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Blessure de Neymar : quelles solutions pour empêcher insultes et menaces envers les sportifs sur les réseaux sociaux ?

Yvann Maçon, le joueur de l'AS Saint-Etienne, a reçu des centaines d'insultes et de menaces après la blessure du Brésilien. 

Article rédigé par Julien Lamotte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Yvann Maçon tacle Neymar lors de Saint-Etienne-PSG, le 28 novembre à Geoffroy-Guichard. (ROMAIN BIARD / ISPORTS)

Cela ressemble à un combat perdu d'avance. A Don Quichotte qui lutte contre des moulins à vent. Comment empêcher des individus, cachés derrière un écran, d'insulter à loisir une personne, en l'occurrence un joueur de football, jugée coupable par contumace d'en avoir blessé un autre ? Cela s'est malheureusement produit dimanche 28 novembre après qu'Yvann Maçon a taclé Neymar lors de Saint-Etienne-Paris Saint-Germain.

Après examen, le Brésilien en aura pour 6 à 8 semaines d'absence. Le n°10  parisien a été touché à la cheville par le Stéphanois sans que sa responsabilité soit évidente. Mais avant même de connaître la durée de son indisponibilité, les réseaux sociaux s'étaient déjà acharnés sur Yvann Maçon. 

Le joueur de l'AS Saint-Etienne, dont le club a immédiatement pris la défense, n'est hélas pas le premier à être voué aux gémonies pour un geste mal maîtrisé, une occasion ratée devant le but ou pour un match perdu. Le cyber harcèlement est en effet un fléau devenu commun sur des médias tels que Twitter, Instagram ou Facebook. 

Le sport, terreau fertile de la haine

Comme le constate Philippe Lafon, le président de l'Union nationale des footballeurs professionnels (UNFP), "ce constat est très triste mais il ne touche pas que le sport. Toutes les strates de la société sont concernées par ce problème". Il n'empêche que le phénomène est amplifié lorsqu'il touche un sujet aussi "inflammable" que le sport.

Il y a peu, la joueuse de tennis Alizé Cornet avait été l'une des premières à briser le silence en publiant, de son propre chef, une sinistre logorrhée d'insultes qu'elle avait reçues après une défaite. Si la Française avait choisi d'en sourire, les dégâts psychologiques causés aux athlètes peuvent pourtant être conséquents. 

Trois ans de prison et 45 000 euros d'amende pour des menaces de mort

Pourtant, des condamnations existent pour ces fautifs, et elles sont très dissuasives. "Cela va jusqu'à 12 000 euros d'amende pour des insultes publiques et 22 500 euros et 6 mois d'emprisonnement si celles-ci sont d'ordre discriminatoire", précise Thierry Granturco, avocat spécialisé dans le droit du sport. Ce dernier fait également le distinguo avec les menaces de mort, "punies de 45 000 euros d'amende et de trois ans de prison". Aussi ferme soit-elle, la législation n'empêche pourtant pas la haine de proliférer sous couvert de pseudonymes... 

"L'UNFP déplore ce genre de comportement", poursuit Philippe Lafon, "et apporte son soutien au club et au joueur. Et nous appuierons ce dernier s'il décide d'intenter une action en justice". Mais, hormis un accompagnement moral ou logistique, certes primordial, que peuvent réellement faire les instances contre ces menaces, aussi violentes qu'anonymes ? D'autant que ces mesures interviennent a posteriori alors qu'il convient avant tout de couper le mal à la racine. 

Interrogée, la Ligue de football professionnel (LFP) a livré les clés de la lutte qu'elle entend mener dans cette guerre digitale. "Face à la multiplication des discours de haine sur les réseaux sociaux, la LFP a pris l’initiative de réunir Facebook puis Twitter dès la saison dernière afin d’entamer une véritable démarche collaborative pour lutter contre les discours de haine en ligne", déclare-t-elle ainsi en préambule.

"Les community-managers des clubs ne doivent plus rien laisser passer  "

Ligue de football professionnel (LFP)

à franceInfo: sport

Car des solutions existent : "Grâce à la conception de deux dispositifs dédiés sur Facebook et Twitter, les clubs ont désormais une solution privilégiée pour signaler les contenus haineux sur ces plateformes. Les community managers des clubs ne doivent plus rien laisser passer et les joueurs doivent leur signaler systématiquement tous ces messages de haine et porter plainte".  

La contextualisation, avenir de la modération ? 

La Ligue sait bien que le chemin à parcourir est encore long avant d'arriver à une relative pacification et regrette encore qu'"à ce jour, les systèmes de modération ou de signalement mis en place restent encore perfectibles et sont trop chronophages". C'est dans cette optique, donc, que l'instance a noué un partenariat avec la société française Bodyguard qui a mis au point un outil de détection et de suppression automatique des propos haineux sur les principales plateformes.

"Là où la recherche traditionnelle laisse passer jusqu'à 60% d'erreurs, Bodyguard a un taux de réussite de 95%" se félicite Frantz Lecomte, responsable sport et musique dans cette société. Basée sur un système totalement novateur, cette technologie permet de "contextualiser" chaque message posté sur les réseaux.

L'algorythme sera ainsi à même d'analyser chaque mot, chaque emoji et surtout il pourra leur restituer leur sens exact afin de les modérer ou non. Cette révolution technique, qui n'en est encore qu'à ses premiers pas, sonne-t-elle le glas du flot de haine déversé quotidiennement sur les réseaux ? 

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