XV de France : qui sont les intouchables, les prétendants et les grands perdants de la tournée pour les Bleus ?
Au cours de la tournée de novembre, les Bleus de Fabien Galthié ont réalisé un sans-faute en dominant l’Argentine, la Géorgie et la Nouvelle-Zélande.
Cette tournée automnale promet de donner un sacré mal de tête à Fabien Galthié et ses adjoints. Après les victoires poussives contre l’Argentine et la Géorgie, le XV de France a fini en apothéose samedi 20 novembre en décrochant un exploit majuscule contre les All Blacks (40-25) avec un écart historique contre les hommes en noir.
Au cours de cette tournée, le XV de France est passé d'un rugby de dépossession basé sur une grosse pression défensive, à un contrôle du ballon lors des deux premières rencontres. Sans pour autant faire preuve de maîtrise... Ils ont parfois perdu le fil de la rencontre. Pour l'ultime rencontre, les Français sont revenus à ce qui fait leur force depuis deux ans : plus de jeu au pied et d'alternance (25 coups de pied contre 19 face à la Géorgie et 21 face aux Pumas), et un ballon laissé d'avantage à leurs adversaires pour préseter une défense redoutable.
Au cours de ces trois matchs et particulièrement dans le choc contre les joueurs de Ian Foster, des Bleus ont appuyé leur statut d’indéboulonnables, tandis que d’autres se sont révélés pour postuler à un poste de titulaire en puissance.
Ceux qui ont affirmé leur statut d'intouchables
Cyril Baille - S’il est le premier nom à être couché sur les feuilles de match de par son poste de pilier gauche, Cyril Baille pourrait également l'être pour son statut dans le groupe. Depuis l’arrivée de Fabien Galthié et le Tournoi 2020, le pilier toulousain a été utilisé quatorze fois par le staff, dont une seule fois comme remplaçant. Pas vraiment étonnant car son sélectionneur le considère comme “l’un des meilleurs gauchers au monde”. Aussi précieux dans les tâches ingrates des piliers que dans le jeu courant, le joueur, formé à Lannemezan (Hautes-Pyrénées), fait corps avec le jeu prôné par les Bleus.
Antoine Dupont - Dans la famille des intouchables, je demande le roi. À ce petit-jeu-là, c’est bien le demi-de-mêlée, Antoine Dupont, promu capitaine en l’absence de Charles Ollivon, qui rafle la mise. Avec 15 titularisations en autant de matchs depuis l’arrivée de Fabien Galthié à la tête des Bleus, il est le soldat du sélectionneur. Moins en vue dans un collectif bousculé contre l’Argentine, le Toulousain est resté fidèle à lui-même notamment contre les Blacks.
Romain Ntamack - Décalé au centre pour être associé à Matthieu Jalibert lors des deux premières rencontres, l’ouvreur toulousain a lui aussi été moins en vue dans un collectif d’abord poussif, avant d’offrir quelques séquences intéressantes face à la Géorgie. L’option "Jalimack" ne semble pas totalement barrée. Ceci étant, la performance du Toulousain à l’ouverture face aux Blacks l’installe un peu plus comme patron du poste. La relance "du bout du monde" à la 62e est le tournant du match qui a mené les Bleus vers l’exploit. L'ouvreur taille patron du XV de France est bien là.
Gaël Fickou - Le centre Gaël Fickou, capitaine de la défense, en a profité pour marquer les esprits dans un secteur où les talents s’entassent. Discret en début de tournée, il a crevé l’écran face aux Blacks au côté de Jonathan Danty. Omniprésent dans les duels, juste ballon en main, il a peut-être livré son match le plus abouti en Bleu.
Damian Penaud - L’ailier aux cannes de feu, parfois agaçant par ses oublis défensifs aux plaquages ou dans les airs, n’en reste pas moins un finisseur d’exception et l’une des valeurs sûres de Fabien Galthié (12 titularisations en 13 matchs). Face aux Blacks, il a prouvé qu’il pouvait aussi aller au charbon et mettre l’engagement physique nécessaire dans les grands matchs. Trois essais dans cette tournée dont un sur une brillante interception samedi soir. Personne ne semble pour le moment en mesure d’aller le chercher sur son aile.
