Paris 2024 : "Mon statut a changé, maintenant il va falloir répondre présent", assure Léon Marchand qui dévoile ses ambitions

Ce sera l’une des grandes stars des prochains Jeux olympiques à Paris : le nageur Léon Marchand est attendu sur tous les fronts, avec l'espoir d'une moisson de médailles. Installé aux États-Unis, il a répondu aux questions de franceinfo.
Article rédigé par Jérôme Val
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Léon Marchand, médaillé d'or au 200 m 4 nages, le 22 juin 2022, aux championnats du monde à Budapest. (OLI SCARFF / AFP)

Il se fait très discret dans les médias, il ne parle pratiquement jamais : le nageur Léon Marchand a choisi franceinfo, l'AFP et RMC pour s’exprimer à un peu plus de quatre mois de la grande échéance olympique, la plus importante de sa jeune carrière. Le quintuple champion du monde, 21 ans à peine, s’entraîne aux États-Unis, loin de la ferveur en France mais avec un féroce appétit. Ses récentes victoires dans le PAC-12, une importante compétition universitaire qui s’est déroulée début mars, le démontrent.

franceinfo : Vous avez réalisé d’excellentes performances dans cette compétition du PAC-12 avec 6 victoires en 6 courses [3 individuelles et 3 relais]. Et pourtant votre début de saison a été perturbé par une opération des dents de sagesse. Comment avez-vous réagi à l’époque ?

Léon Marchand : Le dur était de se dire que s'il y avait une année pour ne pas tomber malade, c’était bien cette année ! Se faire opérer puis être tout seul, reprendre à zéro tout l'entraînement, c’était vraiment difficile. J’ai forcément pensé au début à cette préparation perturbée en vue des Jeux. Mais je me suis dit que j’avais encore beaucoup de temps avant les Jeux. Je me suis juste remis à nager tranquillement pour travailler sur d'autres trucs, sur ma technique et mon intensité. C'est revenu au fur et à mesure en décembre et ça s'est bien passé. J'étais content, mais novembre ce n'était pas facile du tout.

Ce n’est donc pas vraiment une surprise de vous retrouver à un tel niveau à ce moment-là de la saison malgré ces déboires ?

Non, je sentais que ça revenait. En plus, j'ai eu une bonne surprise avec la partie crawl. J’ai vraiment fait de bons temps, je nage un peu différemment, je prends plus d'eau qu'avant. Je perds moins de d'énergie, je suis plus efficace. Je l'ai vraiment prouvé la semaine dernière.

En plus de la natation, de la préparation olympique, vous avez vos études. Est-ce que vous réussissez à suivre le rythme ?

Franchement ça va. Le dernier semestre n’a pas été facile sur tous les points : à la piscine, à l’école. J'avais beaucoup de classes en fait, j’en avais 6 et ce semestre, j’en ai 4. J'ai réduit mon nombre de classes pour essayer d'avoir un peu plus de temps, me coucher plus tôt le soir, pour essayer de récupérer un peu mieux. Là j'ai un bon équilibre et j'arrive à bien suivre tout ce qui est examen, tout ce qui est devoirs. En ce moment, j’ai une à deux heures de cours par jour, mais les devoirs me prennent 2 heures par jour toute la semaine. C’est lourd parfois. Mais j’ai besoin d’avoir quelque chose à côté de la natation pour ne pas penser qu’à ça.

Avec ce programme très chargé, le fait d’habiter et de s’entraîner aux États-Unis [à Tempe en Arizona], quelle place occupe les Jeux olympiques dans votre tête ?

C'est un peu le but aussi d’être loin. J’aurais pu passer nageur professionnel cette année pour ne faire que de la natation. Mais je n’ai pas voulu. Toutes les compétitions que je fais avec mon université m'occupent l'esprit. Moi je préfère largement être chez moi, préparer mes compétitions avec mes copains, faire des petits challenges, des petits trucs comme ça, je trouve que c'est plus fun. Donc Paris c'est dans la tête forcément, mais ça s'éloigne un peu grâce à toutes ces compétitions.

Est-ce que vous appréhendez votre retour en France [en juin à l’occasion des championnats de France qualificatifs pour les Jeux] ?

