Wimbledon 2023 : après le fiasco de Roland-Garros, les Français veulent reverdir sur le gazon londonien
À l'heure du top départ de Wimbledon (du lundi 3 au dimanche 16 juillet), l'échec de Roland-Garros plane au-dessus des têtes tricolores. Pour la deuxième fois de l'ère Open, soit depuis 1968, aucun Français n'était présent au troisième tour du tournoi parisien, comme c'était déjà le cas en 2021. Cette année-là, à Londres, le clan bleu-blanc-rouge n'avait pas été au-delà du deuxième tour, une première depuis 1981.
Si les voyants semblent au rouge, les joueurs français, eux, espèrent retrouver des couleurs dans le temple vert. Et faire oublier, une bonne fois pour toutes, leur contre-performance collective sur l'ocre parisien. Arnaud Clément, consultant pour franceinfo: sport et ancien 10e joueur mondial, voit "plus d'aptitudes" sur gazon chez une majorité des joueurs français.
Caroline Garcia, cheffe de file des Bleus
Impact sur le terrain, service, qualité de retour, Caroline Garcia est l'une des têtes d'affiche du tournoi londonien. "L’année dernière, c’est au mois de juin qu’elle avait commencé à jouer un tennis assez incroyable et commencé une série assez prodigieuse", rappelle Arnaud Clément. Du début de sa saison sur gazon jusqu'à sa demi-finale de l'US Open (perdue face à Ons Jabeur), la Lyonnaise avait enchaîné 34 victoires pour six défaites en 2022. Une série qui lui vaut, encore aujourd'hui, d'être numéro 5 mondiale.
"Le charme du gazon, c'est que tu repars sur une page blanche. Tout le monde est remis au même niveau, même si tu as pris de la confiance sur d'autres surfaces", a affirmé la Française après son élimination aux portes du dernier carré à Berlin contre Petra Kvitova. Dans une saison en deçà de ses espérances, avec une sortie prématurée porte d'Auteuil et seulement deux finales disputées (et perdues à Lyon et Monterrey), la numéro 1 française, sortie en huitièmes de finale de Wimbledon l'an dernier, a des arguments à faire valoir sur gazon.
"Quand on a bien joué à une certaine période de l’année, sur certains tournois, c’est que l’on s’y sent bien. Il y a plus de chances que ça se reproduise d’une année à l’autre."
Arnaud Clément, ancien 10e mondialà franceinfo: sport
Derrière la locomotive Caroline Garcia, un wagon fraîchement peint en bleu-blanc-rouge est venu s'atteler au train tricolore. Naturalisée française depuis le 5 juin, Varvara Gracheva, 43e à la WTA, est devenue la deuxième tricolore au classement mondial. En battant l'Italienne Sara Errani, ancienne cinquième mondiale, au tournoi de Bad Homburg (Allemagne), la Franco-Russe de 22 ans a exposé des qualités indéniables en vue de son premier Wimbledon sous pavillon français.
Des raisons d'y croire sans tête de série ?
Chez les dames, Caroline Garcia est tête de série n°5. Dans le tableau masculin, aucun Français n'a eu le droit d'être numéroté. Une situation défavorable, au point d'enterrer tout espoir de belles surprises ? "Tant que l’on n’a pas des joueurs qui ne sont pas un minimum protégés par leur classement, c’est difficile de parler d’ambition sur un tournoi du Grand Chelem", répond, sans détour, Arnaud Clément. Mais l'ancien tennisman français identifie tout de même "beaucoup de joueurs à suivre sur cette surface."
Le premier, Adrian Mannarino, brille depuis le début de la saison sur herbe. Le natif de Soisy-sous-Montmorency (Val-d'Oise) s'est hissé en finale du tournoi de Majorque après avoir atteint les quarts lors des tournois du Queen's (Angleterre) et de 's-Hertogenbosch (Pays-Bas). Durant cette période propice, le gaucher de 35 ans s'est offert, entre autres, le scalp de deux joueurs du top 10 mondial, le Russe Daniil Medvedev (numéro 3) et l'Américain Taylor Fritz (numéro 9). Avec un bond au classement à la clé (35e).
Arnaud Clément n'oublie pas de citer Richard Gasquet, "toujours capable de sortir de gros matchs, sur une surface qu’il maîtrise parfaitement et sur laquelle il peut poser beaucoup de problèmes à de grands joueurs". Enfin, Ugo Humbert, qui occupait le rang de numéro 1 français jusqu'à lundi, n'a glané qu'une victoire sur gazon cette saison. Mais pas de quoi s'alarmer pour Arnaud Clément : "Je pense qu’il n’a jamais été aussi fort qu’il ne l’est maintenant. Il n’a jamais aussi bien joué sur terre battue (une surface qui ne lui réussit pas) que cette année et il sera très intéressant à suivre" sur gazon, lui qui a remporté son dernier titre à Halle, sur cette surface, en 2021.
Baptême de l'herbe pour deux pousses françaises
Luca Van Assche et Arthur Fils, à la faveur d'une invitation, disputeront tous les deux leur premier Grand Chelem londonien. "C’est un apprentissage sur cette surface qui peut prendre un petit peu de temps, comme être complètement naturel", avertit Arnaud Clément. Ce qui est capital sur gazon, c’est de savoir bien bouger, et ce sont deux joueurs qui bougent très bien." Les deux promesses françaises apportent une nouvelle graine d'espoir dans le clan tricolore, qui ne demande qu'à germer dans le jardin de Wimbledon.
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