Football : comment Mike Maignan est rapidement passé de successeur d'Hugo Lloris à leader respecté en équipe de France

Malgré le poids de l'héritage laissé par son prédécesseur, le gardien s'est installé sans la moindre contestation. Même s'il ne devrait pas jouer contre l'Allemagne samedi, il est attendu comme l'un des visages forts des Bleus à l'Euro 2024.
Article rédigé par Andréa La Perna, Hortense Leblanc - A Clairefontaine
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
Mike Maignan lors de Pays-Bas-France en éliminatoires pour l'Euro 2024, le 13 octobre 2023, à Amsterdam. (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

Au lendemain du match France-Allemagne, qu'il ne pourra certainement pas disputer, samedi 23 mars, à cause d'une gêne au genou, Mike Maignan fêtera son premier anniversaire en tant que gardien n°1 des Bleus. Il s'apprête à étrenner ce statut pour la première fois en compétition internationale majeure cet été, lors de l'Euro en Allemagne. Son installation s'est passée avec une telle fluidité qu'il est difficile de réaliser que l'équipe de France n'a refermé l'ère Hugo Lloris qu'il y a à peine plus d'un an.

"Tout s'est passé très naturellement parce que Mike est un garçon empreint de simplicité. C'est quelqu'un qui a toujours fait preuve d'empathie et de respect envers les deux dinosaures du poste qu'étaient Hugo et Steve [Mandanda] au sein du groupe France. Mike est arrivé avec bienveillance, avec écoute, avec attention, avec l'ambition qui caractérise tout sportif de haut niveau. Néanmoins avec cette posture juste, adaptée, celle de quelqu'un qui n'arrive pas pour bousculer tout et tout le monde. Mike a récupéré les clés brillamment et très correctement", retrace Franck Raviot, l'entraîneur des gardiens de l'équipe de France depuis le début de l'ère Didier Deschamps.

Un "grand professionnel"

Appelé depuis juin 2019, Mike Maignan a eu le temps d'observer ses aînés avant d'obtenir du temps de jeu en 2022 avec quatre titularisations en amont du Mondial, manqué à cause d'une blessure au mollet. Les retraites internationales de Hugo Lloris et Steve Mandanda annoncées en janvier 2023 lui ont permis de monter en grade. Depuis qu'il est le choix n°1, le gardien de l'AC Milan présente des statistiques impressionnantes : seulement quatre buts encaissés en huit matchs et cinq "clean sheets".

Surtout, il a marqué les esprits d'entrée en arrêtant un penalty pour sa première dans ce nouveau rôle, face aux Pays-Bas (4-0), alors que la douleur de la défaite en finale de la Coupe du monde dans l'exercice des tirs au but était encore vive. Trois jours plus tard, au cours d'un déplacement plus compliqué que prévu en Irlande, son arrêt exceptionnel dans les dernières minutes, permettant aux Bleus de valider leur succès 1-0, a mis tout le monde d'accord. "Mike, c'est Mike", avait alors réagi Didier Deschamps, impressionné, et sous-entendant que son gardien était unique en son genre. 

Franck Raviot, entraîneur des gardiens de l'équipe de France, le 20 mars 2024, en interview à Clairefontaine. (Hortense Leblanc)

"Le très bon, le très grand gardien, est souvent celui qui est peu sollicité mais qui fait le geste, l'arrêt qui vous permet de gagner un ou trois points", insiste Franck Raviot. Ne souhaitant pas se prêter au jeu des comparaisons avec les illustres prédécesseurs de Mike Maignan, l'entraîneur des gardiens décrit un personnage "authentique", "méticuleux", "influent et non-influençable". "C'est un très grand professionnel avec un p majuscule. Il ne laisse rien au hasard, est très exigeant envers lui-même et s'attache au moindre détail", développe Franck Raviot, qui confie ne pas avoir changé d'approche malgré le changement d'ère et la perte des automatismes travaillés avec Lloris et Mandanda pendant près de 12 ans.

Un leader né

"C’est un meneur, un leader. Il a une personnalité importante dans un groupe, je pense que ça plaît à ses coachs en général", a dit de lui son coéquipier et ami depuis les catégories de jeunes au PSG, Adrien Rabiot, en conférence de presse mardi. Plus bavard que le taiseux Lloris, Mike Maignan sait se faire entendre les jours de match. Très expressif dans ses buts, on a pu le voir donner des consignes dans le vestiaire face aux Pays-Bas il y a un an dans une vidéo diffusée par la Fédération française de football. Un comportement pas forcément évident de la part d'un gardien qui venait tout juste de passer titulaire.

Mike Maignan n'est pas un jeune premier. Sa carrière n'était pas toute tracée. Après n'avoir pas eu sa chance au PSG, il s'est battu pendant presque deux ans pour faire son trou à Lille et ensuite rejoindre l'institution AC Milan en 2021. En plus d'être un gardien complet, bon sur sa ligne, avec ses pieds et dans l'exercice des pénalties, il est un joueur expérimenté. Lucas Chevalier, son successeur dans les buts du Losc, a raconté dans un entretien au site internet de la Ligue 1 comment Mike Maignan l'avait pris sous son aile.

"J’ai bossé deux ans avec lui et il a été comme un grand frère pour moi. Il aurait pu ne pas me calculer. Il était attentif à ce que je faisais à chaque séance. Il était très exigeant avec moi et il n'hésitait pas à me gueuler dessus si je ne faisais pas les choses comme il fallait", retraçait le gardien sélectionné avec les Espoirs en octobre dernier. Pour Franck Raviot, Mike Maignan est tout simplement un "exemple à suivre" pour tous les jeunes gardiens, capable de leur faire comprendre que "la réussite n'est jamais le fruit du hasard".

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