Cet article date de plus d'un an.

Coupe du monde de rugby : comment le piège de l'Afrique du Sud s'est refermé sur le XV de France

Les Springboks avaient visé plusieurs points faibles de l'équipe de France, qu'ils ont réussi à exploiter pour s'imposer, dimanche, en quarts de finale.
Article rédigé par Théo Gicquel, franceinfo: sport - au Stade de France
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Les Bleus prostrés après leur cruelle défaite face à l'Afrique du Sud, dimanche 15 octobre, en quart de finale de la Coupe du monde, au Stade de France. (FRANCK FIFE / AFP)

Le rêve d'un premier titre mondial s'est envolé en quarts de finale pour le XV de France. Les Bleus ont été à la hauteur de l'événement, mais ils ont dû s'incliner d'un petit point face à l'Afrique du Sud, dimanche 15 octobre (28-29). Avec le retour d'Antoine Dupont, très performant notamment en première période, la France a "largement fait jeu égal" selon Fabien Galthié, mais elle n'a pas su se sortir de la nasse imposée par les Sud-Africains, et a fini par poser genou à terre. Voici comment les Springboks ont stoppé le rêve français en quarts de finale du Mondial.

Les chandelles, une stratégie claire qui a fonctionné 

Leur stratégie avait été minutieusement préparée. Les Springboks avaient un plan clair, et parfaitement ciblé en arrivant au Stade de France : multiplier les chandelles longues, souvent sur le côté gauche de la défense française, pour presser le réceptionneur et le pousser à la faute. Sur deux ouvertures, une de Manie Libbok, puis une de Cobus Reinach, les Springboks sont venus perturber la réception tricolore et inscrire deux essais. La première fois, ce ne sont pas deux mais trois Français qui se sont gênés sous la pression de l'ailier Kurt-Lee Arendse. Puis ce fut au tour de Cameron Woki de commettre la faute, dont a profité Damian de Allende sur une séquence similaire dix minutes plus tard.

Douze points encaissés largement évitables pour les Français, et qui ont permis aux Springboks de se relancer dans une première période où ils ont subi. "Ils ont optimisé le jeu au pied haut, qui leur amène deux ou trois temps forts. On l'avait aussi préparé, mais ils ont réussi à être efficaces dessus, comme sur pas mal de choses qu’on avait préparées", a concédé Fabien Galthié en conférence de presse.

L'ouvreur sud-africain Manie Libbok envoie une chandelle, lors du quart de finale de Coupe du monde entre la France et l'Afrique du Sud, le 15 octobre 2023 au Stade de France. (FRANCK FIFE / AFP)

Un combat physique progressivement gagné 

Les hommes de Fabien Galthié étaient préparés à un immense combat physique, mais ils l'ont quand même perdu. La deuxième partie du plan des Sud-Africains consistait à lentement hausser le niveau d'intensité, pour parvenir à faire plier les Bleus. Et c'est exactement ce qu'il s'est passé. Au contact à la mi-temps (22-19), les Springboks ne se sont pas affolés, et ont progressivement éteint les offensives françaises. Résultat : trois essais encaissés en première période, aucun en deuxième. "On connaissait nos ordres et on a réussi à bien les appliquer. On a commencé par s'appuyer sur notre défense, puis on a réussi à monter en puissance. Ça ne se joue qu'à un point, mais on l'a bien fait", s'est félicité le demi de mêlée Cobus Reinach. 

L'entrée des remplaçants a parachevé le travail de sape des Springboks. Alors que les "finisseurs" français ont eu beaucoup de mal à garder le niveau de Cyril Baille, Peato Mauvaka ou Thibaud Flament, les entrants sud-africains ont maintenu l'agressivité des Boks, qui ont fini par être récompensés par l'essai d'Eben Etzebeth à 13 minutes de la fin. "Ils ont fait une grosse différence. La manière dont ils sont rentrés, c’est très spécial", a salué le capitaine Siya Kolisi. "C'était un énorme défi pour nous et c'est tout à l'honneur de l'équipe de s'être accrochée", a renchéri le sélectionneur Jacques Nienaber.

Une volonté de ralentir le jeu dans les rucks

C'est peut-être ce qui a le plus gêné la France dans ses offensives. Si les avants tricolores ont souvent dominé (surtout en première période), la transmission a parfois été compliquée, bien gênée par la volonté permanente des Springboks, peu sanctionnés par l'arbitre dans ce secteur, de ralentir la sortie de balle des rucks (les zones où les joueurs luttent pour la possession du ballon dans la zone plaqueur-plaqué). Antoine Dupont, gêné dans sa relance par son homologue sud-africain sur le troisième essai des Springboks, l'a particulièrement subi. "Ils ont réussi à ralentir les rucks, enrayer notre dynamique, ils ont bien joué. En fin de match, sur notre grande avancée, si le ballon sort beaucoup plus vite, on finit l’action différemment. Il y a pas mal de petits moments où Antoine n'est pas arrivé à transmettre le ballon précisément", a admis Fabien Galthié. 

Alors que le XV de France est réputé pour sa rapidité faire rebondir le jeu et accumuler les enchaînements, notamment grâce à l'activité et aux étincelles d'Antoine Dupont, il s'est souvent retrouvé freiné, notamment en deuxième période. "Ils nous ont embêtés dans toutes les zones de combat, dans tous les rucks. Notre charnière n'a pas eu énormément de ballons propres parce qu'ils mettaient les mains à chaque fois, donc c'était compliqué", a lâché, déçu, Thomas Ramos.

La zone des rucks a été le théâtre d'un énorme affrontement, lors du quart de finale de Coupe du monde entre la France et l'Afrique du Sud, le 15 octobre 2023 au Stade de France. (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)

Un jeu au pied enfin efficace

C'était le point faible des Springboks. Maladroits face aux perches en début de compétition, notamment l'ouvreur Manie Libbok (55% de réussite avant ce match), les Sud-Africains ont tenté de gommer ce défaut en rappelant le très fiable Handré Pollard en cours de compétition. Sur ce quart, les deux ont cumulé un 4/5 au pied. Une précision indispensable dans des matchs aussi disputés, eux qui l'avaient appris à leurs dépens face à l'Irlande en phase de groupes (défaite 8-13 avec un 1/5 au pied).

Leur jeu au pied dans les phases non arrêtées a également bien fonctionné, et ils ont même réussi à gêner un Thomas Ramos jusque-là exceptionnel de précision face aux perches (86% de précision avant ce match). L'arrière français termine avec un bon 5/7 au pied, mais ses deux ratés coûtent sans doute assez cher : une pénalité trop courte de quelques mètres, et surtout une transformation... contrée par le bolide Cheslin Kolbe, qui a mis au supplice tous les défenseurs français dimanche. 

Découvrez nos grilles de mots mystères exclusives sur le thème de la Coupe du monde de Rugby

jouer maintenant

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.