"Les paroles, ça fait plus mal que les coups" : dans les clubs de foot, le combat quotidien contre le racisme
L'interruption du match entre le PSG et le Basaksehir Istanbul après des accusations de racisme a remis sur le devant de la scène la question du racisme dans le football. Un travail permanent pour les éducateurs auprès des jeunes dans les clubs.
"On aborde toutes les notions de respect et de politesse. On passe ces messages au quotidien, auprès des jeunes", explique Guillaume, responsable de l'école de foot de Montrouge (Hauts-de-Seine). La réaction des footballeurs du PSG et du Basaksehir Istanbul, mardi soir, qui ont arrêté de jouer après des accusations de racisme visant un arbitre, est dans toutes les têtes des jeunes footballeurs. Bien souvent, les éducateurs des 15 000 clubs français de foot sont en première ligne pour rappeler les règles élémentaires de respect et de tolérance.
"Le racisme est totalement prohibé, que ce soit sur un terrain de foot ou en dehors, poursuit Guillaume, du club francilien. C'est notre rôle éducatif primordial, avant même l'aspect sportif." Car le racisme est toujours présent affirme un jeune joueur : "C'est encore pire. On ne tape pas, mais ça fait mal. Les paroles, ça fait plus mal que des coups, même."
"Maintenant, ça va mieux, mais avant, quand on ne connaissait pas mon prénom, on m'appelait 'le Noir'."
Matteo, un jeune footballeurà franceinfo
"Moi je suis de couleur de peau métisse, je suis considéré comme Noir. Quand j'ai entendu que le mot 'négro' en roumain, avait été prononcé [lors du match PSG-Basaksehir], ça m'a choqué parce que on me l'a déjà dit", confie Matteo, un jeune joueur de l'école de football, qui a lui-même été victime de propos racistes dans son enfance. "Il y a d'autres personnes de mon entourage, des copains, ça les a déjà fait pleurer. Et tout ça aussi, c'est pour blesser, il y en avait certains, c'était pour blesser."
"Un avant et un après" PSG-Basaksehir
L'exemple des joueurs professionnels qui ont devancé les instances – notamment l'UEFA – et décidé de quitter la pelouse du Parc des Princes mardi soir est mis en avant par la ministre des Sports, venue rencontrer ces jeunes : "Vous êtes fiers d'eux parce qu'ils sont intervenus ?", questionne Roxana Maracineanu. "Oui, ils ne se sont pas laissés faire !", répondent les footballeurs en formation. "En tous cas ça vous a fait réfléchir, est-ce que vous en avez parlé entre vous ?", poursuit la ministre. "Cela vaut quand même le coup de réagir dans des cas comme ça."
Selon Roxana Maracineanu, il y aura "un avant et un après" PSG-Basaksehir. Saïd, un père de famille venu accompagner son fils, salue également la prise de conscience de ces joueurs pros, que l'on dit parfois éloigné des réalités : "Là, ils ont vraiment pris leur responsabilité. Même le PSG, qui aurait pu perdre le match sur tapis vert, a quand même fait le geste."
"Lutter tous ensemble contre le racisme"
En septembre 2020, le président de la fédération française de football, Noël Le Graët, déclarait que le racisme n'existait "pas ou peu" dans le football. Mercredi 9 décembre, sa vice-présidente, Brigitte Henriques, tient à préciser que les clubs de foot restent d'excellents lieux pour la lutte contre le racisme : "On va bientôt parler de la loi de renforcement des valeurs républicaines [projet de loi "confortant les principes républicains", présenté mercredi en Conseil des ministres]. S'il y a bien des endroits où on fait ça, c'est dans les clubs, que ce soit les clubs de foot ou tous les autres, pour lutter tous ensemble contre le racisme. Tous les faits discriminatoires doivent être bannis de notre société."
Brigitte Henriques précise que 8 000 clubs sont engagés dans un programme d'éducation fédéral en France, qui concerne 800 000 jeunes éduqués sur les valeurs de respects et de tolérance, dans les clubs mais aussi les ligues régionales.
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