Cet article date de plus de trois ans.

Monaco-PSG : stabilité, travail et adaptation... Les bienfaits de la méthode Kovac

De retour sur le devant de la scène, le club du Rocher doit beaucoup à son entraîneur, Niko Kovac, arrivé l'été dernier.

Article rédigé par Andréa La Perna, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Pour sa première saison sur le banc de Monaco, Niko Kovac a su redorer le blason d'un club devenu instable. (FRANCK FIFE / AFP)

En course pour le titre de champion et en finale de la Coupe de France contre le PSG mercredi 19 mai (21h, en direct sur France 2), l'AS Monaco a retrouvé les sommets nationaux grâce en grande partie à un homme : son entraîneur Niko Kovac. Retour sur la renaissance d'une équipe.

>> Monaco-PSG : Suivez la finale de la Coupe de France commentée en direct

"J'ai honte des résultats négatifs. Aujourd'hui nous sommes préoccupés, nous avons besoin de croire que l"équipe est capable de faire tout pour en sortir". Il y a deux ans, quasiment jour pour jour, le temps était franchement maussade sur le Rocher. Rappelé à peine trois mois après son licenciement, Leonardo Jardim n'était pas certain de maintenir l'AS Monaco dans l'élite du football français. L'entraîneur portugais avait finalement réussi à le faire à la dernière journée de la saison de Ligue 1 2017-18.

Deux années de pain noir

Le club champion en 2015-16 et vice-champion de France en 2016-17, s'était fait très peur. Le fiasco Thierry Henry avait donc conduit au retour ubuesque de Leonardo Jardim, lequel était reparti en décembre 2019, remplacé par Robert Moreno. Une pente légèrement ascendante mais pas forcément convaincante avait conclu la saison 2019-20 de l'ASM, à une anonyme 9e place, au milieu des vociférations de clubs s'estimant lésés par l'interruption précoce du championnat.

Mais cette saison, tout a changé dans la Principauté. À une journée de la fin de la Ligue 1, le club monégasque reste mathématiquement candidat au titre de champion de France (trois points de retard sur Lille et deux sur Paris). Surtout, il a l'occasion, mercredi 19 mai de faire tomber le PSG de son piédestal en finale de la Coupe de France. S'il n'a jamais avoué viser les cimes, ou jamais plus haut qu'une place "dans les quatre premiers" du championnat, Niko Kovac est pour beaucoup dans le retour au premier plan de l'ASM.

"Le coach nous a transformés"

Djibril Sidibé

L'Equipe

En quelques mois, le coach croate a fait d'une équipe irrégulière, un monstre de pressing et de cohérence tactique. "En début de saison, quand on perdait le ballon, on pensait que c'était bon, que le but était encore loin, qu'un autre joueur allait le récupérer... Aujourd'hui, quand on fait le récap des matchs à la vidéo, on voit qu'il y a six joueurs qui apparaissent dès la perte. Des fourmis ! On court tellement ! On bosse depuis dix mois, un travail acharné. Le coach nous a transformés", s'est enflammé le défenseur Djibril Sidibé dans les colonnes de L'Equipe début mai.

L'art de changer une équipe qui ne convainc pas

Après un démarrage en douceur, l'ASM a fondu à pleine vitesse vers la tête de la Ligue 1 et peut-être atteint le plus haut pic de performance collectif parmi tous ses concurrents cette saison. Le club du Rocher est devenu le premier depuis 72 ans à débuter une année civile par sept victoires consécutives (depuis Reims en 1949). Il a aussi battu le PSG, lors des deux confrontations en championnat (d'abord 3-2 à Louis II puis 2-0 au Parc des Princes).

Lors du premier de ces deux matchs, Monaco a montré l'une de ses principales forces cette saison : sa capacité de réaction. Lors de sa victoire 3-2 en novembre dernier, le club princier était mené 2-0 à la pause et plus proche d'encaisser le troisième que d'autre chose. Kovac n'avait pas hésité à sortir Willem Geubbels et Fodé Ballo-Touré pour Caio Henrique et Cesc Fabregas avant la deuxième période. Et c'est grâce à une passe décisive et à un but sur penalty du dernier nommé que l'ASM avait renversé la situation.

Niko Kovac est l'entraîneur qui a procédé au plus grand nombre de changements en L1 cette saison, et ça a payé. Son équipe est celle qui a marqué le plus de buts en sortie de banc dans les cinq grands championnats européens. De cette manière, le technicien croate a pu concerner tout un groupe. Au total, seize joueurs de son effectif ont trouvé le chemin des filets dans l'élite. Un joueur comme Wissam Ben Yedder, international français tout juste convoqué pour l'Euro 2021, a accepté de jouer le rôle de joker avec une grande réussite (cinq buts en entrant en jeu).

Croissance contrôlée

Le Croate n'est pas du genre à paniquer. Il aime à dire qu'il "ne ressent pas la pression", comme dans un entretien donné en septembre dernier à Canal+. Il ne conserve, par exemple, aucune amerture de son expérience inachevée avec le Bayern Munich, où il a été débarqué après seulement un an et demi de mandat. "La vérité, c'est que j'ai adoré cette période et surtout grandi en tant qu'entraîneur, en tant qu'homme", développe l'adepte de la remise en question incessante.

Charismatique, assuré et prudent dans sa communication, Kovac a également laissé le temps à ses jeunes pousses de se développer tout en leur confiant des responsabilités. La nouvelle dynamique a été enclenchée quand un dispositif en 4-4-2 a remplacé le 4-3-3 du début de saison. Les principaux bénéficiaires ont été Wissam Ben Yedder et Kevin Volland (38 buts à eux deux en L1), dont l'association symbolise le renouveau monégasque. Mais ce réajustement tactique a également permis à Aurélien Tchouameni et à Youssouf Fofana de changer de dimension au milieu de terrain.

Plus largement, s'il n'est pas l'homme à l'origine de la nouvelle politique de recrutement du club, plus axée sur les talents français, il sera crédité pour le développement des Benoît Badiashile, Sofiane Diop, Axel Disasi et désormais l'éclosion d'Eliot Matazo (né en 2002 et buteur contre Nîmes au début du mois). Encore plus s'il les guide vers le premier titre de leur jeune carrière, au Stade de France.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.