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Real Madrid-PSG : quinze raisons qui peuvent expliquer la débâcle parisienne en Ligue des champions

Le PSG a sombré corps et biens, mercredi, en huitième de finale retour de la Ligue des champions face au Real Madrid. En attendant de trouver des solutions, voici les explications. 

Article rédigé par franceinfo: sport, Elio Bono - Benjamin Mangot
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9min
Marco Verratti atterré après la défaite du PSG face au Real Madrid, en 8es de finale de la Ligue des Champions, le 9 mars 2022. (FRED DUGIT / MAXPPP)

Non, le Paris Saint-Germain n'a pas souffert d'un "manque de réussite". Eliminé par la toute petite porte de la Ligue des champions, mercredi 9 mars à Madrid (1-0, 1-3), le PSG doit maintenant se poser les bonnes questions. Les raisons de la faillite sont, en tout cas, multiples. Pour mieux comprendre comment un navire en apparence si solide peut tanguer de la sorte, voici une liste - non-exhaustive - de quinze carences pouvant expliquer la sortie de route précoce.

1Une faillite mentale préjudiciable

Ce PSG est un colosse aux pieds d’argile : dès qu’une bévue contrecarre les plans initiaux, tout s’effrite. Après le premier but de Benzema, les Parisiens se sont affolés, alors qu’ils restaient virtuellement qualifiés. Cela ne s’est pas arrangé par la suite. Très nerveux, ils ont écopé de deux cartons jaunes à 3-1 (Hakimi et Kimpembé). Aucun supplément d’âme n’a transcendé l’équipe. Un problème mental qui rappelle forcément les éliminations à Barcelone ou contre Manchester United.

2Une Mbappé-dépendance criante

Encore buteur, l'attaquant français a de nouveau porté son équipe. Sollicité dans la profondeur, il a même inscrit deux autres buts, refusés pour hors-jeu. Mais le numéro 7 ne peut pas tout faire. Impliqué sur 12 des 15 buts parisiens en C1, il est indispensable au PSG. Ses 14 réalisations en Ligue 1 le placent un but au-dessus de Neymar, Di Maria, Messi et Icardi réunis ! Paris manque d'alternatives, et cela se voit. A trois mois et demi de la fin du contrat du Bondysien, le problème est urgent.

3Sans avant-centre, c'est plus compliqué...

Si Kylian Mbappé a semblé si seul, c’est aussi car Paris n’a aucun avant-centre de métier en confiance. Mauro Icardi, disparu de la circulation cette saison, n'est même pas sorti du banc. Sans n°9, le PSG se prive de différents aspects du jeu offensif, avec seulement 2 centres contre 23 pour les Madrilènes. 

4... Karim Benzema en est la preuve

17 minutes ont suffi à l’avant-centre madrilène pour éteindre le PSG avec un triplé. Devenant le 3e meilleur buteur de l'histoire de la Maison Blanche, devant le légendaire Alfredo Di Stéfano, Benzema a posé de gros problèmes à la défense parisienne durant toute la rencontre. A l’aise dans le secteur aérien, l’international français n’a pas ménagé ses efforts en multipliant les phases de pressing et les appels tranchants. Et dire qu'il a 34 ans...

5Un mercato remis en cause

Grâce à un recrutement XXL l'été dernier, le PSG semblait presque imbattable sur le papier. Huit mois plus tard, le bilan est décevant et les recrues n'ont pas permis au PSG de passer ce palier attendu. Gêné par des blessures à répétition, Sergio Ramos est quasi-invisible. Titulaire à Liverpool, Georginio Wijnaldum n'est plus qu'un joueur de rotation. Enfin, Lionel Messi a du mal à répondre aux attentes placées en lui. Convaincants en Ligue 1, Hakimi, Mendes et Donnarumma ont été trop inconstants en Ligue des Champions.

6Le problème récurrent des matchs retours à l'extérieur

C’est une constante : dès que le PSG se déplace au match retour, il loupe le coche. Il faut remonter au printemps 2016 pour trouver trace d’une qualification parisienne dans cette configuration. Depuis, Manchester City par deux fois, Barcelone et donc le Real Madrid ont profité des errements loin du Parc des Princes. Gérer l’atmosphère d’un public hostile et passer outre les manques de repères sur la pelouse est un axe d’amélioration majeur. 

7Un banc de touche trop léger

Les entrées en jeu de Gueye, Di Maria et Draxler n’ont pas été de franches réussites. Mais Pochettino pouvait-il faire mieux ? Ses autres options étaient des bizuts à ce niveau (Simons, Michut, Dina Ebimbe) ou des indésirables (Kehrer, Icardi). Certes, Herrera, Ramos et Bernat manquaient à l’appel. Mais le contraste avec la fiabilité et l’expérience du banc madrilène (Marcelo, Camavinga, Rodrygo, Vazquez, Isco, Bale, Hazard, Ceballos…) est saisissant.

