L’Irlande en patronne, l’Ecosse confirme, la France pragmatique… Ce qu’il faut retenir de la première journée du Tournoi des six nations

Nombreux sont ceux, joueurs, entraîneurs, journalistes de tous pays, à considérer que ce Tournoi des six nations est le plus relevé depuis bien longtemps. Les chocs de la première journée n’ont pas déçu. Au contraire, ils n’ont fait qu’attiser l’excitation et les promesses pour la suite de la compétition. Les surprises et les désillusions sont déjà là. Avant de vous projeter sur la suite, franceinfo:sport vous propose de revenir sur les enseignements de ces premières rencontres.    

L’Irlande et l’Ecosse frappent fort

Il y a des succès qui marquent, qu’ils soient le fruit d’une copie quasi parfaite et relativement attendus ou qu’ils soient arrachés au bout du suspense et viennent affirmer un statut d’adversaire plus enquiquinant que du poil à gratter. Suivons la chronologie et commençons par la première performance du week-end. Les Irlandais, menés par un Jonathan Sexton précieux dans l’animation de jeu, ont corrigé des Gallois, tenants du titre (29-7), à côté de leurs pompes.  

La performance de la quatrième nation au classement mondial, et futur adversaire des Bleus (12 février, 17h45), n’est "pas surprenante" pour le manager des Tricolores, Raphaël Ibañez. Si tout n’a pas été parfait - l’addition aurait pu être bien plus salée au regard de la domination du XV du Trèfle - les joueurs d’Andy Farrell ont présenté le contenu le plus solide de cette journée.  

Dans la foulée, et dans un autre style, les Ecossais ont aussi marqué les esprits. Bousculés, dominés, ils ont fait preuve d’un pragmatisme propre aux grandes équipes. En battant pour la deuxième fois consécutive les Anglais (20-17) dans le Tournoi, les coéquipiers de Stuart Hogg ont réitéré une performance vieille de presque 40 ans (1983-1984) et confirmé leur statut d’adversaire désormais capable de renverser n’importe qui. Ils signent la performance de ce début de Tournoi.   

L’Angleterre et le pays de Galles, grands perdants  

Leurs adversaires respectifs sont à coup sûr ceux qui se mordent le plus les doigts après ces premières joutes. On savait les Gallois diminués par de nombreux absents, dont leur capitaine et leader de défense Alun Wyn Jones, mais on ne les aurait pas crus aussi inoffensifs. Le tenant du titre et aspirant à sa propre succession a pris du plomb dans l’aile et n’a pu sauver l’honneur qu’en fin de match sur une interception de Taine Basham (76e). Le retour attendu de certains cadres pour la réception de l’Ecosse ne pourra qu’être salvateur, mais pas nécessairement suffisant.  

Les Anglais, orphelins de leur capitaine Owen Farrell (opéré de la cheville et forfait pour le Tournoi), sont probablement autant - si ce n’est plus - frustrés après leur échec à Murrayfield. Cinquièmes l’an passé, plombés à l’époque par une défaite d’entrée dans leur cocon contre l’Ecosse qui avait conditionné un Tournoi à oublier, les joueurs manœuvrés par Eddie Jones doivent être soucieux que l'histoire se répète.

S’il a échoué à prendre sa revanche d’un cheveu, le XV de la Rose mené par Marcus Smith a montré de quoi espérer un sursaut dès le prochain match en Italie. Les Italiens, vaillants comme à leur habitude, ont fini par concéder leur 33e défaite consécutive dans le Tournoi, en s'inclinant face aux Bleus (37-10), dimanche.  

La France peut mieux faire  

Last but not least, les Tricolores ont assuré l’essentiel en s’emparant du bonus offensif face à l’Italie (37-10). La France n'avait jamais battu les Italiens avec un tel écart dans le Tournoi. Mais ne vous fiez pas trop aux cinq essais passés qui pourraient faire croire à une victoire facile. Face à des Transalpins qui ont fini par craquer physiquement, rincés par le travail des avants français (Willemse-Alldritt en tête), avant d’être châtiés par les cannes de Gabin Villière dans le final, la bataille a été ardue. L’indiscipline des Bleus, sanctionnés près de 14 fois, sera l’un des principaux axes de travail de la semaine, concédaient Antoine Dupont et Raphaël Ibañez en conférence de presse après la rencontre.

"Il y a eu quelques mauvais choix, des approximations, notamment de mon fait. La plupart du temps, mes jeux au pied de pression étaient trop longs et on a eu du mal à trouver de la longueur pour trouver les touches après leurs renvois, ce sont des choses à améliorer. On sait tous qu’il faudra élever notre niveau de jeu individuellement pour le prochain match", concluait le demi de mêlée du XV de France. Ce sera nécessaire pour espérer rivaliser avec l’Irlande, samedi.