Paris 2024 : à six mois des JO, Paris se prépare à accueillir les touristes avec un "manifeste de l'hospitalité"

À six mois des Jeux olympiques de Paris, les professionnels du tourisme s’organisent pour accueillir du mieux possible les spectateurs, alors que l’hospitalité française n’a pas forcément la meilleure réputation.
Article rédigé par Camille Laurent
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Des touristes devant les anneaux olympiques sur le parvis de l'Hôtel de ville à Paris, le 19 juillet 2023. (LEYLA VIDAL / MAXPPP)

Plus de 15 millions de visiteurs sont attendus à Paris pour les Jeux olympiques puis les Jeux paralympiques, entre la fin du mois de juillet et le début du mois de septembre. Ce sont les chiffres avancés par l'Office du tourisme de la capitale. Parmi ces spectateurs, une grande majorité de "locaux", venus de toute la France, ainsi que des visiteurs venus du monde entier, dont le nombre est estimé à plus d'un million. Accueillir tous ces spectateurs, de passage plus ou moins longtemps, dans de bonnes conditions relève du défi pour la capitale française, dont l’hospitalité est régulièrement remise en cause par les touristes venus la visiter.

Année après année, si la France classe comme la première destination touristique du monde, comme s'en enorgueillissait mi-janvier Emmanuel Macron sur X, paradoxalement, les Français - et les Parisiens en particulier - se voient reprocher de façon plus ou moins fondée d'être râleurs, orgueilleux, chauvins, mauvais en langues étrangères, voire impolis. En bref, une "inhospitalité à la française".

Dernier exemple en date pour illustrer cette mauvaise presse : le récit d'une touriste américaine et influenceuse sur TikTok. Sa vidéo, postée le 5 janvier dernier, intitulée "La France m’a fait pleurer” a été visionnée des millions de fois. Elle y relate sa mauvaise expérience à Lyon qu'elle visitait en solo et pour la première fois. "Je me suis sentie très isolée, raconte-t-elle. Les gens vous font sentir mal parce que vous ne connaissez pas leur culture ou vous ne parlez pas leur langue."

"La qualité de l'accueil n'est pas toujours au rendez-vous, admet Frédéric Hocquard, adjoint chargé du tourisme à la mairie de Paris. Il faut reconnaître qu'on n'est pas exceptionnels. Quand je vois la manière dont les touristes sont accueillis à l'aéroport de Paris ou à la gare du Nord…", complète l'élu écologiste, qui veut rester optimiste : "En 2024, on va essayer de montrer le meilleur visage de la ville !" Tony Estanguet, le président du comité d'organisation des JO va dans le même sens : "Depuis dix ans, on travaille dur pour que la France rayonne, pour que la France accueille le monde […] et je sais qu'on sera prêts", a encore promis le triple champion olympique, mi-janvier 2024.

Un "manifeste de l'hospitalité" à destination des professionnels

Cet enjeu de bien accueillir les spectateurs, les organisateurs des Jeux olympiques, du Comité à la mairie de Paris en passant par l'Office du tourisme, l'ont bien en tête. "Il va y avoir beaucoup de volontaires pour accueillir les touristes au moment des Jeux olympiques, indique Frédéric Hocquard. Après, il faut aussi que la filière touristique fasse un effort, mais eux aussi, ils veulent travailler sur la qualité d'accueil", ajoute-t-il.

"On est quand même dans une démarche un peu plus évoluée de l'accueil classique 'Je dis bonjour et je suis aimable'. Ça, à mon avis, on sait déjà faire."

Corinne Menegaux, directrice générale de l'office de tourisme de Paris

à franceinfo

L'office du tourisme de Paris a ainsi lancé un "manifeste de l'hospitalité" "pour mieux accueillir encore", explique Corinne Menegaux, directrice générale de "Paris je t'aime", nouveau nom de l'Office de tourisme de la capitale. "Notre objectif, c'est que le parcours du visiteur soit le plus simple possible et le plus accueillant possible, au sens propre du mot hospitalité", souligne-t-elle.

Ce "manifeste" aborde de nombreux aspects tels que "l'accueil bilingue, les cartes à disposition, les outils digitaux pour réserver, jusqu'à des engagements, par exemple en termes d'accessibilité, d'inclusion, de développement durable, de circuits courts, etc., énumère Corinne Menegaux. Les professionnels de l'hébergement, de la restauration, des sites culturels et sportifs, les guides touristiques et les transports sont concernés et sont tous signataires du manifeste, qui est en vigueur depuis le 1er janvier", précise la patronne de l'Office du tourisme. Et de souligner : "Il y a une vraie prise de conscience sur l'importance aujourd'hui de bien accueillir nos visiteurs. Pour les Jeux, mais pas que".

Pendant les Jeux, mais aussi après les Jeux

D'autres outils viennent compléter ce manifeste à destination des professionnels, notamment l'application intitulée "My Paris Je t'aime" en ligne depuis fin 2023. "L'idée est de mieux accompagner le visiteur une fois qu'il est sur place, explique Corinne Menegaux. Comment je peux réserver mes billets ? Comment je vais prendre les transports ? Comment je vais d'un endroit à l'autre ? Le tout avec une carte géolocalisée qui permet d'accéder à l'ensemble des services." 

"La carte s'enrichit d'une version spécifique handicap, qui permettra de connaître les accès aux différents sites et différents types d'activités en fonction du type de handicap."

Corinne Menegaux, directrice générale de l'office de tourisme de Paris

à franceinfo

Cette aide virtuelle aura des relais réels, avec les kiosquiers parisiens. "Si vous êtes à Montparnasse, vous n'avez pas à traverser Paris pour avoir une information, explique Corinne Menegaux. Il y en a douze aujourd'hui qui deviennent des points d'information officiels touristiques". L'objectif est d'en avoir une cinquantaine d'ici le début des Jeux.

Mais Corinne Menegaux, comme Frédéric Hocquard, pense déjà à l'après-Paris 2024. L'adjoint parisien redoute un afflux de touristes "en 2025, 2026" après le coup de projecteur qu'auront mis les Jeux sur la capitale : "Peut-être que le moment est venu de se dire qu'il faut qu'on accueille un peu moins mais mieux. L'après-JO, ça va être ça, le vrai enjeu", insiste l'adjoint en charge du tourisme à la mairie de Paris.

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