Coupe du monde de rugby : une fois la défaite digérée, un nouveau cycle radieux attend le XV de France

La défaite des Bleus en quarts de finale du Mondial marque la fin d'une aventure, mais pas d'un cycle. Ils ont trois mois et demi pour se remettre en ordre de marche avant le prochain Tournoi des six nations.
Article rédigé par Elio Bono, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5 min
Les Bleus réunis en cercle avant le quart de finale de Coupe du monde contre l'Afrique du Sud, le 15 octobre 2023. (MILLEREAU PHILIPPE / KMSP)

Elle peut rester quelques jours ou quelques semaines. Elle peut aussi râper leurs palais pour de longs mois, jusqu'à y rester plusieurs années. Certains, comme l'ancien sélectionneur Pierre Berbizier l'a confié au Parisien, la gardent même à vie. Elle, c'est cette sensation amère d'une élimination précoce en Coupe du monde, qui reste en travers des gorges bleues encore marquées par le combat épique face aux Springboks. Les Français s'y voyaient déjà, avaient à peu près tout pour y arriver, mais leur défaite d'un minuscule point (28-29), dimanche 15 octobre, les a privés du bonheur presque absolu.

"Une Coupe du Monde en France, on n’en vivra plus", soupirait dimanche soir le troisième ligne François Cros. "C'est presque comme une phase de deuil, elle va hanter les joueurs pendant quelques semaines", illustre Dimitri Yachvili, consultant pour France Télévisions et passé à un cheveu du titre en 2011 (7-8 contre la Nouvelle-Zélande en finale). Parce que dans la vie comme sur un terrain de rugby, il est plutôt conseillé d'avancer, on peut faire confiance à ces Bleus pour repartir au combat. "On a la chance d'avoir le Tournoi assez vite, on va pouvoir basculer", acquiesçait Grégory Alldritt.

110 jours après le sommet contre l'Afrique du Sud, les Bleus entameront cette campagne par un duel aux allures de thérapie avec l'autre traumatisé des quarts, l'Irlande. Ils n'en sont pas encore au stade du Trèfle, battu aux portes des demies pour la huitième fois en dix tentatives, mais les Français se sont arrêtés en quarts de finale pour la troisième fois d'affilée. Les parallèles avec la débâcle de 2015 et les promesses de 2019 sont limités, à la fois dans le scénario et le contexte, mais la finalité reste la même. "Il ne faut surtout pas tout jeter à la poubelle alors que l'on sort de quatre années exceptionnelles", indique toutefois Yachvili.

Une nouvelle page dans le même chapitre

"Une page se tourne", concédait le talonneur Peato Mauvaka, et il ne faut pas s'attendre à ce que la suivante regorge de rebondissements. Fabien Galthié en reste le narrateur en chef et est le premier sélectionneur à "survivre" à une Coupe du monde depuis Bernard Laporte en 2003. Son staff va en revanche subir des ajustements. Les départs des entraîneurs Laurent Labit (attaque) et Karim Ghezal (touche) au Stade Français et du préparateur physique Thibault Giroud vont être respectivement remplacés par les arrivées de Patrick Arlettaz (ex-Perpignan), Laurent Sempéré (ex-Stade Français) et Nicolas Jeanjean.

Sur le terrain, les mouvements seront plus restreints, puisque seuls deux lieutenants, le pilier droit Uini Atonio et le deuxième ligne Romain Taofifenua, 33 ans au compteur, vont arrêter. Mais, en cumulé, les deux armoires à glace facturent 280 kilos, 3,99 m et 106 sélections, et les remplacer ne sera pas chose aisée.

"Il y a peut-être un peu moins de vivier en pilier droit, mais en deuxième ligne, Emmanuel Meafou va être apte à jouer et a un peu le même profil que Taofifenua", rappelle Yachvili. Aligné dans ce rôle de "pousseur" à droite de l'attelage, Thibaud Flament y a fait bonne figure, alors que Paul Willemse, longtemps titulaire au poste mais blessé pour le Mondial, va sur ses 31 ans.

Quel sort Fabien Galthié réservera-t-il justement à sa poignée de trentenaires ? "Pour moi, la prochaine Coupe du Monde, ce sera compliqué, a lui-même admis Jonathan Danty, 31 ans. Si le XV de France veut travailler sur une période de quatre ans, peut-être que je n’en ferai pas partie." Son profil unique de centre perforateur pourrait le maintenir dans un groupe, que l'on imagine de toute façon mal totalement chamboulé dans trois mois.

"Il faut travailler sur nos points faibles", lâchait dimanche Mauvaka. Dit autrement, les failles dans le jeu seront plus questionnées que le choix des hommes. "Ce n’est pas un chantier, les fondations sont solides mais il va falloir peaufiner les finitions", complète Dimitri Yachvili. Les réceptions des jeux au pied haut, les soutiens offensifs sur les rucks ou la gestion des émotions en fin de match.

La flèche du temps accueillera de nouveaux ovnis

"On va essayer de trouver du positif en disant qu’on a pas mal de joueurs jeunes, une belle génération", feignait de se consoler Matthieu Jalibert dans les coursives du Stade de France dimanche. Une partie des cadres, comme Grégory Alldritt, Antoine Dupont, Romain Ntamack ou Damian Penaud, n'aura pas atteint la trentaine en 2027 et attaquera la Coupe du monde en Australie dans la force de l'âge. 

Et puisque le premier plan quadriennal de Fabien Galthié a été marqué par l'éclosion "d'ovnis" (Thibaud Flament, Melvyn Jaminet, Louis Bielle-Biarrey...), il n'y a pas de raisons pour que le deuxième ne soit pas marqué par d'autres martiens. Il y a cinq ans, Cameron Woki, Romain Ntamack ou Arthur Vincent étaient champions du monde des moins de 20 ans avant de rapidement revenir à Marcoussis avec les grands.

Depuis, deux autres générations ont été sacrées, dont la dernière en juillet dernier (avec une grande marge sur la concurrence), et l'on ne sera pas étonné si Posolo Tuilagi, Lenni Nouchi ou certains de leurs camarades sont capés – et ovnisés – dans les prochains mois. Malgré sa pente légèrement déclinante, la flèche du temps, l'appellation si chère à Fabien Galthié de sa feuille de route, a plus que jamais de beaux jours devant elle.

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