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Tour de France 2018 : comment va s'organiser la sécurité autour de Christopher Froome, cible des attaques du public ?

Le quadruple vainqueur du Tour de France Christopher Froome s'est élancé, samedi, dans la première étape de la course, cinq jours après avoir été blanchi par l'Union cycliste internationale de soupçons de dopage. L'hostilité du public reste très vive contre lui et les organisateurs prennent des mesures pour éviter une montée des tensions.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Le cycliste britannique Christopher Froome s'entraîne avec son équipe de la Sky, le 6 juillet 2018, près de Saint-Mars-la-Réorthe (Vendée).  (PHILIPPE LOPEZ / AFP)

Les organisateurs du Tour de France risquent de passer un mois de juillet mouvementé. La décision de laisser Christopher Froome prendre le départ de la Grande Boucle, samedi 7 juillet, ne passe pas auprès du public et du peloton. Blanchi lundi des soupçons de dopage qui pesaient sur lui par l'Union cycliste internationale (UCI), le quadruple vainqueur du Tour s'est fait copieusement huer par une partie du public, lors de la présentation des équipes, jeudi.

Echaudé par de nombreux cas de dopage chez d'anciens vainqueurs, le public pourrait encore une fois montrer son hostilité pendant la course, qui se terminera le 29 juillet. Face à l'hostilité des spectateurs, les organisateurs et l'équipe du coureur britannique ont tout fait pour déminer le terrain, avant le départ des coureurs, samedi. Comment va se dérouler le Tour pour Christopher Froome dans ces conditions tendues ? Franceinfo fait le point sur les initiatives prises par les organisateurs de la Grande Boucle pour faire oublier les accusations de dopage qui planaient contre l'ancien vainqueur du Tour.

Christopher Froome organise sa défense

Face aux critiques des spectateurs et du monde du cyclisme, le quadruple vainqueur du Tour organise sa riposte. "Je sais qu'il y a un risque avec le public, mais je ne vais pas courir pendant trois semaines la peur au ventre", a affirmé Christopher Froome auprès de France 2. Resté muet après la présentation des équipes du Tour à La Roche-sur-Yon (Vendée), jeudi, il a depuis choisi de répondre aux attaques dans les médias. Première étape de la défense du cycliste : une tribune publiée vendredi dans le journal Le Monde (lien abonné), dans laquelle Christopher Froome rappelle qu'il a été blanchi "après neuf mois d'analyses méticuleuses".

Gagner n'importe quelle course par le mensonge serait pour moi une défaite personnelle.

Christopher Froome

dans une tribune au "Monde"

Dans son texte, le Britannique qualifie de "légitimes" les questions soulevées par des "tests antidopage anormalement élevés en raison d'un traitement de mon asthme lors du dernier Tour d'Espagne". Le coureur se défend d'avoir pris du salbutamol, destiné au traitement de l'asthme, à des fins de dopage. Pour lui, les contrôles effectués par l'UCI qui démontraient des taux anormalements élevés s'expliquent notamment par des faux-positifs et par la non prise en compte de sa déshydratation au moment du test. "Il est possible de prendre la même dose de salbutamol tous les jours et d'avoir des résultats différents", écrit-il dans Le Monde.

"Je souffre d'asthme depuis l'enfance et, comme des millions d'asthmatiques, j'utilise un inhalateur de salbutamol afin d'en soulager les symptômes", a-t-il plaidé. "Vers la fin du Tour d'Espagne, ajoute-t-il, mon asthme s'est aggravé, ce qui m'a conduit à augmenter le nombre de bouffées, conformément à l'avis médical, dans le but de traiter le problème". Des explications à l'adresse du public du Tour de France.

La direction du Tour appelle au calme

Depuis la décision de l'UCI de blanchir Christopher Froome, lundi, les organisateurs n'ont pas eu d'autre choix que de s'aligner sur l'instance. Interrogé par franceinfo, Christian Prudhomme, le directeur du Tour de France, a ainsi défendu celui qu'il voulait écarter quelques jours plus tôt.  

Il faut consacrer la puissance de ses cordes vocales à encourager ses champions plutôt qu'à crier sur les autres.

Christian Prudhomme

à franceinfo

L'objectif de la direction du Tour est aujourd'hui d'éviter que les huées viennent gâcher la fête. "C'est quelque chose de rare, de très rare sur les routes du Tour de France, mais ça n'est pas rare dans un événement sportif", a minimisé le directeur du Tour, appelant les spectateurs du Tour à la "sérénité". De son côté, l'Union cycliste veut apaiser les tensions. "L'UCI comprend qu'il y aura beaucoup de débat autour de cette décision mais elle veut rassurer tous ceux qui aiment le cyclisme que cette décision est basée sur des conclusions d'experts, la position de l'AMA et une évaluation complète des faits", a déclaré l'organisme.

L'équipe Sky révise ses règles de sécurité

Du côté de l'équipe Sky, on craint que des spectateurs s'en prennent à leur champion. "Notre expérience du public en France a toujours été fantastique, a déclaré l'entraîneur de Christopher Froome au Guardian (en anglais). Mais nous savons aussi qu'il y aura une petite partie de la foule qui sera hostile"

Nous parlons depuis un long moment avec des membres de la sécurité de la Sky. Ils sont venus nous voir afin de nous conseiller sur notre fonctionnement et améliorer notre sécurité pendant les courses.

Tim Kerrison, entraîneur de Christopher Froome

au "Guardian"

Selon le Huff Post, le coureur, qui s'est élancé de Noirmoutier, samedi, était accompagné d'un garde du corps. Un dispositif normal pour un cycliste de son acabit, signale le site, mais qui dénote dans le contexte actuel. 

Des barrières en montagne pour éloigner la foule

Du côté des forces de l'ordre françaises, on rappelle que le dispositif policier qui entoure le Tour de France n'est pas adapté à la protection d'un coureur en particulier. "Les dispositifs des forces de l'ordre sont rarement conçus pour un cas particulier, même pour une visite présidentielle. La manœuvre est toujours globale", explique à l'AFP le commandant Gabriel Lothe, officier de liaison de la gendarmerie sur le Tour.

"Si on focalise trop sur quelque chose, on passera à côté d'autres choses. Le cas Froome s'envisage dans cette réponse globale, poursuit-il. Il y a aussi les spectateurs, il y a tous les autres coureurs. Il faut englober tout le monde dans cette sécurité, Froome comme les autres." Au total, quelque 29 000 personnes seront chargées du service d'ordre de la Grande Boucle, dont 23 000 policiers et gendarmes. 

Le risque sera particulièrement important pour Froome lors des étapes de montagne, lorsque le public s'approche très près des coureurs, et que leur vitesse est lente. Les barrières mises en place dans les derniers kilomètres doivent permettre de contenir la foule. Lors de l'étape de montagne de l'Alpe d'Huez, les clôtures seront placées très en avant de l'arrivée, pour éviter au maximum les contacts. "On sera au-delà de 3,5 à 4 kilomètres" de l'arrivée, détaille à l'AFP Pierre-Yves Thouault, en charge de la sécurité chez ASO, organisateur du Tour. 

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