Football : Noël Le Graët à la tête de la FFF, une présidence entre réussites sportives et couacs répétés
Cela semblait inéluctable. À l'issue de la réunion du Comex (comité exécutif) de la Fédération française de football, son président Noël Le Graët a annoncé sa démission, mardi 28 février, mettant ainsi fin à plus de 11 ans passés à la tête du football français, depuis son arrivée en juin 2011. Son quatrième mandat, débuté après sa réélection en mars 2021, et qui devait s'achever en 2024, n'ira donc pas à son terme. Mais que restera-t-il concrètement de sa présidence, la plus longue en tant que patron de la FFF depuis Jules Rimet (1919-1942) ?
Des dérapages multiples
On retiendra forcément son image entachée par les nombreuses polémiques que ses propos ont pu susciter ces dernières années. Entre ses minimisations des faits d'homophobie et de racisme dans le football, ses dénégations répétées des questions de respect des droits de l'homme au Qatar, les accusations de harcèlement et de gestion douteuse des dysfonctionnements au sein de la Fédération le visant, le désormais ex-patron de la "3F" a cristallisé les critiques.
"Aujourd'hui je fais un constat de faillite sur cette dimension de représentation avec une parole en roue libre, qui flanche, parfois gravement et de manière répétée", déclarait d'ailleurs la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra à propos des "sorties de routes successives" de l'ancien maire de Guingamp, lors d'une conférence de presse, dimanche 8 janvier. Ce sont finalement ses propos méprisants à l'adresse de Zinédine Zidane sur RMC qui ont définitivement précipité sa chute.
Une présidence portée par les succès des Bleus
Mais alors que Noël Le Graët se distinguait souvent par ses dérapages, il est aussi l'homme qui a remis de l'ordre dans le sport le plus populaire de l'Hexagone. Celui qui a pris les commandes de la Fédération le 18 juin 2011, après avoir été élu face au président par intérim de l'époque Fernand Duchaussoy, est la personne qui a incarné le renouveau du football français, alors largement plombé par le fiasco des Bleus à Knysna (Afrique du Sud) lors du Mondial 2010.
Sous la présidence du Breton, l'équipe de France a brillé. Après une qualification arrachée pour la Coupe du monde 2014 au Brésil, la France a atteint la finale de l'Euro 2016 à domicile, s'est adjugée le titre mondial en Russie deux ans plus tard, s'est même offert le luxe de remporter la Ligue des nations en 2021, avant de passer à un rien de réaliser un doublé historique au Qatar il y a quelques semaines. Des succès qui portent aussi la patte de Noël Le Graët, jamais très loin de la bande de Didier Deschamps.
Ses quatre mandats sont d'ailleurs marqués par sa relation de grande proximité avec le sélectionneur. Prolongé à cinq reprises depuis sa prise de fonction en 2012 pour remplacer Laurent Blanc, le champion du monde 1998 a toujours été soutenu par le dirigeant, qui l'accueille régulièrement chez lui à Guingamp. "Mon président a décidé de me prolonger jusqu'en 2026. Je le remercie pour son soutien permanent et sa confiance maintenue", expliquait d'ailleurs le principal intéressé au moment d'annoncer la reconduction de son bail, le 7 janvier dernier. "DD" s'est toujours vu confier les clés du camion sur le plan sportif, y compris lors des multiples soubresauts dans la gestion du cas Karim Benzema.
Bilan mitigé pour le football féminin
De la même manière du côté de la sélection féminine, Noël Le Graët a toujours défendu sa sélectionneuse Corinne Diacre, maintenue en poste depuis sa nomination en 2017. Le tout, malgré la gestion discutable de son groupe durant le Mondial 2019 et les mises à l'écart des Lyonnaises Amandine Henry et Eugénie Le Sommer en raison de différends personnels.
Mais le bilan de l'équipe de France féminine depuis la prise de fonction de Noël Le Graët est moins flamboyant, avec cinq éliminations successives en quarts de finale de grandes compétitions entre 2013 et 2019 (Euro, Coupe du monde, Jeux olympiques). Au point que la récente demi-finale des Bleues au championnat d'Europe 2022 en Angleterre a suffi à Le Graët pour réitérer sa confiance à Diacre au moins jusqu'en 2024, en dépit des nombreuses critiques sur le jeu proposé par l'équipe.
Par ailleurs, sur le plan décisionnel, celui où Noël Le Graët était tout de même le plus attendu du fait de ses fonctions, il aura permis à la France d'accueillir la Coupe du monde 2019 sur ses terres, et d'en faire un succès populaire. Mais il restera aussi celui dont la fédération – malgré une volonté affichée d'obliger les clubs professionnels masculins à se doter d'une section féminine dès 2011 – n'aura pas franchi le pas de la professionnalisation de la D1 Arkema, réclamée par de nombreuses joueuses. Une professionnalisation qui semble pourtant bien enclenchée dans les pays européens voisins... Si l'identité du successeur du natif de Bourbriac ne sera connue que lors de la prochaine assemblée générale le 10 juin prochain après l'intérim de Philippe Diallo, l'un de ses principaux axes de travail à venir est clairement identifié.
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