Reportage Esport : les clubs de jeux vidéo ont aussi leurs "ultras", ces supporters qui font les déplacements pour les soutenir

Plusieurs milliers de personnes étaient réunies à Copenhague (Danemark) lors de deux majors de jeux vidéo, durant une semaine. Un stade plein à craquer où les "ultras" français ont donné de la voix. Des supporters qui, comme dans les clubs de football, sont désormais omniprésents.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Les Golden Hornets, groupe de supporters du club d'esport Vitality, le samedi 30 mars à Copenhague pour le Major sur le jeu Counter Strike 2 (Virginie Lindgren / PGL)

C'est une image qu'on a l'habitude de voir lors des matchs de football, un peu partout en Europe. Des supporters, vêtus de maillots et d'écharpes colorés, chantant au bas de l'hôtel des joueurs. Le décor est le même à Copenhague (Danemark) samedi 30 mars, sauf que les fans, en noir et jaune, sont venus encourager la Team Vitality, le club qui possède le plus gros palmarès de l'esport français. 

"On est venus avec beaucoup de matos. On a des très grands drapeaux, des magnifiques écharpes.
Ça rend bien, il y a du jaune et du noir partout. C'est exactement ce qu'on voulait", décrit Marvin, trésorier des Golden Hornets, association de supporters du club. Une association qui comprend 400 adhérents. Une soixantaine ont fait le déplacement jusqu'à la capitale danoise, déboursant un peu plus de 700 euros pour cinq jours. "On fait un package avec le moyen de transport, l'hébergement et des places pour l'évenement", poursuit Marvin. 

"On veut jouer sur scène pour vivre ces moments"

Samedi soir, la Royal Arena (15 000 places) de Copenhague est pleine à craquer. La plus grande salle de la ville, plus habituée au hockey sur glace, vibre pour les spécialistes du jeu de tir Counter Strike. Deux équipes de cinq joueurs sont sur scène, derrière leur ordinateur. La partie est diffusée sur des écrans géants au coeur de l'arène. 

La Royal Arena de Copenhague au Danemark, le samedi 30 mars 2024, pour un major sur le jeu Counter strike (Jules de Kiss / RADIO FRANCE)

Dans le kop des supporters, alors que Vitality joue les demi-finales, il y a des banderoles, des tambours... et des chants inspirés du football. "Ça peut aller des chants de supporter en Angleterre, du PSG jusqu'à Marseille. On va récupérer l'air et s'approprier les paroles", décrit Maël. Suffisant pour atteindre les oreilles des joueurs, malgré leur casque sur les oreilles ? "Si tout le monde crie, oui, affirme 'ZywOo' Herbaut, joueur star de Counter strike, sur scène ce week-end. Tout le soutien émotionnel qu'on peut avoir... C'est ce qu'on recherche maintenant. On veut jouer sur scène pour vivre ces moments."

Des joueurs qui vivent pour la scène et des entraîneurs qui doivent accompagner des champions parfois très jeunes. "Ce sont les moments les plus importants de leur carrière. Donc un joueur ne sera pas dans sa zone de confort. Ça rajoute de la pression et il faut savoir la gérer", analyse Victor 'Ferra' Francal, qui supervise l'équipe Rocket League du club français Karmine Corp. Pour les accompagner, comme pour tout sportif de haut niveau, il existe désormais des préparateurs mentaux dans l'encadrement des équipes. 

"Notre plus grande force, c'est la communauté de fans qu'on a"

Ces stades remplis à ras bord, sont aussi le fruit d'un gros travail réalisé pour rendre les épreuves spectaculaires. "Tu vas voir un match de foot c'est toujours la même chose. Tu vas voir un match de tennis, c'est toujours la même chose. Il ne faut pas que ce soit le cas pour l'esport, parce qu'on a la chance d'avoir les écrans. On peut faire beaucoup d'happenings", illustre Frédéric Gau, président de Gozulting qui organise et produit des événements dans l'esport depuis plus de dix ans. 

"Quand on a fait Bercy, on a réfléchi à comment utiliser la salle pour les gens sur place. Pour qu'ils se disent 'moi j'y étais, et c'était mieux que pour les gens sur internet'. Pour nous, les personnes qui sont dans la salle doivent faire partie du show. Tu peux mettre des caméras, mettre des grues pour voir les supporters."

Frédéric Gau, président de Gozulting

à franceinfo

Au-delà des organisateurs d'événements, ce sont les clubs eux-mêmes qui comprennent bien l'importance de ces groupes de supporters. "Notre plus grande force c'est la communauté de fans qu'on a. Quand tu viens toquer à la porte de Karmine Corp, tu viens aussi pour les fans, parce qu'ils sont très engagés", développe Margot Le Roux, en charge de l'événementiel et de la relation avec les supporters pour le club.

Les 1 200 ultras que compte le "Blue Wall", sont un argument de marque, pour attirer les sponsors. Récemment, une banque a sorti une carte "Karmine" à leur effigie. "Je peux vous assurer qu'il y a des fans qui ont ouvert un compte chez eux juste pour avoir la carte", raconte Margot Le Roux.

Alors, où s'arrêtera l'esport ? L'an dernier, la Karmine Corp a rempli la Défense Arena de Paris, écoulant les 30 000 places en seulement quelques heures. Un stade en appelant un autre, Margot Le Roux rêve désormais du Stade de France (82 000 places). "Ça reste un rêve et on pense de plus en plus qu'on pourra réussir à le faire un jour", sourit Margot Le Roux.

En attendant, d'ici la fin de l'année, la Karmine Corp s'installera aux Arènes, à Évry Courcouronnes, près de Paris et deviendra le premier club résident de sa propre salle en Europe... Comme un club de football. 

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