Six nations 2024 : faut-il s'inquiéter pour la deuxième ligne des Bleus, amputée de nombreux cadres ?

Meafou, Flament, Taofifenua et Willemse absents, la France va se présenter en Ecosse samedi avec une deuxième ligne inédite, composée de Paul Gabrillagues et Cameron Woki.
Article rédigé par Elio Bono, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Paul Gabrillagues lors du match France-Irlande (17-38), le 2 février 2024 à Marseille. (MANUEL BLONDEAU / AOP / SIPA)

"En deuxième ligne, la compétition est acharnée entre Emmanuel Meafou, Romain Taofifenua, Posolo Tuilagi et Paul Willemse", avançait Fabien Galthié mi-janvier dans le bi-hebdomadaire Midi olympique. Trois semaines plus tard, aucun des quatre hommes cités ne sera titulaire en Ecosse, samedi 10 février, pour la deuxième journée du Tournoi des six nations. L’attelage sera ainsi composé de Paul Gabrillagues, éloigné des Bleus pendant quatre ans mais de retour face à l'Irlande le 2 février (17-38), et de Cameron Woki, qui a débuté sur le banc à Marseille.

Très attendu après sa récente naturalisation, Meafou s’est blessé au genou et devra encore patienter pour découvrir les Bleus. Taofifenua est touché à la jambe, alors que Willemse, exclu contre l’Irlande, est suspendu. Tuilagi est prometteur, mais son inexpérience (19 ans, aucun match de Coupe d’Europe) incite à la prudence. Et l’on n’oublie pas non plus Thibaud Flament, habituel n° 4 déplacé en 5 lors du Mondial, blessé au pied. "Ça fait beaucoup, non ?", en a soupiré William Servat, co-entraîneur de la conquête. Il est même allé jusqu'à évoquer l'hypothèse de faire "monter" d'un cran le troisième ligne centre Grégory Alldritt. Bref, du bricolage.

Le pari Gabrillagues à droite

Les Bleus sont particulièrement décimés au poste stratégique de deuxième ligne droit, censé apporter sa densité dans les ballons portés, aider son pilier droit en mêlée et donner de l’avancée dans le jeu courant. La répartition des rôles en deuxième ligne est en effet claire sous l’ère Galthié : à gauche, un profil longiligne et sauteur en touche (Flament, Woki), et à droite, un déménageur pour fixer les défenses (Willemse, Taofifenua). Du moins, jusqu’à la Coupe du monde.

"Les Français ont prouvé qu’ils pouvaient faire sans un ‘gros’ droitier en mettant Flament [116 kg] en 5 au Mondial" après le forfait de Willemse, analyse Jérôme Thion, ancien deuxième ligne international et consultant pour Canal +. Loin d’être le plus désespérant dans le marasme collectif contre l’Irlande, Gabrillagues occupera le poste à Murrayfield avec ses 115 kg, quand les quatre concurrents cités par Galthié en comptent entre 12 et 34 de plus.

Reste qu’il n’a plus démarré un match à ce poste depuis deux ans au Stade Français. "Mais il a l’expérience et, surtout, Laurent Sempéré [nouveau co-entraîneur des avants et ancien du club parisien] le connaît très bien", appuie Thion. Son relatif déficit de masse n’est pas non plus rédhibitoire. L’Afrique du Sud a ainsi été championne du monde avec Franco Mostert, 111 kg, à droite de la cage.

"Ce n’est pas une question de poids, mais plutôt de gestion, de maîtrise du poste et d’adaptation."

Jérôme Thion, ancien deuxième ligne international

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Si Gabrillagues ne dispose pas de la force de perforation de Meafou ou Taofifenua, il sera relayé par une autre "poutre", en la personne de Posolo Tuilagi. "Il ne faut pas trop lui brûler les ailes, mais il a clairement le profil pour jouer sur les vingt dernières minutes", poursuit Thion. A Marseille face à l’Irlande, le Perpignanais de 19 ans a montré son potentiel sur quelques charges en une demi-heure sur la pelouse. Ses 149 kg, face à des défenses fatiguées en fin de match, en font le finisseur idéal. Cette configuration permet aussi d’équilibrer l’axe droit de la mêlée, puisque devant lui, le pilier remplaçant, Dorian Aldegheri, pèse 20 kg de moins que le colosse Uini Atonio (147 kg).

A gauche de la deuxième ligne, le chantier est moins grand. Relégué sur le banc au nom de la stratégie "d’intensité combattue" voulue par Galthié contre l’Irlande, Cameron Woki fait son retour en 4 à Edimbourg. Le capitaine de touche est attendu dans un secteur où les Bleus ont perdu quatre lancers et n’ont pas réussi à construire à Marseille. "Il peut être un vrai atout et changer la donne", espère Jérôme Thion.

Un chantier à court terme, pas d’inquiétude à l’avenir


Le chantier est donc ouvert. Lorsque les absents seront remis sur pied (peut-être avant la fin du Tournoi pour certains), on peut aisément imaginer Flament et Woki se partager le poste de n° 4 et Meafou, Taofifenua et Tuilagi se relayer à droite, où le vivier demeure fourni.

Exclu pour deux plaquages hauts contre l’Irlande, Willemse a grillé un joker et sera suspendu pour les deux prochains matchs. Ni son âge (31 ans), ni sa fragilité physique, ni la piètre forme de son club (Montpellier, dernier du Top 14) ne jouent en sa faveur. D’autant que la relève arrive fort. Outre Tuilagi, un autre bizuth figure dans la liste des 34 appelés pour le Tournoi : Matthias Halagahu (Toulon). "Ce n’est pas une surprise, confie Galthié. C'est un combattant, un joueur capable de jouer 4 comme 5. Il pourra même annoncer la touche, dans le futur." Qui s’annonce donc plutôt radieux, malgré les difficultés du moment.

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