Tennis : avec les Jeux de Paris 2024 à Roland-Garros, la saison sur terre battue sera-t-elle différente ?

Le Masters 1000 de Monte-Carlo, qui a débuté lundi, lance la saison sur terre battue. Une saison qui se prolongera un peu cette année, avec les Jeux de Paris à Roland-Garros.
Article rédigé par Apolline Merle - à Monte-Carlo (Monaco)
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Vue sur le court Rainier III, le plus grand court du tournoi de Monte-Carlo, le 11 avril 2023, à Roquebrune-Cap-Martin. (MATTHIEU MIRVILLE / AFP)

Des terrains en terre battue au premier plan, un horizon bleu au second. Lundi 8 avril, la saison sur terre battue est, comme chaque année, lancée lors du Masters 1000 de Monte-Carlo. Mais en cette année olympique, la saison sur terre sera quelque peu modifiée. Si d'ordinaire Roland-Garros sonne la fin de la saison sur l'ocre, celle-ci joue cette année les prolongations.

En effet, après les Internationaux de France qui se terminent le 9 juin, la saison sur gazon prendra ses droits comme tous les ans jusqu'à la finale de Wimbeldon le 14 juillet, avant de refaire place à la terre parisienne pour les joueurs qualifiés pour les Jeux olympiques. Un enchaînement du calendrier, mais surtout un changement de surface tout aussi rapide. "Nous n'avons pas le choix", répond du tac au tac le Danois, 7e à l'ATP, Holger Rune, tout sourire.

"Il sera très intéressant de voir comment tous les joueurs vont gérer cette situation, confie l'Italien Jannik Sinner, 2e mondial. Cela ne sera pas simple, parce qu'il s'agit d'une surface où j'ai un peu de mal d'habitude. C'est assez unique de s'attaquer à nouveau à la terre battue après le gazon. Il va être important d'adapter la préparation. Souvent, la première semaine, nous avons des résultats étranges sur terre, donc le changement de surface va être intéressant. Le passage sur dur a été vraiment bon pour moi, nous allons voir maintenant ce que je peux faire sur terre battue."

Des Jeux sur terre, une première depuis 1992

Le retour à la terre battue pour les Jeux olympiques n'est pas anecdotique. Avant Paris 2024, il faut remonter à l'édition 1992 à Barcelone pour retrouver des Jeux sur l'ocre. Toutes les éditions suivantes se sont jouées sur dur, à l'exception de Londres en 2012 qui avait opté pour le gazon de Wimbledon. Toutefois, avantage du calendrier, le grand chelem londonien avait pris fin deux semaines avant le début des Jeux, permettant une préparation idéale pour les joueurs en amont des JO. À Paris 2024, la donne est différente, puisqu’entre le Majeur parisien et le début des Jeux, la saison sur gazon s'intercale. Un calendrier donc plus complexe à gérer cette année, où d'ordinaire le gazon est la transition parfaite pour passer des rallyes exigeants sur terre battue au dur, surface plus rapide.

"En effet, c'est plus compliqué mais ce n'est pas quelque chose d'étranger pour nous, tranche Novak Djokovic au micro de France Télévisions. En tant que joueurs de tennis, nous avons l'habitude. Nous changeons presque chaque semaine de surface sur les différents tournois. L'adaptation est une qualité qu'il faut développer pour tout joueur", appuie le Serbe, numéro un mondial, qui a fait des JO un "vrai objectif" cette saison. Même constat pour l'Espagnol Carlos Alcaraz, 3e mondial. "L'enchaînement sera difficile, mais nous avons l'habitude de jouer dans des conditions différentes chaque semaine et nous devons adapter notre jeu du mieux que nous le pouvons semaine après semaine."

"Après la saison sur terre, nous avons quelques semaines avant d'enchaîner sur l'herbe, et quelques semaines avant les Jeux olympiques, donc nous avons le temps d'adapter notre jeu."

Carlos Alcaraz, 3e joueur mondial

à France Télévisions

En l'occurrence, entre Wimbledon et les Jeux, les joueurs auront moins de deux semaines, 13 jours précisément, pour reprendre leurs marques sur terre. "C'est sûr que ce changement de surface va être un défi, confirme à son tour Gaël Monfils. Avec mon équipe, on se prépare un peu différemment pour que tous les membres et muscles tiennent [pendant cette période]. D’autant plus que j'enchaîne beaucoup pour me qualifier, il va donc falloir que je lève le pied, je ne sais pas encore quand. Mais que ce soit mentalement ou physiquement, j'aurai besoin de prendre quelques jours de repos au moins."

Une arrivée sur dur dans la foulée des Jeux

D'autant plus qu'après les Jeux, la saison sur dur enchaînera rapidement avec l'Open du Canada (Masters 1000) dès le 6 août, Cincinnati (Masters 1000) le 12 août et l'US Open le 26 août. Un enchaînement terre-dur quelque peu inédit et pas si simple. "Je pense que j'en parlerai après [les JO], rit Gaël Monfils. Je ne sais pas encore, mais il va y avoir une petite gestion à faire oui, et tout l'enjeu sera d'essayer de faire les bons choix."

"Effectivement, ce terre-gazon-terre-dur de suite n'est pas facile, reconnaît le Russe Daniil Medvedev, 4e joueur à l'ATP. L'Open du Canada va souffrir car les Jeux finissent juste avant et beaucoup de joueurs n'y seront pas."

"Il faut donc effectuer un gros travail avec son staff physique, le kiné pour voir comment gérer le corps pour ne pas se blesser jusqu’à la fin de la saison. Pour moi, il s'agit d'une première expérience comme ça."

Daniil Medvedev, 4e joueur mondial

à France Télévisions

Pour le Russe, il faudra surtout bien gérer la partie physique. "On joue sur dur depuis six mois et nous débutons la saison sur terre. Il y a des petites gênes ici et là et il faut les traiter assez vite pour que cela ne devienne pas un truc où tu ne peux plus jouer sur terre pendant un moment. Notamment au niveau de l'épaule, car les balles sont plus lourdes sur terre, ou les genoux car il faut être plus souple sur les jambes, ou encore aux hanches car tu glisses davantage. Sur le jeu, certains s'adaptent vite, pour moi c'est un défi."

De son côté, Arthur Fils (36e mondial), lui, n'a aucune appréhension face à ce calendrier. "J'avais déjà fait cet enchaînement l'an dernier. J'avais fait terre-gazon, puis j'étais reparti à Gstaad [Suisse] et Hambourg [deux tournois sur terre], avant Cincinnati [dur]. Donc cette année, je ferai exactement pareil car tout s'était bien passé", assure le jeune joueur de 19 ans, qui "ne connaît pas le calendrier classique", n'ayant connu qu'une vraie saison sur le circuit en 2023. "Pour moi, ajoute-t-il, ça allait, mais pour ceux qui sont habitués à faire terre-gazon-dur, c'est sûr que cela va changer un peu." 

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