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Giro 2023 : Primoz Roglic peut-il empêcher le sacre attendu de Remco Evenepoel ?

Les deux hommes avaient offert un duel épique lors de la dernière Vuelta, remportée par Remco Evenepoel. Mais Primoz Roglic revient plus fort sur ce Giro 2023.
France Télévisions - Rédaction Sport
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Primoz Roglic, sous ses anciennes couleurs de la Jumbo Visma, et Remco Evenepoel au coude à coude lors de la première étape du Tour de Catalogne, le 20 mars 2023. (JOSEP LAGO / AFP)

La hiérarchie s'est inversée. En septembre dernier, à l'heure d'évoquer leur duel à l'aube du Tour d'Espagne, Primoz Roglic était le favori, et Remco Evenepoel l'outsider. C'était avant que le Belge ne batte le Slovène à tous les niveaux sur la Vuelta, qu'il a remportée largement, alors que Roglic avait dû abandonner au soir de la 16e étape, lui laissant le trône après trois sacres de suite.

Sept mois plus tard, les deux hommes se retrouvent pour chasser un autre Grand Tour : le Tour d'Italie. Sur les routes transalpines, Primoz Roglic et Remco Evenepoel viseront tous les deux leur premier Giro, dans une revanche qui fait saliver le monde du cyclisme. D'autant plus que lors du Tour de Catalogne en mars, remporté par Roglic pour six secondes devant Evenepoel, les deux hommes se sont rendus coup pour coup. 

La pression a changé de camp

Irrésistible depuis son triomphe sur la Vuelta, Remco Evenepoel n'est pas redescendu de son nuage depuis septembre. Entre temps, il a remporté les championnats du monde, l'UAE Tour, et vient de lever les bras en solitaire sur Liège-Bastogne-Liège. En dehors de la deuxième place en Catalogne derrière Primoz Roglic, tout sourit donc au "nouveau Cannibale", présenté comme le grand favori du Giro, qu'il avait découvert en 2021 (abandon à la 18e étape) pour sa reprise après sa terrible chute sur le Tour de Lombardie. "Mon niveau aujourd'hui par rapport à celui que j'avais en 2021 est incomparable. Je suis devenu un autre coureur. À l'époque, j'avais cinq semaines de préparation dans les jambes, là ça fait cinq mois que je m'entraîne en vue de cet objectif. Et je me sens meilleur qu'avant la Vuelta", a insisté en conférence de presse jeudi le Belge, qui arrive "avec beaucoup de confiance" sur le Giro.

Mais il a tout intérêt à se méfier de Primoz Roglic, même si ce dernier va devoir composer avec plusieurs défections au sein de son équipe, à cause du Covid-19 (Foss, Gesink, Van Emden). "Le grand bazar a commencé, a commenté Primoz Roglic. C'est sûr que ce n'est pas la meilleure chose qui puisse arriver, mais nous ferons avec. Nous trouverons des solutions et nous irons avec les gars qui sont là. Nous avons pleinement confiance en eux, ce sont mes coéquipiers et mon état de santé reste le même."

Avec une équipe affaiblie et remaniée en dernière minute, Jumbo-Visma ne pourra pas compter sur sa force collective habituelle, mais Primoz Roglic aborde ce Giro avec un vent de nouveautés. Pour une fois, le Slovène n'est pas le grand favori de l'épreuve, un statut qui ne lui a pas toujours réussi par le passé, notamment lors de l'édition 2019 où il avait dû rendre les armes (3e) face à Richard Carapaz. Ce rôle d'outsider pourrait lui enlever une certaine pression, tout comme l'avantage psychologique pris sur Evenepoel lors du Tour de Catalogne. "Comme le bon vin, plus je vieillis, meilleur je suis. C'est souvent la troisième semaine la plus dure et ça a encore l'air d'être le cas cette fois. C'est là où j'aimerais avoir les meilleures jambes, c'est évident", a souligné le Slovène jeudi en visioconférence de presse.

À l'inverse, le champion du monde belge arrive pour la première fois sur un Grand Tour avec la pancarte de favori dans le dos. Il devra assumer son nouveau statut de champion du monde et de vainqueur de Grand Tour, et sera forcément plus surveillé par le peloton. Contrairement à la Vuelta 2022, Remco Evenepoel ne disposera pas de Julian Alaphilippe comme lieutenant de luxe. Il sera dès lors plus compliqué de maîtriser un peloton qui s'annonce beaucoup plus fourni que sur les routes espagnoles, même si la formation de Patrick Lefevere l'a affublé d'une chasse gardée, délaissant volontairement les sprints, son habituel objectif en Grand Tour.

Ineos comme allié de circonstances ?

"Moi et les autres, nous sommes là pour nous battre, pour lui [Remco Evenepoel] rendre la vie un peu plus difficile sur le chemin de Rome, a prévenu Primoz Roglic. Il y a un tas d'autres champions et de gars forts sur ce Giro. Ce sera un grand combat." En dehors de la Jumbo-Visma, la Soudal-Quick Step d'Evenepoel devra avoir des yeux partout pour contenir les autres aspirants. Avec Tao Geoghegan Hart (vainqueur du Giro 2020) comme leader, Ineos Grenadiers s'avance ainsi avec une équipe redoutable, puisque le Britannique aura Geraint Thomas (vainqueur du Tour 2018), le Français Pavel Sivakov, Thymen Arensman ou encore Filippo Ganna pour l'épauler.

UAE Emirates et ses deux leaders Jay Vine et Joao Almeida (entourés de Brandon McNulty et Davide Formolo, entre autres) pourraient eux aussi contrecarrer les plans de la Soudal-Quick Step, plus habituée à faire régner sa loi sur les courses d'un jour que sur trois semaines. Ce large peloton de prétendants pourrait être une aide précieuse pour Primoz Roglic, afin de déstabilier Remco Evenepoel. Une chose est sûre : ce duel rythmera les trois semaines de course. "Il a montré à Liège-Bastogne-Liège qu'il était en grande forme mais on va essayer de lui rendre la vie difficile", a ajouté le Slovène jeudi.

Que ce soit sur les trois contre-la-montre au programme, ou dans les étapes montagneuses, les deux hommes devraient se rendre coup pour coup, à l'image de la dernière Vuelta. "L'année dernière, j'avais encore quelques doutes sur ma capacité à être au même niveau que lui en montagne. Mais ces doutes se sont envolés lors du dernier Tour de Catalogne où on a fait jeu égal dans les ascensions", a commenté le Belge jeudi. Une Vuelta où le Slovène s'était d'ailleurs aligné après sa chute sur le Tour de France. Cette fois, Roglic ne prend pas le départ par défaut : le Giro est son objectif numéro 1 cette saison. Et Remco Evenepoel : son ennemi numéro 1. 

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