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Coupe du monde de rugby : pourquoi l'hémisphère Sud gagne (presque) toujours à la fin

Pour la première fois de l’histoire du Mondial, quatre nations du Sud se disputent le trophée Webb Ellis.

Article rédigé par Marie-Violette Bernard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6min
Les Néo-Zélandais célèbrent leur victoire en finale de la Coupe du monde de rugby à Auckland (Nouvelle-Zélande), le 23 octobre 2011. (FRANCK FIFE / AFP)

Vous pouvez dire au revoir à la Coupe du monde de rugby. La compétition, qui se dispute actuellement au Royaume-Uni, ressemble à s'y méprendre au Four Nations, le tournoi qui oppose chaque année les grandes nations du Sud. Pour la première fois depuis la création du Mondial, en 1987, aucune équipe de l'hémisphère Nord n'a réussi à se qualifier pour les demi-finales, qui se déroulent samedi 24 et dimanche 25 octobre. L’Afrique du Sud, la Nouvelle-Zélande, l’Argentine et l’Australie vont se disputer les places pour le dernier match de la compétition.

Si les nations du Nord ont, jusqu'ici, toujours figuré parmi les quatre dernières équipes de la compétition, le Sud a pratiquement toujours remporté la Coupe du monde. Seule l’Angleterre a réussi à rapporter le trophée Webb Ellis au nord de l'Equateur, en 2003.

Mais pourquoi le Sud gagne-t-il (presque) systématiquement le Mondial ? Francetv info s’est penché sur la question.

Parce que les équipes nationales passent avant les clubs

Le véritable atout du Sud ? Une organisation radicalement différente, centrée sur les sélections nationales. "Les joueurs sont salariés de leur fédération, ils sont optimisés", rappelle le désormais ex-sélectionneur des Bleus, Philippe Saint-André, cité par Rugbyrama. Résultat : les rugbymen n'enchaînent que 20 à 25 matchs dans l'année. De quoi limiter les blessures et la fatigue qui peuvent desservir les équipes nationales.

Cela permet, en outre, aux joueurs d'évoluer en sélection du début des Four Nations jusqu'à la fin de la tournée d'automne, soit près de quatre mois par an, selon Slate. Les internationaux, plus habitués à jouer ensemble, créent ainsi des automatismes et deviennent plus performants en équipe nationale.

Les nations de l'hémisphère Nord sont, en revanche, moins bien préparées pour les compétitions internationales. Philippe Saint-André n'a ainsi disposé que de huit semaines de préparation avant le début de la Coupe du monde. Difficile dans ces conditions de créer un groupe cohérent, capable de s'imposer face à des nations du Sud.

Parce que les sélections du Sud ont une meilleure technique

Le fossé entre les grandes nations du Nord et celles du Sud ? "C’est surtout un décalage de technique et cela commence très jeune, dès la formation, estime l'ancien international des Bleus, Imanol Harinordoquy, contacté par RugbyramaLes Blacks ne courent pas plus vite, ne sont pas plus puissants : c’est d’abord dans les attitudes et techniquement qu’ils font la différence."

"Il faudra voir dans le temps si la domination du Sud se confirme, mais une chose est sûre, il y a moins de pression [dans les championnats de l’hémisphère Sud] et plus de jeu", confirme l'Argentin Juan Imhoff, interrogé par Rugbyrama

Le jeu, les Australiens et Néo-Zélandais le découvrent dès le plus jeune âge. Ils passent leur temps libre à jouer au "touch rugby" (une forme de rugby très rapide, sans mêlée, touche ni jeu au pied), précise Skysports (en anglais). "Les futures stars du rugby grandissent avec une capacité instinctive pour attraper et passer le ballon, pour trouver les intervalles", indique le site spécialisé.

Conclusion : si les nations du Sud dominent, c'est précisément parce qu'elles ne misent pas uniquement sur la puissance de leurs joueurs, contrairement à ce qu'avait mis en place Philippe Saint-André. Elles privilégient plutôt "la vitesse d'exécution, du jeu dans la défense, des angles de course parfaits, de la réactivité dans les soutiens, de la précision dans les passes", relève Rugbyrama.

Parce que leurs joueurs sont plus endurants

Dernier élément qui joue en faveur des nations du Sud : leur endurance. "Le rugby actuel se fonde sur des séquences de plus en plus longues. Certaines peuvent frôler les deux minutes, cela arrive dix à douze fois par match, expliquait le préparateur du XV de France lors de la précédente Coupe du monde, Julien Deloire, à Libération. Le développement musculaire demeure important, mais le joueur doit être capable de traîner sa carcasse sur la distance aussi souvent que nécessaire."

Le temps de jeu effectif, une fois les arrêts de jeu pour les mêlées, les touches et les pénalités décomptées, atteint de plus en plus souvent les 40 minutes en Top 14, selon le Monde. Mais il a aussi augmenté dans l'hémisphère Sud, où il avoisinait déjà les 40 minutes en moyenne en Super 15 en 2011, relève Slate. Les rugbymen sudistes, plus habitués aux matchs intenses, ont donc moins de difficultés à tenir le rythme lors des rencontres internationales. Un avantage certain lorsque l'on sait que Philippe Saint-André estimait, dans un entretien avec l'Equipe, que les matchs du Mondial 2015 "se disputeraient sur 50 minutes de jeu effectif".

Il suffit d'ailleurs d'observer la débâcle des Français lors du quart de finale contre la Nouvelle-Zélande (62-13). Lorsque les Bleus s'essoufflaient, assommés par les essais des Blacks, et fatigués par les efforts déployés en défense, les Kiwis, eux, continuaient inexorablement d'avancer. On connaît le résultat.

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