Biathlon : Julia Simon vise un deuxième sacre, Quentin Fillon Maillet dans le flou... Ce qu'il faut savoir avant la reprise de la Coupe du monde
Le début d'un hiver intense. Le biathlon fait son grand retour, samedi 25 novembre, avec la première des neuf étapes au programme, disputée sur la neige suédoise d'Ostersünd. Avec au total 70 courses prévues d'ici au 17 mars prochain, les Français auront sans aucun doute plusieurs occasions de briller. L'attention sera évidemment focalisée sur Julia Simon, lauréate du dernier gros globe de cristal, tandis que Quentin Fillon Maillet tentera de retrouver son statut de numéro 1, après une année loin de ses standards et dans l'ombre de l'ogre norvégien, Johannes Boe.
Julia Simon, une défense de titre malgré les remous
Vainqueure de son premier gros globe de cristal et sacrée championne du monde de la poursuite à Oberhof (Allemagne), la native d'Albertville aura la pancarte au moment d'entamer ce qui pourrait être la saison de la confirmation pour elle. "Forcément, je sens bien qu'il y a de l'attente. Il y en a aussi de mon côté, j'ai envie de montrer que ce n'était pas un coup de chance, assurait Julia Simon à l'AFP ces derniers jours. Quand on vit ces émotions-là, on a envie de les revivre, je me suis entraînée pour ça."
Sur sa route vers un deuxième gros globe, les adversaires seront nombreuses : des Suédoises Elvira et Hanna Oeberg, qui n'ont pas duré dans la longueur l'hiver dernier, aux Italiennes Dorothea Wierer et Lisa Vittozzi, respectivement deuxième et troisième du classement général. Seul hic : la préparation de Julia Simon a été largement perturbée par des problèmes extra-sportifs.
Visée en juillet par deux plaintes pour fraude à la carte bancaire pour des faits présumés remontant à l'été 2022 - des accusations qu'elle conteste au point d'avoir porté plainte contre X pour usurpation d'identité -, la biathlète de 27 ans s'est entraînée seule, à l'écart des rassemblements des Bleus. Une prise de distance logique puisque l'une des plaignantes n'est autre que la championne olympique tricolore de la mass start, Justine Braisaz-Bouchet, qui effectue son retour après un an d'absence en raison de sa maternité.
Si l'entraîneur des Bleues, Cyril Burdet, a affirmé à ce sujet que "l’amitié n’est pas forcément nécessaire pour faire de bons partenaires de compétition", dans les colonnes de 20 minutes en amont d'Ostersünd, les deux femmes ne sont toutefois pas alignées dans les mêmes relais pour ce premier week-end.
Quentin Fillon Maillet, un statut à retrouver
"QFM" est lui au pied du mur. Inarrêtable en 2021-2022, avec un premier gros globe et cinq médailles olympiques à Pékin (dont deux titres), le Français a connu le contrecoup de sa réussite l'an passé, ne parvenant à accrocher que deux petits podiums. Huitième du classement de la Coupe du monde, il n'avait jamais réussi à livrer bataille à son rival norvégien Johannes Boe.
"Après les Jeux, il a dit qu'il me remerciait de l'avoir poussé dans ses retranchements, de l'avoir bousculé dans son orgueil. Je me retrouve un peu dans la même situation. J'ai envie de me venger de la saison dernière", expliquait ainsi Quentin Fillon Maillet à Eurosport la semaine passée, concédant néanmoins avoir dû s'astreindre à une batterie d'examens et à lever le pied tout l'été après avoir ressenti un niveau de fatigue anormalement élevé au moment d'attaquer la préparation.
"Maintenant, les sensations sont normales. La fin de la préparation a tout de même été bonne et j'ai pu progresser sur d'autres points, a-t-il rassuré. Il y a un peu d'appréhension parce que j'attends de voir ce que tout le travail fourni depuis le mois de mai va donner face aux adversaires qu'on n'a pas croisés depuis un petit moment".
Comme lui, les Français sont en quête de rachat après le dernier hiver, où aucun d'entre eux n'était parvenu à s'imposer sur les courses individuelles. Une première depuis 1997. Avec l'arrivée de Simon Fourcade et de Jean-Pierre Amat comme nouveaux coachs, les Bleus devront vite répondre présent. Parmi les autres têtes d'affiche, Fabien Claude (10e du classement général l'année dernière) mais aussi Emilien Jacquelin (16e) seront particulièrement attendus. Le double champion du monde de la poursuite avait écourté son exercice 2022-2023, le "réservoir vide" et la tête à l'envers.
La menace Johannes Boe plane toujours
Dix-neuf victoires sur 25 possibles (Coupe du monde et Mondiaux confondus), sept médailles dont cinq titres mondiaux en sept épreuves à Oberhof (Allemagne), une seule course individuelle terminée hors du podium... Les statistiques de Johannes Boe ont affolé tous les compteurs en 2022-2023. Alors qu'il brigue un cinquième gros globe, qui le ferait revenir à deux unités du record de Martin Fourcade, le cadet des frères Boe s'avance en favori absolu. "Son corps est tout simplement fait pour skier vite. Il est incroyable sur la piste et il a travaillé son tir. En gros, ça le rend imbattable", résumait son compatriote et principal concurrent, Sturla Holm Laegreid, auprès de l'AFP.
Avec ces deux hommes, auxquels on peut également ajouter Vetle Sjastad Christiansen, l'armada norvégienne semble de nouveau prête à tutoyer les sommets. D'autant qu'ils pourraient tirer parti du changement de réglementation interdisant désormais aux biathlètes de farter leurs skis au fluor, ce qui devrait réduire considérablement la vitesse en course.
"Les Norvégiens ont toujours eu plus de budget, plus de techniciens, c'est une situation que l'on connaît depuis des années. Ils en profitent pour nous faire peur, ce sera un levier pour eux sur le début de saison", a ainsi estimé Quentin Fillon Maillet, dont l'équipementier est le même que Johannes Boe. Reste à savoir qui parviendra à les farter le mieux.
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