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Paris-Roubaix 2023 : suprématie de la Jumbo, avènement d'Evenepoel... Quand la Quick-Step décline sur les classiques flandriennes et change son ADN

L'équipe belge Soudal Quick-Step veut sauver sa campagne décevante de classiques flandriennes sur Paris-Roubaix, dimanche.
Article rédigé par Vincent Daheron, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Le patron de l'équipe Soudal-Quick Step Patrick Lefevere, à Wielsbeke (Belgique), le 31 mars 2023. (KURT DESPLENTER / BELGA via AFP)

La Jumbo-Visma est la nouvelle Quick-Step. C'est ainsi que l'on pourrait résumer la campagne de classiques flandriennes qui s'achève avec Paris-Roubaix, dimanche 9 avril. Victorieuse de quatre des six premières courses d'un jour comptant pour le circuit World Tour (première division internationale), la première nommée domine de la tête et des épaules les Flandriennes à l'image de ce que réalisait la seconde les années précédentes.

Pour la deuxième saison consécutive, la Soudal Quick-Step passe complètement au travers de la période qu'elle dominait auparavant. Comme en 2022, elle ne compte aucune victoire de l'Omloop Het Nieuwsblad jusqu'au Tour des Flandres, remporté dimanche dernier par Tadej Pogacar. Pis, elle totalise seulement deux coureurs dans le top cinq : Yves Lampaert et Fabio Jakobsen, respectivement troisième et cinquième de Bruges-La Panne, le 22 mars, qui est loin d'être la course la plus prestigieuse. "Ils doivent sauver l'honneur avant Roubaix", a prévenu le patron Patrick Lefevere à l'occasion des 25 ans de la collaboration avec la marque Quick-Step, d'abord arrivée en tant que co-sponsor de l'équipe Mapei, en 1999.

Historiquement, cette formation a toujours été spécialisée dans les classiques et principalement les Flandriennes. La raison est simple. Le siège social du fabricant de parquets stratifiés est basé à Wielsbeke, une commune d'un peu moins de 10 000 habitants située en Flandre-Occidentale. Dans ses rangs, l'équipe belge a compté la plupart des meilleurs spécialistes de l'histoire : Johan Museeuw (trois Paris-Roubaix et trois Tour des Flandres), Tom Boonen (quatre Paris-Roubaix et trois Tour des Flandres) ou encore plus récemment Niki Terpstra et Philippe Gilbert (un Paris-Roubaix et un Tour des Flandres chacun). Autant dire que ce nouveau zéro pointé fait tache.

"La Jumbo-Visma est maintenant l'équipe que nous étions"

"Je ne suis pas revenu du Rwanda pour voir ça, avait fustigé Patrick Lefevere dans le quotidien Het Nieuwsblad au début du mois de mars, après un début de campagne déjà raté. En fin de compte, nous devons conclure que Jumbo-Visma est maintenant l'équipe que nous étions il y a quelques années. Ils dominent et nous sommes pris en défaut. Nos coureurs se sont laissés un peu submerger par ces maillots jaunes."

La domination sans partage de la Jumbo-Visma n'est évidemment pas pour rien dans le déclassement de la Soudal Quick-Step. L'équipe néerlandaise s'est adjugé quatre des six classiques flandriennes du circuit World Tour : Dylan van Baarle a remporté le Omloop Het Nieuwsblad, Wout van Aert a gagné le GP E3 avant d'offrir Gand-Wevelgem à Christophe Laporte qui s'est ensuite imposé sur A Travers la Flandre. "La situation que Jumbo-Visma vit actuellement, on l'a vécue ces dernières années. On avait un collectif énorme et on enchaînait les victoires. Là, il faut admettre qu'on est un cran en dessous, peut-être même deux", a concédé Julian Alaphilippe dans L'Equipe, le 29 mars.

Une réussite basée sur un collectif très dense, aux multiples cartouches comme le Wolfpack pouvait si bien l'utiliser. Dans les colonnes de L'Equipe, le manager général de la Jumbo-Visma, Richard Plugge, a admis s'inspirer "de la Quick-Step au printemps. Nous le faisons toujours un peu, nous sommes passés de la période de l'apprentissage à celui de la copie mais maintenant, nous devons atteindre l'étape supérieure".

En l'absence d'un Tadej Pogacar, Mathieu van der Poel ou Wout van Aert dans son effectif, la formation flamande part aussi avec un train de retard. A l'époque, elle avait manqué d'attirer les deux derniers dans son effectif, pour des raisons diverses. Quelques années plus tôt, Julian Alaphilippe aurait pu jouer dans la même cour que les "trois fantastiques". Sauf que depuis le début 2022, le double champion du monde, poursuivi par la malchance, n'est clairement plus à leur niveau.

A son image, c'est toute la Soudal Quick-Step qui peine. Au-delà des résultats, elle ne pèse même plus sur les scénarios. "On doit accepter que nous n'avons pas les forces nécessaires pour dicter la course", expliquait Kasper Asgreen avant le Tour des Flandres. Au final, le Danois, vainqueur en 2021, n'a pris que la 7e place du "Ronde" alors qu'il figurait pourtant dans un sérieux groupe de contre-attaque.

Remco Evenepoel ouvre la voie des grands tours

"On est toujours une très bonne équipe. Remco Evenepoel a gagné en Catalogne, on n’est pas aussi morts que certains le disent", glissait, revanchard, Yves Lampaert après Bruges-La Panne, le 22 mars. Une phrase pas si anodine et qui confirme le changement dogmatique de la formation belge. Dans le même temps, la jeune pépite (23 ans) rivalisait en effet avec Primoz Roglic sur le Tour de Catalogne.

De spécialiste des classiques, elle s'est désormais ouverte aux épreuves de trois semaines grâce à l'avènement de Remco Evenepoel. En remportant la Vuelta, en septembre dernier, le champion du monde a offert le premier grand tour à la Quick-Step de son histoire. "Dans l'avenir, avec mon équipe, on a pour objectif de gagner les trois grands tours", confiait, le 10 février dans Le magazine L'Equipe, le vainqueur de Liège-Bastogne-Liège 2022.

Patrick Lefevere s'attèle à construire un noyau autour de Remco Evenepoel pour l'accompagner en montagne. Le recrutement cet hiver du Tchèque Jan Hirt, 6e du dernier Giro, s'inscrit dans cette logique. Une garde rapprochée qui doit lui permettre de viser le maillot rose sur le Tour d'Italie, en mai, avant de découvrir le Tour de France en 2024. Pour tenter de faire oublier les mésaventures de son équipe sur ses propres terres flamandes.

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