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Festival d'Avignon 2019 : bilan artistique en demi-teinte mais fréquentation toujours record

Le Festival d'Avignon In 2019 (le Off se poursuit jusqu'au 28 juillet) a affiché une fréquentation record identique à 2018 (95,5% de taux de remplissage), le directeur de la prestigieuse manifestation théâtrale défendant sa programmation face à des critiques qui ont regretté le manque de gestes artistiques forts. 

Article rédigé par franceinfo Culture - Sophie Jouve, Lorenzo Ciavarini, Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Répétition de la pièce "Architecture", de Pascal Rambert dans la Cour d'honneur du Palais des Papes, le 2 juillet 2019, dans le cadre du 73ème Festival d'Avignon.  (GERARD JULIEN / AFP)

Interrogé sur les critiques qui estiment qu'il donnait la priorité aux enjeux politiques dans son choix des pièces au détriment du geste artistique, Olivier Py a souligné que "le théâtre est politique, même si ça en gêne certains". "Il y a eu des spectacles attendus qui n'étaient pas forcément les plus faciles mais j'ai vu par ailleurs un grand nombre de triomphes qui ont été reçus par des standing ovations", a-t-il estimé, en référence notamment au spectacle de la Brésilienne Christiane Jatahy qui a fait un parallèle entre l'Odyssée d'Ulysse et les migrants ou à la pièce du Russe Kirill Serebrennikov sur le photographe chinois censuré Ren Hang. 

"C'étaient des propositions d'artistes qui reflétaient une image du monde. Ce n'est pas le directeur qui en a décidé ainsi", a-t-il indiqué, se disant "fier de la cohérence intellectuelle de la programmation". "Les spectacles bien que très éloignés formellement, se répondaient les uns les autres".

Fréquentation de 95,5%

Au total, 106.700 billets ont été délivrés contre 109.493 à la vente, soit une fréquentation de 95,5%.

Les déceptions

Hymne à l'Europe, ode à la liberté, solidarité avec les réfugiés : le festival d'Avignon, qui touche à sa fin, a divisé la critique, notamment sur le spectacle d'ouverture dans la cour d'honneur du palais des Papes. La presse n'a pas été tendre avec Architecture, la pièce de Pascal Rambert, pourtant l'un des dramaturges français vivants les plus joués au monde, et ce malgré une distribution de luxe (Emmanuelle Béart, Denis Podalydès...). La pièce de près de quatre heures sur une famille qui se déchire au début du 20e siècle, métaphore de l'Europe actuelle minée par les nationalismes "croule sous les poncifs historico-moralisateurs" selon Libération, est "d'une verbosité éreintante" pour Le Figaro et a "assommé" le public selon Le Parisien. Nous avons été beaucoup moins sévères avec Achitecture.

Autre déception, Dévotion de Clément Bondu, une pièce hermétique qui a découragé une bonne partie du public. 

Notre palmarès

Parmi les pièces que franceinfo Culture a relayé tout au long du festival In, sept en particulier ont retenu notre attention  : 

- Le présent qui déborde de la Brésilienne Christiane Jatahy, applaudi pour son touchant parallèle entre l'Odyssée d'Ulysse et les réfugiés syriens et même les indigènes du Brésil menacés par Bolsonaro. 
-Nous, l'Europe, banquet des peuples, un texte du prix Goncourt Laurent Gaudé mis en scène par Roland Auzet. Une rétrospective lyrique de l'histoire de l'Europe, mêlée à de la musique rock metal. 
-La Maison de thé, première pièce chinoise programmée dans l'histoire du festival, pièce-monument de Lao She revisitée par le metteur en scène Meng Jinghui. Ce pionnier du théâtre contemporain chinois, a offert une relecture de trois époques de l'histoire de la Chine, axée sur les petites gens et les injustices sociales.  
-Sous d'autres cieuxMaëlle Poésy fait de l'"Enéide de Virgile une tragédie de l'immigration
-Phèdre!, un seul en scène désopilant et instructif, interprété par Romain Daroles. 
-Lewis versus Alice de Macha Makeïeff qui revisite avec faste "Alice au pays des merveilles"
-Outwitting the Devil, la danse barbare subjuguante d'Akram Khan

Le désir et la mort, la thématique du Festival d'Avignon 2020

Olivier Py, directeur depuis 2013 et dont le mandat s'achève en 2021, a par ailleurs annoncé lors d'une conférence de presse mardi que le "fil rouge" de l'édition 2020 sera "Eros et Thanatos", le désir et la mort. "Ça sera moins sociétal et politique, ça traitera de la question du corps, du désir", a précisé Olivier Py. 

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