Qatar : un travailleur étranger est mort en marge de la Coupe du monde
Alors que les yeux du monde entier sont tournés sur le Qatar, les terrains de la Coupe du monde qui s'y déroule, mais aussi la condition des travailleurs dans le pays, Doha et la Fifa ont confirmé la mort d'un employé en marge de la compétition, à une date non précisée, dans des communiqués relayés par le site The Athletic (lien en anglais et payant) mercredi 7 décembre. Le Conseil suprême, organisateur de l'événement, conteste tout lien entre cet accident et le Mondial.
Selon The Athletic, qui cite plusieurs sources anonymes, cet homme a succombé à une chute accidentelle alors qu'il intervenait sur le parking d'un hôtel servant de camp de base à la sélection d'Arabie saoudite, le Saline Beach, à Mesaieed. Chargé de réparer les éclairages, il est tombé d'une rampe alors qu'il marchait à côté d'un chariot élévateur, détaille le site, qui précise qu'il ne portait pas de harnais de sécurité.
The Athletic présente la victime comme un homme d'une quarantaine d'années, prénommé Alex et ressortissant des Philippines. "L'ambassade des Philippines à Doha enquête toujours sur cette affaire", a fait savoir le ministère philippin des Affaires étrangères à l'AFP.
"La mort fait partie de la vie", estime un organisateur
"La Fifa est profondément attristée par cette tragédie, et nos pensées vont à la famille de ce travailleur", a répondu l'organisation dans un communiqué adressé au site internet, dans lequel elle dit avoir demandé "davantage de détails" aux autorités du Qatar. Interrogée en marge d'une réunion par l'agence SNTV, la secrétaire générale de la Fifa, Fatma Samoura, a refusé de commenter ce décès, considérant que la question n'était pas "appropriée".
Le Conseil suprême pour la remise et l’héritage de cette Coupe du monde au Qatar affirme de son côté ne pas s'être saisi de cet accident, affirmant qu'il s'est produit "sur une propriété qui n'est pas sous [sa] juridiction", et que la victime "travaillait pour un sous-traitant qui ne dépend pas" de l'organisation.
Interrogé par l'agence Reuters jeudi, le directeur de l'organisation de la compétition, Nasser Al-Khater, a minimisé ce décès : "La mort fait naturellement partie de la vie, que ce soit au travail, que ce soit dans votre sommeil", a-t-il commenté, jugeant "étrange" d'être interrogé à ce sujet "en plein milieu d'une Coupe du monde réussie".
Une enquête sur les conditions de sécurité
Les autorités du Qatar, elles, annoncent à The Athletic qu'une enquête a été ouverte. "Si elle conclut que les procédures de sécurité n'ont pas été suivies, l'entreprise fera l'objet d'actions en justice et d'importantes pénalités financières", poursuit Doha, qui affirme avoir payé en 2022 plus de 350 millions de dollars, par l'intermédiaire d'un fond, en compensation d'accidents du travail ou de salaires non-payés. Des ONG et des fédérations nationales de football plaident pour l'établissement d'un fond spécifique pour les personnes ayant travaillé sur des projets liés à la Coupe du monde, ce que le Qatar a toujours refusé.
Le Qatar affirme que 37 ouvriers travaillant sur les chantiers liés au Mondial sont morts lors de la préparation de celui-ci, dont seulement trois dans le cadre de leur travail, et que le nombre total de victimes d'accidents du travail mortels dans le pays s'est élevé à 414 entre 2014 et 2020. Des décomptes dénoncés comme sous-estimés par plusieurs ONG, qui pointent la mortalité importante des travailleurs étrangers dans le pays (au moins 6 500 entre 2011 et 2020 selon un décompte du Guardian) et la propension des autorités à déclarer la plupart des décès comme naturels.
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