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Biathlon : "Impressionnant", "le plus fort", "le gars à battre"... Deux figures du circuit reviennent sur la saison dorée de Quentin Fillon Maillet

Quintuple médaillé aux Jeux de Pékin dont deux fois en or, vainqueur de la Coupe du monde, le biathlète français a connu une saison exceptionnelle.

Article rédigé par franceinfo: sport - Louis Delvinquière
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5 min
Quentin Fillon Maillet soulève son gros globe de cristal sur le stade d'Oslo-Holmenkollen, le 20 mars 2022. (TERJE BENDIKSBY / NTB / AFP)

Il a quasiment tout raflé sur son passage. Quentin Fillon Maillet a connu un hiver fastueux avec deux titres olympiques (cinq médailles) mais surtout le gros globe de cristal et ses deux premiers petits globes. Bref, il ne pouvait presque pas rêver mieux. À force de travail, de persévérance, le Jurassien a concrétisé son ambition de devenir le meilleur. Il en a bluffé plus d'un. Les fans, évidemment, mais aussi certains des plus grands biathlètes... et entraîneurs. Pour franceinfo: sport, Jean-Marc Chabloz, entraîneur de tir suisse des Suédoises, et Siegfried Mazet, actuel entraîneur des biathlètes norvégiens et, avant eux, des Français dont un certain Martin Fourcade, décryptent le sacré hiver de "QFM".

"Ce qu'a fait Quentin, c'est impressionnant ! Il est le plus fort." L'accent suisse bien reconnaissable dans une voix admirative, Jean-Marc Chabloz n'a presque plus de mots pour définir la saison de Quentin Fillon Maillet, meilleur biathlète de l'hiver. Pourtant, l'entraîneur helvète des biathlètes suédoises et du champion du monde Martin Ponsiluoma en a connu des champions. "C'est une performance au top, il est tout en haut de la liste. Et pourtant j'ai vu des [Ole Einar] Bjoerndalen quand même", poursuit Chabloz.

Jean-Marc Chabloz observe ses biathlètes à l'entraînement sur le pas de tir de Zhangjiakou, lors des Jeux olympiques de Pékin, le 4 février 2022. (PONTUS LUNDAHL / TT NYHETSBYRN / AFP)

La comparaison est flatteuse. Le Norvégien est l'autre légende du biathlon avec Martin Fourcade : huit titres olympiques, 20 médailles d'or mondiales, 95 victoires individuelles en coupe du monde, six gros globes de cristal et 19 petits globes. Le Jurassien n'en est pas là, mais réalise une saison de très haut niveau. Siegfried Mazet, actuel entraîneur des biathlètes norvégiens, l'avoue : "Je suis impressionné par la marche qu'il a franchie sur la régularité."

Les pires places du Français sont une 32e sur le sprint d'Östersund au tout début de l'hiver, une 16e sur la poursuite qui suivait et une 20e sur l'individuel d'Antholz-Anterselva. À part ça, la star de Saint-Laurent-en-Grandvaux est toujours entrée dans le top dix. "Gagner est une chose, mais faire en sorte que les résultats creux ne soient pas trop bas, c'est ce qui fait la différence", précise Mazet, qui a eu sous sa houlette deux des plus grands de la dernière décennie : Martin Fourcade et Johannes Thingnes Boe.

De Fillon Maillet à Fillon Parfait

Si Fillon Maillet s'est transformé en Fillon Parfait cet hiver, c'est que le labeur a été dur. Mais ses valeurs intrinsèques traditionnelles l'ont propulsé au sommet. Jean-Marc Chabloz note une en particulier : "Quentin a toujours été un bon tireur. La différence avec les derniers hivers est minime et difficile à expliquer car il y a plusieurs facteurs." 

"Il a eu cette capacité à compenser ses courses où il était moins bien sur les skis par des tirs solides. C'était une des qualités de Martin Fourcade."

Siegfried Mazet, ancien entraîneur de Martin Fourcade

franceinfo: sport

Le leader tricolore a fait tomber 88,57% des cibles sur le dernier exercice avec une meilleure réussite sur ses tirs debout : sa force. Jean-Marc Chabloz a été un observateur privilégié de l'aisance du Français cet hiver, peu importent les conditions : "Quand il arrive sur le pas de tir, il est à 100% qu'il y ait du vent, du soleil, que ce soit sur un individuel ou une poursuite." Et d'ajouter, dithyrambique : "Comme beaucoup d'entraîneurs, je vais regarder ce qu'il fait et m'en inspirer."

L'entraîneur de tir de la Norvège Siegfried Mazet lors du relais hommes d'Östersund (Suède), le 7 décembre 2019. (ALEXANDER VILF / SPUTNIK VIA AFP)

S'il est adroit devant les cibles, le Jurassien s'illustre aussi parfaitement sur la piste. "C'est un bon et beau skieur, décrit l'entraîneur suisse. En plus, il a eu une belle régularité sur les skis cet hiver." En effet. Le quintuple médaillé olympique de Pékin boucle la saison avec le deuxième temps de ski moyen sur toute la saison, derrière Johannes Thingnes Boe, qui a moins couru que le Français.

Siegfried Mazet le résume en un mot : "fiabilité". Il précise : "C'est comparable avec Martin [Fourcade] et Johannes car il a été très régulier. La stabilité au plus haut niveau, ce n'est pas tout le monde qui peut l'avoir." La comparaison, encore une fois, est parlante. En ayant côtoyé deux des meilleurs biahlètes des temps modernes, Quentin Fillon Maillet a pu, comme eux auparavant, s'en inspirer : "Le haut-niveau, c'est la concurrence, entame l'entraîneur des Norvégiens. Si l'on veut être le meilleur, il faut battre le meilleur. Cela a conduit Quentin à battre Johannes qui était le meilleur sur les dernières saisons."

Quentin Fillon Maillet, quatrième de la mass start, salue l'autre grand homme de ces Jeux olympiques de Pékin en biathlon, Johannes Boe, vainqueur de cette ultime épreuve, le 18 février 2022, (Jewel SAMAD / AFP)

Et maintenant, jusqu'où ira Quentin Fillon Maillet ? Jean-Marc Chabloz a sa petite idée : "Il sera le gars à battre dans les années à venir. Quentin est arrivé là, ce n'est pas pour lâcher." Le Jurassien a travaillé, depuis petit, pour ne pas être un simple biathlète, mais le meilleur. Gros globe entre les mains, double champion olympique, comment se remettre dans le bain quand on a tout réussi en un seul hiver ?

Là est l'enjeu selon l'expérimenté Siegfried Mazet : "Il a atteint les sommets, mais le challenge va désormais être de rester à ce niveau physique, mental et se fixer de nouveaux objectifs." Mais le Drômois est convaincu d'une chose : "Je n'ai aucun doute sur le fait qu'il se battra pour un nouveau gros globe. Il attaquera la saison avec le dossard jaune, comme Johannes et Martin auparavant, et ce sera à nous [les Norvégiens], d'aller le chercher." S'il a rejoint Patrice Bailly-Salins, Raphaël Poirée et Martin Fourcade au palmarès des Français vainqueurs du classement général de la Coupe du monde, Quentin Fillon Maillet a encore de belles années devant lui. À 29 ans.

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