Euro 2024 : la charnière centrale, la paire Kanté-Rabiot, Thuram en porteur d'eau... Les leçons tactiques d'Autriche-France

La préparation avait laissé penser que des mutations tactiques allaient être visibles dès lundi contre l'Autriche, mais les Bleus ont repris les grandes lignes de ce qui avait fait leur force à la Coupe du monde 2022.
Article rédigé par Andréa La Perna - envoyé spécial en Allemagne
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
Didier Deschamps, poing levé après la victoire des Bleus contre l'Autriche à l'Euro, le 17 juin 2024 à Düsseldorf (Allemagne), (FABIAN STRAUCH / AFP)

Le jeu et la tactique n’étaient pas "la priorité" – les mots sont de Kylian Mbappé – lors des prises de parole des Bleus depuis leur arrivée en Allemagne pour l’Euro. Lundi 17 juin, les Bleus ont troqué les micros pour les crampons et débuté la compétition par une victoire précieuse après un long combat face à l’Autriche (1-0). Ils étaient "prêts" comme Didier Deschamps l'assurait la veille.

Privé d’Aurélien Tchouameni, toujours convalescent après sa fracture de fatigue au pied gauche, et de Lucas Hernandez, blessé avant l’annonce de la liste, le sélectionneur a dû opérer quelques changements. Il les a respectivement remplacés par N'Golo Kanté, de retour après deux ans d’absence en compétition officielle, et Theo Hernandez, au profil bien plus offensif que celui de son frère.

La charnière Saliba-Upamecano n'a pas convaincu

"DD" a également décidé de préférer William Saliba à Ibrahima Konaté, habituel binôme de Dayot Upamecano, en charnière centrale. En alignant ce binôme, qui était encore inédit avant France-Canada il y a huit jours, le sélectionneur a fait un choix fort. Si Dayot Upamecano dit avoir "bien communiqué" avec son partenaire et estimé que son équipe avait "très bien défendu", leur association n’a pas vraiment convaincu.

Leur profil de défenseurs très bons en un-contre-un, ayant tendance à reculer avant d’intervenir, était un peu trop similaire pour être complémentaire. Les relances imprécises de Dayot Upamecano et les interventions timides de William Saliba, toujours aussi peu convaincant quand il porte le maillot de l’équipe de France, n’ont pas rassuré. Après le match, Didier Deschamps a expliqué qu’il avait fait ce choix parce que le défenseur d’Arsenal était selon lui "plus apte" qu’Ibrahima Konaté.

Sachant que ce dernier a effectué une partie de l’entraînement à part jeudi dernier, aux côtés d’Aurélien Tchouameni, la raison était peut-être simplement physique. "Quand je dis que la hiérarchie est évolutive, c’est qu’elle est évolutive", a insisté le sélectionneur, tenant à entretenir le flou, répétant avoir "besoin de tout le monde" dans ce tournoi. Ses autres choix de la soirée ont, eux, apporté satisfaction.

Il n’a pas bouleversé autant que prévu la tactique de son équipe. Pas de relance d’une défense à trois avec un Jules Koundé plus axial et un Theo Hernandez plus haut et plus au large. On a retrouvé le schéma du Mondial 2022, avec une défense à quatre et un Antoine Griezmann incorporé au milieu de terrain, dans un rôle de meneur de jeu reculé mais assez libre.

Le travail de Kanté, Rabiot et Thuram

La paire Adrien Rabiot-N'Golo Kanté s’est particulièrement illustrée. Le premier a apporté sérénité, équilibre et autorité à l’entrejeu sans jamais faiblir, malgré une préparation tronquée par des pépins physiques. Le second est reparti avec le trophée de meilleur joueur du match, au terme d’une montée en puissance phénoménale en seconde période, pendant que tous les autres joueurs commençaient à faiblir. Didier Deschamps a salué leur abattage sur le pré : "Plus il y a de joueurs dans ce registre – et Antoine sait aussi le faire –, [mieux c’est]".

Dans le fond, la seule nouveauté tactique était dans la répartition des rôles dans le secteur offensif, avec un Marcus Thuram acceptant de faire les tâches ingrates pour délester Kylian Mbappé d’une partie des efforts défensifs. L’attaquant de l’Inter a souvent œuvré comme un milieu gauche, défendant son couloir en phase défensive (pendant que son capitaine restait plus haut dans l’axe). Lorsque les Bleus avaient la possession du ballon, les positions étaient échangées, avec Kylian Mbappé sur le côté et Marcus Thuram dans l’axe.

L’idée n’a pas été récompensée mais plusieurs phases de jeu lui ont donné du crédit. Recherchant le plus souvent le côté droit et le triangle Koundé-Dembélé-Griezmann, les Bleus ont pu attirer le bloc autrichien pour mieux renverser de l’autre côté vers les flèches Theo Hernandez et Kylian Mbappé, qui ont eu droit à quelques raids, dangereux mais pas victorieux. 

"C’était un match globalement positif. Il y a un dénominateur commun à toutes ces rencontres, c'est qu'il y a une intensité très élevée. On a été dans le combat et ça a été important. La qualité et le talent c'est important, mais on doit garder cette solidarité entre ceux qui ont commencé et ceux qui sont entrés", a surtout noté Didier Deschamps, qui n’a pas vraiment intérêt à tout changer après avoir pris les trois points. Mais si la blessure au nez de Kylian Mbappé le pousse à manquer le ou les prochains matchs, les Bleus devront se réorganiser.

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