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Quentin Fillon-Maillet, Emilien Jacquelin, Simon Desthieux... Qui est le mieux placé pour reprendre le flambeau de Martin Fourcade ?

Martin Fourcade parti à la retraite, l'équipe de France se retrouve dépourvue du patron du biathlon hexagonal de ces dernières années. En son absence, la France peut compter sur une densité impressionnante avec Quentin Fillon-Maillet, Emilien Jacquelin, Simon Desthieux, Antonin Guigonnat et Fabien Claude. Mais qui est le mieux placé pour reprendre le leadership délaissé par Martin Fourcade ? Tour d'horizon avec Stéphane Bouthiaux, directeur des équipes de France de biathlon.
Article rédigé par Vincent Daheron
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7 min
De droite à gauche, Simon Desthieux, Emilien Jacquelin et Quentin Fillon-Maillet entourent Martin Fourcade après leur victoire en relais lors des championnats du Monde 2020 à Antholz-Anterselva. (MARCO BERTORELLO / AFP)

Depuis dix ans, Martin Fourcade accaparait toute la lumière et (presque) tous les titres. Mais à la fin de l'hiver dernier, le patron a décidé de prendre sa retraite et de laisser une équipe de France de biathlon dépourvue de leader. A défaut d'un fer de lance, la France compte sur un collectif dense avec trois biathlètes dans les six premiers du classement général de la saison dernière. Qui va donc reprendre le rôle de chef de file laissé vacant depuis la retraite de Martin Fourcade ? Stéphane Bouthiaux, directeur des équipes de France nous aide à dresser l'état des troupes.

• Quentin Fillon-Maillet (28 ans), 3e du général en 2020

  (MARCO BERTORELLO / AFP)

C'était le meilleur biathlète du reste du monde l'année dernière. Déjà 3e au général en 2019, Quentin Fillon-Maillet était de nouveau le troisième larron d'un podium 2020 inévitablement composé aux deux premières marches de Johannes Boe et Martin Fourcade. Le Jurassien cumule 27 podiums individuels en Coupe du monde depuis son arrivée sur le circuit en 2013, auxquels il faut ajouter quatre médailles individuelles aux Mondiaux. Très bon sur les skis, régulier derrière la carabine, Quentin Fillon-Maillet manque en revanche de victoires pour passer un vrai cap. Avec trois succès individuels en Coupe du monde, QFM ne gagne pas très souvent mais la retraite de Martin Fourcade pourrait le libérer. Il doit gagner en régularité pour assurer la deuxième place au général cette saison et tenter de faire douter Johannes Boe le plus longtemps possible dans la lutte au dossard jaune.

L'avis de Stéphane Bouthiaux (directeur des équipes de France) : "Quentin (Fillon-Maillet), je pense que c'est le plus à même aujourd'hui de tenir la distance sur une saison complète et d'aller se battre pour le classement général de la Coupe du monde. Il a fait troisième il y a deux ans, troisième l'an dernier, tout près du gros Globe. C'est quelqu'un qui s'est construit sur la durée, qui ne fait que progresser année après année. Il a aujourd'hui 28 ans, il est dans ses toutes meilleures années et on peut s'attendre à du très bon avec Quentin (Fillon-Maillet) avec un petit bémol sur la régularité. Il est moins régulier, moins constant que pouvait l'être un Martin (Fourcade), mais on peut espérer qu'avec une année de plus, il ait encore gagné dans ce domaine."

• Emilien Jacquelin (25 ans), 5e au général en 2020

  (MARCO BERTORELLO / AFP)

C'est sans aucun doute la révélation de la saison 2019-2020. Emilien Jacquelin a prouvé qu'il avait l'étoffe des meilleurs malgré son jeune âge. Son année a été formidable a tout point de vue. Il a décroché son premier podium en Coupe du monde sur la poursuite d'Hochfilzen (Autriche) en décembre 2019 avant de confirmer une semaine plus tard, à domicile, au Grand-Bornand. Au total, il a terminé la saison avec huit podiums en individuel et le petit globe de la poursuite. Surtout, Emilien Jacquelin est devenu le quatrième français champion du monde de l'histoire en individuel en glanant l'or sur la poursuite d'Antholz-Anterselva (Italie). Après son exploit, il avait empoché la médaille de bronze sur la mass-start de ces Mondiaux. Doté de grosses qualités physiques sur le ski et d'un tir particulièrement rapide, Emilien Jacquelin doit se montrer plus régulier lui aussi pour grimper au classement général.

L'avis de Stéphane Bouthiaux : "Il a tout pour faire une grande, longue et belle carrière. De là à reprendre le flambeau de Martin Fourcade, je n'irai pas jusque-là parce qu'à son âge il était déjà champion olympique et avait déjà gagné le classement général de la Coupe du monde. On a des athlètes capables d'aller gagner, Emilien (Jacquelin) en fait partie, il l'a montré en étant champion du monde. Il est capable de faire de grosses performances. Est-ce qu'il sera capable d'avoir la régularité qu'avait Martin (Fourcade) ? Pour le moment, je pense qu'il lui faut un petit peu de temps."

