Cet article date de plus de deux ans.

Transat Jacques-Vabre : "Le moral a été bien attaqué sur ce début de course", confient les skippers de Class 40

La Transat Jacques-Vabre a réservé un début de course particulièrement difficile aux Class 40, les bateaux les plus petits de la course. Conséquence : la route vers la Martinique sera plus longue que prévue. 

Article rédigé par Jérôme Val
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Amélie Grassi et Marie Riou à bord de leur Class 40 La Boulangère Bio. (ELOI STICHELBAUT / POLARYSE)

La Transat Jacques-Vabre, une classique de la course au large, n’est pas toujours une partie de plaisir, notamment pour les Class 40, les plus petits bateaux, qui constituent la catégorie la plus fournie. Depuis le départ du Havre (Seine-Maritime) le 7 novembre, les équipages ont connu des premiers jours difficiles. En ce vendredi 12 novembre, les conditions météos se sont un peu améliorées mais elles vont encore se compliquer dans le weekend. La route vers la Martinique sera donc beaucoup plus longue que prévue, ce qui n'est pas sans conséquences.

"Si je fais une carte postale, c’est ciel bleu, une mer courte avec des moutons qui déferlent et des bons surfs à 15 ou 17 nœuds, soit un peu moins de 30 km/h", décrit Stan Thuret, joint par franceinfo à bord de son monocoque Everial. Enfin, le plaisir est revenu dans la flotte des Class 40 : celui de la glisse au large des côtes du Portugal. Une embellie bienvenue car jusqu'ici les 45 bateaux de cette catégorie ne se sont pas beaucoup amusés. "Il y a même un peu d’agacement de ne pas avoir trouvé le bon trou de souris", résume le duo Jean Galfione / Eric Péron (Serenis Consulting).

Le duo salvateur

Le vent a déserté la Manche et la porte d’entrée du golfe de Gascogne, un scénario inhabituel à cette période de l’année. Résultat : les bateaux n’avançaient pas et les nerfs des marins ont été mis à rude épreuve. "Il a fallu rester très zen parce qu’on est tous restés bord à bord avec certains copains, se souvient Stan Thuret. Tu les vois filer dans une risée et le lendemain matin, ils ont pris beaucoup d’avance. C’était un peu dur la pétole." Les skippers ont donc dû être philosophe.

"De toute façon, on n’y peut pas grand-chose. Il faut parfois accepter qu’il y ait un petit facteur chance."

Stan Thuret, skipper Everial

à franceinfo

Être à deux sur cette Transat a donc permis aux équipages de s’épauler dans les moments difficiles. "Le double, c’est vraiment une bonne chose", assure Amélie Grassi sur son bateau La Boulangère Bio. "Il y en a souvent une qui râle un peu plus que l’autre et on peut lui dire : 'Va faire une sieste et tu seras plus agréable d’ici deux heures.' Ça permet de décharger un peu de frustration sur son binôme."

Sur ce début de parcours, les duos en course n'ont pas chômé : il a fallu multiplier les manœuvres et rester à la barre, ce qui limite l’utilisation du pilote automatique. "Quand tu as un vent à un ou deux nœuds et qu’il change de direction toutes les deux secondes, ton pilote consomme beaucoup d’énergie et il fait n’importe quoi. Il faut donc barrer soi-même", raconte Stan Thuret. 

Les skippers Stan Thurel et Mathieu Crepel sur leur Class 40 Everial. (PIERRE BOURAS / EVERIAL)

Difficile dans ces conditions de trouver du temps pour le repos. "Quand je suis fatigué, je suis sujet à des débuts d’hallucinations auditives, poursuit le skipper d’Everial. Je commençais à entendre des trucs. Le moral a été bien attaqué sur ce début de course." Sentiment partagé pour Amélie Grassi, qui participe à cette Transat avec Marie Riou. "On était cramées."

Un potentiel manque de vivres

Avec ces allures au ralenti, l'arrivée réconfortante à Fort-de-France (Martinique) n'est pas pour tout de suite. La flotte n’a même pas encore l’archipel du Cap-Vert dans le viseur et le retard s'accumule. Pour les Class 40, l’ETA c'est-à-dire la date estimée de l’arrivée, ne cesse de reculer : pas avant le 28 novembre pour les premiers, selon les dernières précisions de la direction de la course. Ce qui n’est pas sans poser des soucis à la plupart des duos, par exemple pour la nourriture. "Tu parles d’un truc qui fâche, rigole Amélie Grassi. On a prévu 18 jours de nourriture et on a rajouté quelques plats lyophilisés dans le sac le matin du départ. À ce rythme-là, je ne sais pas si on aura suffisamment."

Pour l'instant, les deux skippeuses mangent leurs rations journalières de manière assez assidue. "On fera le point au Cap-Vert pour voir où on en est et s’il faut se rationner ou pas. Ce qui est rassurant d’un autre côté, c’est qu’on a un dessalinisateur à bord et on aura toujours de quoi boire. Ça reste le plus important." La marche dans l’Atlantique pourrait encore se compliquer dans les prochains jours avec une météo toujours aussi capricieuse. "C’est vrai, sinon ça ne serait pas drôle", admet Stan Thuret. La Martinique va vraiment se mériter.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.