Non, je n'ai pas peur de tout ça. Je vais être heureux de rentrer chez moi, de revoir ma famille. Mais aussi de m’entraîner avec Nicolas [Castel, son entraîneur à Toulouse]. Je n’arriverai qu'une seule semaine avant les championnats de France. Je n’ai pas trop d'appréhension mais ce n'est pas facile pour moi.

"Avant, j'arrivais sur une compétition, j'étais un inconnu, je faisais mes petites courses, mes petites finales et je rentrais chez moi. Là, ce n’est plus la même chose."

Léon Marchand

à franceinfo

Au final, vous aimez cette nouvelle notoriété ?

Non. Je préférerais refaire comme avant, en inconnu. Parce que ce que j'aime, c'est vraiment nager vite et m'éclater dans l'eau. Mais bon, c'est quelque chose que je dois assumer maintenant.

Parlons des Jeux olympiques et du programme qui vous attend. Vous avez la possibilité de disputer 4 épreuves en individuel avec notamment les 200 m papillon et le 200 m brasse qui ont lieu le même jour. Qu’avez-vous décidé ?

Ce n’est pas du tout encore décidé. Ça le sera dans longtemps. Avoir un peu plus de temps entre ces deux courses, c’est une opportunité mais ça ne veut pas dire que je vais le faire (rires). Le top, ce serait vraiment de pouvoir faire les deux dans la même journée. Mais il faudrait faire les deux en séries, les deux en demi-finales et donc les finales, ça fait beaucoup d’énergie en un jour et demi. On verra bien mais ce qui est sûr, c’est que je fais le 400 m 4 nages et le 200 m 4 nages.

Le programme des JO a été adapté pour vous permettre de tout faire, avec plus de temps entre les deux finales du 200 m papillon et 200 m brasse (1h10). Ça fait quoi de se dire qu’on a adapté les règles rien que pour vous ?

C’est incroyable qu’ils aient changé le programme. Je pense qu'ils veulent du spectacle, un peu comme les Américains. Ils aimeraient bien que je fasse les deux. Changer tout un programme juste pour un nageur, ça fait un peu bizarre. Mes derniers Jeux olympiques à Tokyo, je finis 6e. Ça montre que mon statut a changé depuis. Maintenant, il va falloir répondre présent.

Mais vous savez quand même que vous serez l’une des stars annoncées de ces Jeux ?

Oui, et je m’y prépare tous les jours. J'ai mon préparateur mental pour gérer l’attente. On prépare tout ce qui va être autour de moi pendant ces 2 semaines qui vont être assez intenses. C'est un nouveau challenge et c'est une chance surtout. J'ai 21 ans, j'arrive à mon pic dans mon sport et les Jeux sont à la maison. Que demander de plus ? Je ne vais pas me plaindre, je vais me préparer au maximum et je vais profiter quand je serai là-bas.

Même de loin, est-ce que vous regardez comment ça se passe en France autour de ces Jeux, avec aussi des polémiques ?

Forcément, je vois des choses passer. En fait, je suis tellement loin que c'est difficile de s'imaginer ce qui se passe en ce moment, comment c'est organisé, comment les gens réagissent à ça.

"J'ai vu qu'il y a quand même beaucoup de points négatifs et aussi beaucoup de points positifs. J’ai aussi vu le village des athlètes, ça a l’air très sympa."

Léon Marchand

à franceinfo

Vous vous êtes mis dans une bulle, vous ne parlez quasiment jamais aux médias. Pourquoi cet isolement ?

J'ai toujours été très centré sur la natation. En plus, cette année, on a reçu tellement de demandes. Depuis janvier, on doit recevoir chaque jour, je ne sais pas, cinq ou dix demandes par mails, que ce soit médias, sponsorings, représentations, événements, ou juste des gens qui veulent les autographes. On a tout de suite compris qu'il fallait vraiment qu'on réduise tout ça parce que ce sont des choses qui m'éloignent de l'entraînement.

Quand on me demande d'aller faire une représentation le samedi matin, c'est un moment où je suis censé m'entraîner, ça ne peut pas marcher. Je n'ai pas vraiment le temps pour tout ça et je préfère passer mon temps à récupérer dans un bain froid, à faire des étirements, aller me coucher tôt. C'est plus facile pour moi, c'est plus confort.

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