8Mais où est la patte Pochettino ?

Quinze mois qu’il est là, et la question subsiste : quel est l’apport de Mauricio Pochettino dans le jeu ? Quelques saillies ponctuelles adoucissent çà et là le constat, mais celui-ci est implacable, Paris n’a aucune identité de jeu. A Madrid, lorsque le navire coulait, les joueurs n’avaient aucune base commune sur laquelle s’appuyer. On a même vu Messi partir seul en dribbles sur le coup d’envoi après le troisième but… Une scène digne d’un jeu vidéo. Et à ce niveau, le plan de jeu consistant à attendre un éclair de Mbappé ne suffit plus.

9Ancelotti, de la trempe des plus grands

A l'inverse, le Real Madrid n’a jamais paniqué, même dans le creux de la vague. Revenu de nulle part, le club merengue a affiché un flegme digne de son entraîneur Carlo Ancelotti. Avec un 4-3-3 classique, l’Italien n’a rien révolutionné. Certains de ses choix, comme la titularisation de Marcos Asensio, sont même discutables. Mais le “Mister” s’est ressaisi après s’être trompé d’approche à l’aller. Et à l’arrivée, son coaching (entrées rapides de Camavinga et Rodrygo) a payé.

10Verratti, seule valeur sûre au milieu

Dans l'entre-jeu parisien, Marco Verratti est le seul joueur qui fait l'unanimité. Face à Madrid, l'Italien a dicté le jeu et imposé son rythme jusqu'à ce qu’il sombre avec son équipe après l'égalisation adverse. Ses acolytes Danilo Pereira et Leandro Paredes ont moins rayonné : à eux deux, ils ont délivré moins de passes que Verratti dans le match. Gueye, entré en jeu, a perdu le ballon sur le troisième but et Wijnaldum n'a pas quitté le banc. Aussi génial soit-il, “Petit Hibou” ne peut pas tout faire.

11Une hiérarchie trop floue chez les gardiens

Le PSG est sans doute le seul grand club à avoir un fonctionnement bicéphale au poste de gardien. Donnarumma, fautif sur le premier but madrilène, n'a disputé que 18 matchs sur 38 possibles depuis le début de la saison. Il est impossible de définir une hiérarchie entre le meilleur joueur de l'Euro 2021 et Keylor Navas. Un manque de stabilité qui peut mettre à mal la confiance des deux portiers, contrairement à Thibaut Courtois, titulaire indiscutable à Madrid.

12Neymar, irremplaçable mais pas indispensable ?

Mercredi, Neymar a disputé les 96 minutes au Bernabéu. Comme à chaque fois ou presque : en 31 titularisations en C1, il n’a été remplacé qu’une fois, contre l’Etoile Rouge en 2018. Il y avait pourtant matière à contester le Brésilien, fautif sur le deuxième but et inexistant défensivement. Las, il fait partie, avec Messi, des inamovibles. Et lorsqu’il est en méforme, c’est un vrai problème pour le PSG.

13Un travail défensif trop léger des joueurs offensifs

Et pourtant, ce n’était pas le match le plus caricatural en la matière. Mbappé a été plutôt appliqué en la matière. Messi a, au moins essayé, mais on ne change pas un joueur de 34 ans d’un claquement de doigts. Le pressing de Neymar a, lui, été absent pour couper les premières lignes de relance. En bref, le tout n’est pas suffisant. Pour passer un cap, Paris ne peut se contenter de défendre à huit ou neuf. Là encore, la comparaison avec l’activité de Benzema est criante.

14Une relance basse en dépit de risques

Plutôt que de jouer long, les Parisiens ont mis un point d'honneur à sortir proprement la balle, même dans leur propre surface. Cela consiste donc parfois à s'appuyer sur le gardien pour construire la relance. Donnarumma a ainsi réalisé 19 passes de plus que Courtois, le gardien du Real. Mais face au gros pressing des Merengue, la stratégie était risquée. Une erreur de Donnarumma a ainsi conduit au premier but madrilène.

15La faute à l'arbitrage ?

Sitôt le coup de sifflet final donné, les dirigeants parisiens n'ont pas manqué de critiquer le corps arbitral. En cause, un contact entre Benzema et Donnarumma sur le premier but, qui aurait pu entraîner une faute. Pour Luca Marelli, ancien arbitre de Serie A, la décision arbitrale semble logique : "ce genre de contacts ne sont pas pris en compte sur la scène internationale", a-t-il déclaré sur Twitter. Et les carences sont telles qu’il est difficile, pour Paris, de se cacher derrière l’homme en noir.

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