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Coupe du monde 2022 : le football, un sport mineur en Australie

Si le sport possède une place importante en Australie, le football est loin d'être aussi populaire qu'en Europe. Chaque jour, Jean-Marc Four donne un coup de projecteur sur les liens entre politique et ballon rond.
Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
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Publié
Temps de lecture : 4min
Le milieu de terrain australien Keanu Baccus après la victoire de l’Australie contre le Danemark lors de la Coupe du monde 2022 à Doha, le 30 novembre 2022. (NATALIA KOLESNIKOVA / AFP)

L'Australie, grâce à ses deux victoires au compteur, est l'invité surprise des huitièmes de finale de la Coupe du monde. Les Socceroos (surnom de l'équipe australienne de football) affronteront l'Argentine samedi 3 décembre. C'est une surprise parce qu'en Australie, le football est un sport mineur. 

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Le sport en général, c’est majeur en Australie. C’est un grand pays de sport. Les Australiens sont des sportifs. Cela tient à la nature du pays, ce côté nature sauvage à dompter, qui implique une importance accordée au corps. Il suffit de voir les résultats des Australiens aux Jeux olympiques, avec le nombre de médailles rapporté à la population. Lors des JO de Tokyo, les australiens ont obtenu 46 médailles dont 17 en or, mieux que la France. Mais le foot, le soccer, comme on dit là-bas, ça reste un sport secondaire en Australie. Les sports principaux sont des sports typiquement australiens, comme l’Australian Rules, qui est un mélange de foot et de rugby, présent sur tout le territoire. Presque une religion : 18 joueurs, les pieds, les mains, un truc assez violent rugueux. Il y a le rugby à XIII, également.  La National Rugby League est la première compétition professionnelle en Australie, et la finale annuelle c’est un peu comme le super Bowl aux États-Unis. Puis viennent le cricket et le rugby à XV.

Un décalage horaire pas favorable avec le Qatar

Le football est loin derrière ! Ce n’est d’ailleurs que la deuxième fois de son histoire que l’Australie se qualifie pour les huitièmes de finale de la Coupe du monde. Le précédent c’était en 2006, avec une défaite contre l’Italie à ce stade de la compétition. Cela monte progressivement, un peu comme aux États-Unis. Il y a actuellement plus d’un million de licenciés, avec quelques clubs solides notamment à Melbourne. Mais le football a toujours un peu de mal à exister médiatiquement. Au Qatar, même si l’équipe fait un bon parcours et que les audiences sont assez bonnes à la télévision australienne, les horaires des matchs sont catastrophiques pour l’Australie. C’est du deux heures du matin. 

L’autre fait marquant, c’est que le football en Australie, c’est un sport d’immigration ! C’est un sport d’immigrants et d’ascension sociale. Mais pas la première vague d’immigration, celle des bagnards venus du Royaume-Uni. Non, plutôt celle des années 1960- 1970- 1980. Grecs, Hongrois, Tchèques, Croates, Serbes, italiens : ils trouvent dans le football une façon de perpétuer leur propre histoire. Avec souvent une dimension communautaire. Et un vecteur d’intégration sociale. Lors de la première qualification de l’Australie au Mondial en 1974, un joueur sur trois seulement était né en Australie. Même chose dans les années 2000 avec des joueurs comme Mark Viduka, Tony Popovic, Tim Cahill, Mark Schwarzer, ou l’entraîneur Ange Postecoglou.

Des footballeurs choyés

Dans l’équipe actuelle, il y a à nouveau des joueurs d’origine très diverses : Serbie, Italie, Pays-Bas, Turquie, Bosnie, Nouvelle-Zélande, Malte, Irlande, Nigéria, Liban, Afghanistan. Il y aussi les nouvelles vagues d’immigration, notamment d’Afrique, avec trois joueurs issus de la communauté sud-soudanaise et de familles ayant fui la guerre.  Awer Mabil, par exemple, est passé des camps de réfugiés au Sud Soudan à l’équipe de foot australienne, il joue dans le club de Cadix. Thomas Deng est né au Kenya et Garang Kuol en Égypte. Keanu Baccus est lui né en Afrique du Sud.

Tous les continents sont représentés : c’est United colors of Australia. Et l’Australie, qui a souvent conduit une politique très dure vis-à-vis des immigrants depuis 20 ans, notamment en les parquant dans des îles reculées, se retrouve donc à choyer ces footballeurs venus d’ailleurs qui la font espérer un premier quart de finale en Coupe du monde.

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