Reportage "L'idée est de comprendre rapidement le scénario" : en prévision des Jeux olympiques, la police s'entraîne pour faire face aux risques d'attentats

C'est le scénario que redoutent les autorités : un attentat pendant les JO de Paris cet été. La police s'entraîne donc pour y faire face, en multipliant les simulations. Franceinfo a assisté à l'une d'entre elles.
Article rédigé par Yannick Falt
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Les forces de l'ordre s'entraînent sur une simulation d'un attentat dans une fan zone des Jeux olympiques de Paris 2024. (YANNICK FALT / RADIO FRANCE)

Le scénario du jour est celui d'un attentat sur la fan zone du château de Versailles, qui accueillera notamment les épreuves d'équitation des Jeux de Paris 2024. L'exercice se déroule sur un site policier, à quelques kilomètres de là. "Une femme enceinte s'est approchée d'un groupe de supporters et s'est fait exploser, une autre femme en tenue d'infirmière a sorti un couteau", détaille le commissaire Vincent, qui coordonne l'enquête pour la police judiciaire. "Le bilan : quatre personnes décédées, une terroriste explosée et l'autre neutralisée par un collègue hors service qui se trouvait sur place."

Le but de cette simulation, à laquelle a pu assister franceinfo : former les effectifs de la police judiciaire aux techniques d'enquête post-attentat pour les Jeux olympiques de Paris 2024, pour qu'ils puissent démarrer les investigations immédiatement après les faits, avant même l'arrivée de la sous-direction antiterroriste (Sdat). Car chaque minute compte pour le patron de la Sdat, Michel Faury.

"Si on n'a pas tous les auteurs sur place qui ont été neutralisés ou interpellés, on a ce risque de complicité, évidemment de soutien logistique, mais surtout d'avoir d'autres individus qui passent à l'acte dans les heures et les jours qui suivent."

Michel Faury, patron de la Sdat

à franceinfo

La crainte : le risque d'une cellule terroriste qui pourrait se réveiller. "Donc cette obsession de la réitération nous conduit à aller beaucoup plus vite que sur une enquête classique", ajoute-t-il. Au sein du PC de crise sur place, les polices judiciaires et scientifiques sont sous la houlette de la Sdat.

La possibilité d'un terroriste complice encore actif

Il faut aller vite, notamment sur la zone même de l'attentat où s'affaire la police scientifique, dont le Major Grégory. Cet officier, qui a plus de 20 ans de service, en a vu d'autres : le 13-Novembre, Samuel Paty. "L'idée est d'abord de rapidement comprendre le scénario, ce qu'il s'est passé", explique-t-il au milieu de mannequins et d'objets éparpillés. "En arrivant, j'ai constaté que j'avais un nombre important de balles percutées sur le sol. J'ai besoin de savoir si ces étuis percutés provenaient des forces de sécurité intérieures qui ont neutralisé le terroriste, ou si on avait un autre terroriste, peut-être armé, qu'on n'avait pas forcément pour le moment identifié."

Les enquêteurs se basent sur différents éléments pour ne négliger aucune piste : ici, une vraie-fausse vidéo de revendication des terroristes. (YANNICK FALT / RADIO FRANCE)

Relevés d'empreintes, de téléphones ou de cartes bancaires : tout est exploité par la police, qui ne néglige aucune piste. Ce dispositif a été expérimenté à Arras, en octobre 2023, lors de l'assassinat de Dominique Bernard, car la police judiciaire de Lille était sur les lieux avant la Sdat, qui se trouve en région parisienne. Et en attendant les analyses des balles, l'heure est aux auditions de témoins. "Tout se passait bien et d'un coup, tout le monde a commencé à courir, nous aussi on s'est mis à courir. Je n’ai rien vu de plus, mais j'ai vu cet homme tirer", affirme une témoin américaine.

Les enquêteurs doivent faire le tri entre les témoignages : car le tireur évoqué ici est en fait le policier qui a tué la deuxième terroriste. Le tout alors qu'un troisième terroriste, le commanditaire, a bien été identifié et tué à quelques kilomètres de là. "Il s'agit du dénommé Lakhdar S., fiché S et suivi au titre de l'islam radical sunnite", indique le commissaire Vincent. Trois heures plus tard, cette douzième session de formation organisée par la Sdat prend fin. Cinq autres sont à venir d'ici les Jeux olympiques. Car la répétition reste la meilleure arme antiterroriste d'anticipation.

En prévision des Jeux olympiques, la police s'entraîne pour faire face aux risques d'attentats

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