Ceux qui peuvent bousculer la hiérarchie
Melvyn Jaminet - Débarqué de Pro D2, l’arrière de l’Usap avait été lancé dans le grand bain lors de la tournée en Australie, où il avait brillé face aux perches et dans le jeu (41 pts). Reconduit comme titulaire alors que son concurrent Brice Dulin était renvoyé chez lui par deux fois, Melvyn Jaminet avait beaucoup à gagner et presque tout autant à perdre face aux Blacks, pour son plus gros test. Attendu dans les airs - secteur clé face aux Blacks - où son ainé brille, le joueur de 22 ans a répondu présent. Avec un 100% face aux poteaux (8/8, 20 points) dans le choc de la tournée, il s’impose non plus comme l’avenir, mais le présent du XV de France à l’arrière. A l'opposé, Brice Dulin, héros du Tournoi, est relégué hors du groupe en novembre.
Jonathan Danty - Lui aussi avait marqué des points en Australie. Cet automne, si le centre rochelais a débuté les deux premiers tests matchs sur le banc pour laisser place au duo Jalibert-Ntamack, il a fait des entrées remarquées qui ont équilibré un collectif bousculé. Par son explosivité et sa puissance, il a apporté une densité physique dans l’axe du terrain qui avait parfois manqué. La paire de centre titulaire qu’il a formée avec Gaël Fickou samedi soir a été cruciale pour faire déjouer les Blacks. Il ne sera pas si facile pour Arthur Vincent et Virimi Vakatawa, absents de la tournée car blessés, de postuler à coup sûr pour une place de titulaire au centre.
Cameron Woki - Dans sa volonté d’apporter de la mobilité à son pack, Fabien Galthié avait fait le pari d’opter pour un deuxième-ligne au profil plus coureur que Bernard Le Roux, l’habituel titulaire. Si c’est d’abord Thibauld Flament qui a porté le maillot flanqué du numéro 4, Cameron Woki a ensuite pris le relai, avec brio.
Peato Mauvaka - Cinq essais en trois matchs. Ces stats dignes d’un ailier sont pourtant à mettre au crédit d’un talonneur. Derrière l’intouchable Julien Marchand, son coéquipier au Stade toulousain, Peato Mauvaka s’est affirmé sur cette série de trois matchs. A l’image de son équipe, le Néo-Calédonien est monté en puissance. D’abord en se montrant comme un très bon finisseur capable d’abattre la bête argentine avec un essai en fin de partie. Puis en suppléant son capitaine à Toulouse, blessé en cours de match face à la Géorgie. Face aux Blacks, Mauvaka a su, une nouvelle fois, élever son niveau de jeu. Outre ses deux essais sur groupés pénétrants, il s’est montré très actif en défense avec dix placages, son meilleur total sous le maillot bleu.
Ceux qui restent coincés sur place
Matthieu Jalibert - Malgré deux titularisations, l’ouvreur bordelais n’a pas vraiment eu l’occasion de s’exprimer pleinement dans un collectif dominateur où ses qualités d’animateur auraient pu briller. S’il a pu offrir un aperçu de sa palette et notamment son talent de franchisseur - en témoigne son essai contre la Géorgie sur un service de Romain Ntamack - la performance de Ntamack contre la Nouvelle-Zélande devrait le cantonner pour le moment à un rôle de "finisseur" de luxe à l’ouverture. Testé à l’arrière en cours de match, il a manqué de repères.
Mohamed Haouas - Il semblait faire partie des meubles, mais il pourrait être l’un des perdants de cette tournée. D’abord annoncé forfait, le pilier montpelliérain était bien titulaire pour le premier match face à l’Argentine. Puis... plus rien. “Joueur supplémentaire” face la Géorgie puis la Nouvelle-Zélande, le pilier droit le plus utilisé depuis deux ans a vu passer devant lui Demba Bamba et Uini Atonio. À propos de ce dernier, Fabien Galthié a indiqué cet automne qu’il était “le titulaire au poste de pilier droit”. Une annonce comme une surprise quand on sait que, en dépit de ses blessures, Atonio n’avait été que peu utilisé par le staff du XV de France. Son retour en grâce fait donc de l’ombre à Momo Haouas et Demba Bamba.
Demba Bamba - Comme depuis ses débuts avec l’équipe de France, Demba Bamba s’est encore contenté d’un rôle de remplaçant. S’il aurait pu espérer briguer un rôle de titulaire derrière Haouas, il a donc subi le retour de Uini Atonio. Toutefois, dans un rôle d’impact player que le staff semble apprécié, Bamba n'a pas déçu. Sa puissance et sa mobilité sont de précieux atouts sur les fins de match. Statu quo donc pour le Lyonnais.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.