussi la première victoire d'Arthur Fils en Coupe Davis : "Les joueurs ont tout laissé sur le terrain. (...) Il y a énormément de déception et de frustration, mais avec une petite note positive. (...) A nous d'être un peu meilleurs un peu partout", affirmait le capitaine des Bleus en conférence de presse le 15 septembre. Des bases à faire fructifier pour 2025. 

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