Cinéma : "Le Fils de Saul", film magistral et indispensable
"Le Fils de Saul", Grand Prix du jury au dernier Festival de Cannes, sort mercredi 3 novembre. Dialogue entre le réalisateur Laszlo Nemes et Annette Wieviorka, historienne de la Shoah, devant la caméra de France 3.
"Le Fils de Saul" est le premier long-métrage du réalisateur hongrois Laszlo Nemes. Une immersion au cœur de l'enfer de la Shoah, au plus près des fours crématoires. Saul est un membre des Sonderkommandos, des groupes de prisonniers juifs forcés d'assister les nazis dans leur plan d'extermination. Le scénario a été écrit à partir de témoignages de certains membres de ces commandos.
"Vous avez fait un film très éprouvant", lance l'historienne Annette Wieviorka au réalisateur. "Une des hautes qualités de votre film, c'est qu'il n'y a pas de leçon de morale assénée comme dans tous ces récits de survivants qui servent d'exemple pour éduquer les jeunes. Et en même temps, ça rend votre film terrifiant, donc c'est un bon film parce qu'il est terrifiant."
"Donner de la dignité aux morts et aux mourants"
Saul est dans cette zone grise dont parlait Primo Levi dans son ouvrage autobiographique Si c'est un homme, cette zone qui sépare les pures victimes des purs bourreaux. Pour survivre, Saul s'accroche à son obsession : ensevelir le corps de celui qu'il prend pour son enfant et réciter pour lui le kaddish, la prière des morts dans la religion juive.
Laszlo Nemes explique qu'il a fait ce film car sa "génération n'a jamais compris pourquoi on a dû tuer ces gens-là, et aussi parce qu'on est un peu en colère, en tout cas, moi, je le suis. [...] On a essayé de donner de la dignité aux morts et aux mourants. La règle de la Shoah, ce n'est pas ça, c'est la mise à mort".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.