• Simon Desthieux (28 ans), 6e au général en 2020

  (MARCO BERTORELLO / AFP)

Simon Desthieux est devenu un cadre de l'équipe de France ces dernières années, un élément toujours utile, et à la hauteur dans les relais à l'image de son titre de champion olympique sur le relais mixte en 2018 à Pyeonchang (Corée du Sud). Présent sur la Coupe du monde depuis 2012, le natif de Belley (Ain) ne cesse de progresser ces dernières années. Il figure dans le top 10 au général de ces trois dernières saisons (8e, 4e et 6e) avec en prime la troisième place au classement du sprint en 2018/2019. Très bon au tir debout, sa première balle reste tout de même déterminante pour sa confiance et le reste de la course. Il est capable de tenir le rythme de Johannes Boe mais rarement sur l'intégralité d'une course. Ses statistiques le prouvent, malgré six podiums en individuel, il manque une victoire en Coupe du monde pour Simon Desthieux. Et si cette année était la bonne ?

L'avis de Stéphane Bouthiaux : "C'est l'agence tous risques. C'est le mec qui, depuis trois saisons, ne sort plus des dix ou quinze premiers quelle que soit la course. Il monte régulièrement sur les podiums. Il devrait, à mon avis, avoir fait beaucoup mieux que ce qu'il a fait. Il lui manque ce petit truc, cette flamme qui fait qu'il va aller chercher la dernière balle pour la mettre au fond de la cible pour enfin décrocher sa première victoire individuelle. A l'image de Quentin (Fillon-Maillet), c'est quelqu'un qui peut réellement se battre pour le classement général de la Coupe du monde."

• Fabien Claude (25 ans), 19e au général en 2020

  (JURE MAKOVEC / AFP)

C'est l'autre jeune potentiel du groupe avec Emilien Jacquelin. A bientôt 26 ans (le 22 décembre), Fabien Claude a découvert la Coupe du monde en 2016 mais alternait régulièrement avec l'équipe de France B en IBU Cup (le niveau inférieur). Il entame aujourd'hui  une deuxième année consécutive au plus haut niveau mondial après une saison 2019/2020 qui a permis d'entrevoir le talent du Spinalien. Fabien Claude a terminé à la cinquième place de l'individuelle, discipline sur laquelle il a décroché son unique podium individuel en Coupe du monde. C'était le 23 janvier dernier à Pokljuka (Slovénie), quelques jours seulement après la disparition de son père, Gilles, dans un accident de motoneige au Canada. Fabien Claude a le potentiel pour grimper de nouveau sur la boîte mais doit absolument progresser au tir, lui qui pointait à 79% de réussite la saison passée.

L'avis de Stéphane Bouthiaux : "Gros potentiel, on le sait, mais qui tarde à confirmer. Il a fait son premier podium l'an dernier avec son premier 20/20 au tir dans les circonstances que l'on connaît suite au décès de son papa. Avec un esprit de revanche, un esprit que je ne pourrais pas trop expliquer. Il n'était pas tout seul sur la piste. J'espère qu'il sera à même, en tout cas il en a les capacités, de réitérer des courses comme celle qu'il a réussie à faire ce jour-là. Il tarde un peu à éclore. On sait qu'il peut être très fort physiquement sur les skis mais il a toujours ce petit souci, à aller chercher des 10/10 ou des 20/20 derrière la carabine."

• Antonin Guigonnat (29 ans), 27e au général 2020

  (MICHAL CIZEK / AFP)

Antonin Guigonnat sort d'une saison extrêmement compliquée, en deçà de ses espérances, alors qu'il avait pourtant réalisé sa meilleure saison l'année précédente. En 2018/2019, Guigonnat avait terminé 11e au général mais surtout 5e du sprint. Une belle année ponctuée d'une médaille d'argent aux Mondiaux d'Östersund (Suède) sur la mass-start. Mais en 2019/2010, Antonin Guigonnat n'a pas confirmé les espoirs placés en lui, à l'image de sa carrière alternant le bon et le moins bon. Il n'est entré qu'une fois dans le top 10 en individuel la saison dernière (8e de la poursuite à Ruhpolding en Allemagne). Le Haut-savoyard a pourtant du talent, ses six podiums individuels en Coupe du monde en témoignent, et il est attendu bien plus haut cette année.

L'avis de Stéphane Bouthiaux : "C'est le joker. On a du mal à savoir à quoi s'attendre avec Antonin (Guigonnat). Il est capable du meilleur comme du pire. Il est capable d'être vice-champion du monde d'une mass-start il y a deux ans en sortant un peu de nulle part et le lendemain, il est capable d'être 45e. C'est le joker de l'équipe, le mec qui peut gagner, mais on ne saura jamais réellement ni où ni quand."

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