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Reportage Mondiaux de ski alpin 2023 : lisseurs, soigneurs, secouristes… Ces petites mains indispensables à la compétition

Près de 1 500 bénévoles œuvrent chaque jour sur les championnats du monde de ski alpin, dont plusieurs centaines dédiés à la qualité de la piste.
Article rédigé par Adrien Hémard Dohain, franceinfo: sport - De notre envoyé spécial
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5 min
Les lisseurs sont regroupés, ici au départ du super-G féminin, pour intervenir par trio. (Adrien Hémard-Dohain / Franceinfo: sport)

"Sans eux, il n'y aurait pas de Mondiaux". Le constat est simple pour Coline Dheyriat, responsable de ceux qu'on appelle les "équipiers". Avec leurs tenues bleues, impossible de les manquer : ils sont partout à Courchevel et Méribel. Et pour cause : pour ces championnats du monde 2023, près de 1 500 bénévoles œuvrent jour et nuit par amour du ski, et du sport.

"On a reçu 2 000 candidatures, pour 1 200 places, en privilégiant ceux disponibles deux semaines et logés sur place, détaille Coline Dheyriat. En plus de ça, les enfants des clubs locaux viennent prêter main forte." Le tout forme une véritable fourmilière, qui s'active constamment dans les raquettes d'arrivées, que ce soit en tribune, à la buvette, dans les transports ou à la billetterie. Des rôles classiques pour des bénévoles d'un grand évènement sportif. Mais ces équipes sont aussi au cœur de ces Mondiaux, sur les pistes, au bord desquelles ils sont plusieurs centaines à intervenir chaque jour de course. 

Perceuse, GIGN et commando

Au bord de l'Eclipse et du Roc de Fer, on distingue ainsi quatre types d'équipiers, classés par couleurs de chasubles. Les plus attentifs d'entre vous auront sans doute remarqué quelques skieurs dans le dos des athlètes, à chaque passage. Ce sont les lisseurs, reconnaissables à leur dossard orange. L'un d'entre eux, Eric, pharmacien isérois, profite du temps passé sur le télésiège Cherferie pour expliquer son rôle : "On se lève à 5h30 tous les matins pour venir préparer la piste pour les athlètes, on enlève les paquets de neige en passant en dérapage sur le tracé avant la course, et entre chaque coureur."  

Eric et Nicolas, deux lisseurs, remontent par le télésiège entre deux passages sur la piste. (Adrien Hémard-Dohain / Franceinfo: sport)

Le jour de la descente hommes, ils étaient ainsi 450 lisseurs à se relayer pendant toute la matinée. "On part dans les traces de l'athlète, on fait trois à quatre portes, puis une autre équipe de lisseurs prend le relais, et ainsi de suite". Une tâche tout sauf aisée sur une neige dans laquelle de l'eau a été injectée afin de la durcir, et donc difficile à skier. "Ce n'est pas du dérapage tranquille, il faut aller très vite parce que le temps entre deux coureurs est très court. Il faut être rapide, efficace, et bien tenir sur ses skis parce que la neige n'est pas facile, mais on a eu des entraînements avant", ajoute Nicolas, autre bénévole, venu lui de l'Oise où il enseigne en école primaire.

Au bord du Roc de Fer, non loin des lisseurs, on retrouve leurs cousins au dossard bleu. Eux ont un rôle hybride. Armés de râteaux, ils dégagent les éventuels tas de neige, et redressent les portes bringuebalantes, nous explique Didier, artisan peintre retraité de la vallée, déjà bénévole aux JO d'Albertville en 1992 : "Méribel m'a fait travailler toute ma carrière, je trouve ça normal de venir lui rendre ce qu'elle m'a donné en donnant de mon temps pour ces Mondiaux, savoure le retraité. Et puis, on est aux premières loges des courses."

Au bord du Roc de Fer, Didier attend le signal pour intervenir sur la piste et dégager les tas de neige qui se forment. (Adrien Hémard-Dohain / Franceinfo: sport)

Au premier rang devant les filets de sécurité, les équipiers ont en effet la chance de côtoyer les athlètes de près. Mais pas de trop, car les bénévoles au dossard jaune, chargés de la sécurité, veillent au grain et surtout à ne laisser entrer aucune personne non autorisée.

Enfin, les dossards rouge de ceux qu'on surnomme le "GIGN". Rien à voir avec les forces de l'ordre, même si ce sont les "cadors" de la piste, sourit Didier. Leur rôle ? "Quand une porte est cassée, on entre en piste pour la remplacer", résume Hugo, 21 ans, venu de Londres pour l'occasion. Jamais loin de sa perceuse et de son stock de portes, l'étudiant français ajoute : "Entre les coureuses, on a une minute pour intervenir. Lors des coupures pubs, ça va, on a deux minutes [rire]".

Les dossards rouge du "GIGN" sont toujours prêts à intervenir, avec perceuse et portes sous la main. (Adrien Hémard-Dohain / Franceinfo: sport)

Au bord des pistes, tout ce beau monde est encadré par le "Commando". Là encore, pas de policiers au rendez-vous, mais une soixantaine de moniteurs de l'ESF réquisitionnés pour coordonner et superviser les équipiers. "Ils sont 30 par piste, et eux sont payés car ils ont commencé à travailler un mois avant les Mondiaux", précise Coralie Dheyriat. Mais les équipiers ne sont pas les seuls à s'activer pour offrir le meilleur spectacle possible.

Des dameuses au chômage technique

Chaque jour, des dizaines de membres de l'organisation travaillent notamment les pistes, qu'il faut bichonner entre deux courses. Les seuls tranquilles, finalement, ce sont les dameurs, qui n'ont pas eu à sortir depuis le début des Mondiaux. Responsable de la piste de l'Eclipse, Sébastien Santon explique pourquoi : "Si tout se passe bien, on ne passe pas la dameuse pendant deux semaines. En fait, on dame seulement s'il a neigé, sinon on prend le risque d'abîmer la piste".

Dans la série de ceux qu'on préfère ne pas voir travailler, on retrouve enfin les équipes médicales. "Sur la descente, on avait par exemple sept équipes de trois personnes réparties le long de la piste, avec à chaque fois deux pisteurs et un médecin, pour intervenir le plus vite possible, ajoute Sébastien Santon. Des hélicoptères attendent aussi en permanence, pour évacuer vers Chambéry ou Grenoble le cas échéant."

Si certains ont donc des journées bien plus chargées que d'autres – sans compter le temps de trajet, certains bénévoles venant de loin –, un parfum de colonie de vacances règne au-dessus de la fourmilière aux manteaux bleus, surtout pour ceux dormant à l'internat du lycée de Moûtiers. "On a beaucoup d'habitués, des anciens d'Albertville, qui aiment se retrouver, vivre ces moments, apprécie Coline Dheyriat. Et on a créé un programme des équipiers, avec des activités, des soirées, des spectacles, pour qu'ils soient à l'aise. Ce sont les premiers sourires des championnats du monde". Et les rouages indispensables pour faire tourner la machine.

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