Coupe du monde de basket : d'un rêve d'or à une élimination précoce... Les raisons de l'échec cuisant des Bleus
La Coupe du monde devait se dérouler en deux temps pour l'équipe de France. Une première partie de compétition à Jakarta avant de s'envoler pour la phase finale à Manille (Philippines). Défaits par la Lettonie (88-86), dimanche 27 août, deux jours après l'humiliation infligée par le Canada (95-65), les Bleus ne verront finalement rien d'autre de cette Coupe du monde que la capitale indonésienne.
Après un dernier match au premier tour contre le Liban, mardi, ils devront se contenter de matchs de classement pour espérer terminer 17es, au mieux. Le pire résultat tricolore au Mondial, soit certainement le plus gros échec du basket français à un an des Jeux olympiques de Paris 2024. "Si on veut faire quelque chose de grand l'année prochaine et ne pas être encore ridicule, il faut essayer de comprendre avant qu'il ne soit trop tard, analyse Nicolas Batum. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Pourquoi on est tombés si bas ? Pour ne pas refaire la même erreur..." Franceinfo: sport dresse les raisons du fiasco.
Un manque d'humilité ?
"L'objectif final, c'est d'avoir la médaille d'or." Dès le début de la préparation, Rudy Gobert avait dressé les ambitions de l'équipe de France. Médaillée de bronze au Mondial 2019 et d'argent aux JO de Tokyo 2021 et à l'Euro 2022, elle figurait parmi les prétendants au podium final. "On s'est quand même vu plus gros que ce qu'il fallait, consent Vincent Collet. Rentrer sur la pointe des pieds n'empêche pas d'avoir de l'ambition. C'est du très haut niveau, donc tu ne peux pas venir en pensant que le simple fait d'arriver est suffisant..."
"Peut-être qu'on est arrivé en ayant moins faim, avec plus de certitudes et on l'a payé très, très cher", poursuit Nicolas Batum. "Ça rappelle aussi l'humilité, reprend Collet. Je ne l'ai pas dit assez fort avant qu'on commence la compétition, mais on ne peut pas être performants dans un tel concert de concurrence si on n'a pas l'humilité pour se battre." Vendredi, contre le Canada (65-95), la France a littéralement coulé au retour des vestiaires sans jamais sonner la révolte. Dimanche, elle a fait sienne les paroles de Mylène Farmer qui ont résonné dans l'Indonesia Arena - "Je, je, suis si fragile" - en se laissant renverser par la Lettonie (88-86). "On n'était pas guerriers comme on l'était dans les dernières compétitions", a regretté le sélectionneur.
Une défense oubliée
Quatre-vingt-quinze points encaissés face au Canada, 88 face à la Lettonie : la France a oublié ce qui faisait et a toujours fait sa force lors des campagnes précédentes, sa défense. "On a fait nos médailles sur l'identité défensive et là, si elle n'a pas disparu, elle s'est effritée, cingle Vincent Collet. Il faut qu'on la retrouve. La Canada et la Lettonie, c'était deux styles très différents, mais à chaque fois, on ne les a pas stoppés." Contre les Canadiens, personne n'a été en mesure de restreindre Shai Gilgeous-Alexander en seconde période, Elie Okobo vivant même un cauchemar. Face aux Lettons, ils ne les ont pas empêchés de prendre feu derrière l'arc. "Ce soir, même quand on a fait un écart, c'était adossé sur notre attaque et pas sur notre défense. On n'a jamais dominé le monde avec notre attaque. Peut-être que ça ne leur plaît pas que je dise ça, mais c'est la réalité", a analysé le technicien en poste depuis 2009.
L'absence de Frank Ntilikina, forfait à la suite d'une blessure à la cuisse en Lituanie (76-70, le 11 août), en préparation, a pesé dans le dispositif défensif tricolore. Les Français n'ont également jamais rectifié leur faiblesse au rebond défensif. Un problème "structurel" comme le définissait Collet. Le Canada a chopé 15 rebonds offensifs (pour 16 points sur deuxième chance), la Lettonie 10 (22 pts).
Un manque de relais en attaque
L'exclusion de Nando De Colo pour deux fautes antisportives dans le dernier quart-temps contre la Lettonie a exposé au grand jour le manque de talent offensif sur le banc tricolore. Après le forfait de Frank Ntilikina, Vincent Collet avait fait le choix de sélectionner l'ailier Isaïa Cordinier pour le remplacer. Laissant donc Sylvain Francisco comme seul meneur de métier derrière le titulaire De Colo. Auteur d'une bonne prestation, il n'a logiquement pas eu la même influence sur le jeu. Elie Okobo ne semblait pas une solution envisageable tant il est passé à côté offensivement alors qu'il est déjà en difficulté défensive. "On a perdu des balles et arrêté de jouer comme on voulait", a expliqué Evan Fournier. Avec 37 ballons égarés en deux matchs, la faille de l'année dernière - que l'on pensait résolue avec le retour de Batum et De Colo - a ressurgi.
Cela révèle un trou générationnel au poste de meneur de jeu depuis la retraite de Tony Parker et plus largement un manque de joueurs estampillés NBA, d'autant plus en l'absence de Victor Wembanyama. Evan Fournier n'a quasiment pas joué de l'année, Rudy Gobert est un spécialiste défensif tandis que les responsabilités offensives de Nicolas Batum sont limitées outre-Atlantique. Trois joueurs, c'est moins que Team USA (12), l'Australie (9), le Canada (7) et l'Allemagne (4). "Il faudra qu'on enrichisse cette équipe", a avoué Vincent Collet.
Une préparation pas assez relevée
"Notre préparation s'est plutôt bien passée. Mais on sait que la préparation et la compétition, ce n'est pas la même chose." Avec six victoires en sept matchs amicaux en amont du Mondial, difficile de contredire Vincent Collet après le revers face à la Lettonie. Mais a posteriori, le faible calibre des adversaires (Tunisie, Monténégro, Venezuela, Japon, Lituanie) hormis l'Australie, seule défaite tricolore (78-74, le 20 août), a peut-être été une erreur. "La façon dont on a été impacté par le Canada, vendredi, montrait bien qu'on n'était pas prêt à ça, a admis sans détour le sélectionneur. Ce sont des choses qui comptent, il ne faut pas le nier."
La préparation est toujours une période primordiale qui comporte ses contraintes. Composée en majorité de joueurs NBA ou Euroligue, donc indisponibles lors des fenêtres de qualifications aux compétitions internationales au cours de l'année, l'équipe de France souhaite évoluer un maximum devant son public. "Si on était prêts à se déplacer, beaucoup d'équipes aimeraient nous recevoir. Mais on essaie de rester à la maison et les autres équipes de très haut niveau aussi", exposait le manager général Boris Diaw dans L'Equipe. Les Bleus n'ont ainsi pas pu, par exemple, se mesurer aux autres prétendants au podium alors que des tournois avaient lieu à Malaga, Athènes ou Abu Dhabi. Cela aurait pu préparer davantage les vice-champions olympiques à la densité du tournoi dont ils sont désormais éliminés.
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