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Jeux olympiques de Pékin : WeChat, l’appli super-puissante au service de la répression

Les Jeux olympiques de Pékin débutent dans une semaine et le régime chinois tente de faire taire les voix dissidentes. Il utilise pour cela le réseau social WeChat.

Article rédigé par Elise Delève
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
L'application WeChat sur un smartphone et sur un ordinateur. (SOPA IMAGES / LIGHTROCKET via GETTYIMAGES)

Pour ne pas que les opposants fassent de vague à l’approche des Jeux olympiques de Pékin, le pouvoir chinois cible internet, arme fatale dans un pays hyperconnecté. Plusieurs intellectuels et militants des droits de l'homme se sont plaint cette semaine d'avoir été bannis du réseau social WeChat, une vague de fermeture "brutale", raconte une journaliste chinoise, elle-même victime d'anomalies sur son compte.

Cette application n'est pas juste un réseau social, c'est un sésame de la société chinoise. Au quotidien, WeChat sert à tout, elle est incontournable. C'est l'équivalent de Facebook, Whatsapp, Tous Anti-Covid, la banque, Uber, Velib, EDF, tout en un. En Chine, quand vous allez au restaurant, vous payez via WeChat, dans les magasins, c'est aussi avec WeChat. Votre QR code pour accéder aux lieux publics, est aussi sur cette "super app".

Le pays tente de supprimer depuis quelques années l'argent liquide et avec la pandémie, le processus s'est accéléré. À tel point que quand un sans-abri fait la manche, on ne lui donne pas de la monnaie, mais un virement sur WeChat. La majorité des Chinois utilisent cette appli même dans les campagnes : elle compte 984 millions d'utilisateurs sur 1,4 milliard d'habitants.

Mort sociale

Bannir quelqu'un de WeChat, c'est le tuer socialement, "c'est comme le retirer de l'espace public", raconte à l'AFP l'écrivaine pékinoise Zhang Yihe, qui ne peut plus utiliser certaines fonctions de l'appli depuis quelques semaines. Car cette appli permet aussi de discuter avec sa famille, de téléphoner. Comme tout est centralisé, elle permet au régime de contrôler plus facilement toute la vie des utilisateurs.
La parole n'est évidemment pas libre, tous les messages sont surveillés et il arrive qu'on soit écarté si on utilise certains mots comme Dalaï Lama.

Le pouvoir chinois ne veut surtout pas gâcher la grande fête des JO, qu'il espère être une vitrine sur la technologie du pays, avec une ambition verte et durable. Couper WeChat aux dissidents permet de limiter la parole de ceux qui sont contre le régime.

Ces purges virtuelles sont courantes lors de grands rassemblements mais l’ambiance "festive et harmonieuse" voulue par le régime aux Jeux de Pékin sera difficile à vendre. Avec le boycott diplomatique de plusieurs pays occidentaux, dont les Etats-Unis, et la crise des Ouighours, l'image de la Chine du tout-puissant Xi Jinping est déjà bien entachée.

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