Tour de France 2023 : Michal Kwiatkowski, le champion devenu écuyer tient enfin sa vraie victoire
Cette fois, il est allé la chercher tout seul. Trois ans après sa première victoire sur le Tour de France, Michal Kwiatkowski s'est imposé lors de la 13e étape, vendredi 14 juillet, au sommet du Grand Colombier. Celle-ci a sans doute un goût bien plus savoureux que celle de La Roche-sur-Foron. En 2020, le Polonais, déjà équipier chez Ineos-Grenadiers, avait tracté son coéquipier Richard Carapaz dans les cols de la 18e étape pour lui permettre d'obtenir les points du classement du meilleur grimpeur, et revêtir la tunique le soir-même. Lorsqu'ils s'étaient présentés ensemble à l'arrivée, l'Equatorien lui avait alors laissé la victoire pour services rendus.
Une victoire, sa première en Grand Tour, qui contraste avec celle de ce 14 juillet. Présent dans l'échappée, le champion du monde 2014 s'est envolé loin de l'arrivée, à 11 km du sommet du Grand Colombier, pour ne jamais être rejoint. Effondré sur son vélo à l'arrivée, à peine capable de célébrer sur la ligne, le Polonais n'en revenait pas. "C'est une journée formidable pour nous, c'est même inattendu, je ne pensais pas que l'échappée irait au bout. Les derniers mètres étaient sans doute les plus durs de ma vie mais j'ai bien géré les efforts. C'est un rêve qui se réalise", a retracé le natif de Chelmza, une petite ville de 15 000 habitants au croisement de Poznan, Gdansk et Varsovie.
Michal Kwiatkowski s'était révélé chez Quick-Step avec une 11e place au classement général pour son premier Tour en 2013, puis ce titre de champion du monde, ravi à la barbe des favoris à Ponferrada en 2014. Il avait ensuite fait un choix de carrière surprenant en 2016 en rejoignant l'armada Sky, qui ne laisse que peu de places aux seconds couteaux. Sur le Tour, il a alors très souvent mis ses ambitions de côté pour épauler Chris Froome, Geraint Thomas ou encore Egan Bernal, sans jamais rechigner.
Clé de voûte du système Ineos
Au point d'en faire un homme-clé du dispositif Ineos, en retrait sur le Tour depuis 2020. Kwiatkowski, qui parle sept langues, est le relais d'une formation à l'accent très international. "Nous avons toujours été une équipe exigeante, mais qui laisse sa chance à tous. C'est aussi une personne clé dans notre équipe, et dans le développement de Tom Pidcock. Il sait courir en coéquipier, il est crucial. Comme Geraint Thomas, il est un des meilleurs coéquipiers du monde", dévoile le manager adjoint Rod Ellingworth. "Il a toujours été une pièce centrale de l'équipe, tout le monde vient le voir vu son palmarès. Il parle beaucoup, mais c'est un super mec !", renchérit-il en esquissant un sourire.
Coureur parmi les plus complets du peloton, le Polonais avait su saisir ses quelques chances offertes pendant l'année pour aller chercher un Monument (Milan-San Remo en 2017) ou des classiques de prestige (l'Amstel Gold Race en 2015 et 2022). "C'est un coureur de classe mondiale. Il est intelligent. Chaque jour, il fait plus que ce qu'il doit faire. Il va également dans les échappées, donc il la mérite vraiment", souligne son directeur sportif Steve Cummings. "Il est tellement expérimenté qu'il sait toujours où il en est. Il vient souvent sur le Tour en tant que domestique, mais dans une année comme celle-ci, il peut saisir cette opportunité. C'est ça qui est formidable avec lui : il est assez fort pour la concrétiser. Il est en feu tout ce Tour, je suis vraiment heureux pour lui", enchaîne son manager Rod Ellingworth.
Altruiste à l'extrême, décisif quand il faut
Victime de deux chutes en 2022, dont une en juillet qui lui avait provoqué une commotion cérébrale, Michal Kwiatowski avait connu un début de saison 2023 compliqué, jusqu'à son troisième titre de champion national du chrono, début juin. En s'offrant une victoire de prestige en ce jour de fête nationale française - qui plaît décidément à sa formation Ineos-Grenadiers, un an après celle de Tom Pidcock - le Polonais a rappelé que son palmarès très garni n'avait rien d'un hasard.
Cela lui permet aussi d'enterrer le goût inachevé de sa victoire en 2020, offerte par Carapaz, le lendemain de l'abandon de leur leader Egan Bernal. "Avec Richard, on était à fond depuis le début, et on avait apprécié les derniers kilomètres ensemble", se souvient-il. Cette fois, c'est seul qu'il a fendu la foule du Grand Colombier pendant 10 kilomètres. "Sans le public, je pense que ça n'aurait pas été possible. Les fans étaient incroyables. Ils m'ont amené sur la ligne, c'est magnifique. J'étais dans la forme de ma vie. Je n'y crois pas encore, mais je suis là, non ?", conclut le vainqueur du jour. Il va pouvoir savourer un soir avant de retrouver, samedi, son habituel rôle d'équipier polyvalent.
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