Coupe du monde féminine de rugby : trois leçons à retenir après la défaite des Bleues en demi-finale
Les Françaises ont été éliminées en demi-finale par les Anglaises (3-20), mardi 22 août. Franceinfo tire les enseignements de cet échec.
Pendant au moins vingt minutes, on y a cru. Mais la pluie britannique a finalement coûté la finale aux Bleues. La France a été éliminée par l'Angleterre (20-3), en demi-finale de la Coupe du monde féminine de rugby, mardi 22 août à Belfast (Royaume-Uni). Le XV tricolore tentera de monter sur la troisième place du podium, samedi, en affrontant les Etats-Unis lors de la petite finale. Avant cette ultime rencontre, franceinfo tire trois leçons du parcours – et de la désillusion – des Bleues.
Elles produisent du beau jeu
L'entraîneur des Bleues, Olivier Lièvremont, avait annoncé la couleur avant même le début de la compétition : "Nous sommes affamés, avait assuré le sélectionneur à France Bleu, à la veille du premier match des tricolores. On vient chercher quelque chose de grand." Sur le terrain, l'envie des Françaises s'est traduite par un jeu souvent spectaculaire. Elles ont écrasé le Japon (72-14), lors du premier match de poule, en marquant douze essais. Elles ont ensuite enchaîné les succès face à l'Australie (48-0) et la nation hôte, l'Irlande (21-5).
Malgré la défaite, les Bleues estiment avoir "quand même fait plaisir à (leur) public" avec le jeu proposé face à l'Angleterre, confie la troisième-ligne Manon André au Monde.
On a vraiment essayé de jouer un rugby total, le rugby qu’on aime, tout simplement. Pour moi, le salut du rugby passera par le jeu.
Yanna Rivoalen, demi de mêlée du XV de Franceau "Monde"
Même les membres du XV de France masculin ont été séduits par leur "French flair", ce style de jeu créatif qui consiste à enchaîner les passes. "Le jeu des Bleues est plaisant à voir et, surtout, il est efficace, a assuré le troisième ligne Damien Chouly. Elles sont en train de faire quelque chose de très beau pour le rugby."
Elles sont dans l'ombre du rugby masculin, mais elles méritent d'être au premier plan.
Baptiste Serin, membre du XV de France
… donc attirent de plus en plus de spectateurs
Le beau jeu des Bleues a séduit le public, de plus en plus nombreux devant sa télévision. Le dernier match de poule contre l'Irlande, dimanche 20 août, a battu un premier record d'audience pour le rugby féminin avec un pic à 3,1 millions de spectateurs sur France 2. Il "a été suivi en moyenne par 2,4 millions de téléspectateurs pour 12,4% de part d'audience", a précisé la chaîne.
Ce record a une nouvelle fois été battu pendant la demi-finale de la Coupe du monde, mardi 22 août. La rencontre a été regardée par trois millions de téléspectateurs en moyenne, soit 15,1% de part d'audience. Un pic de 3,5 millions a même été atteint, précise francetv sport sur Twitter.
#audiences #WRWC2017
— francetvsport pro (@ftvsport_pro) 23 août 2017
hier nouveau record pour un match de rugby féminin avec les Bleues
3M tvsp pour 15,1% PdA
Pic à 3,5M
@France2tv pic.twitter.com/F6orjotnSH
Pour Sandrine Agricole, ancienne joueuse du XV de France et consultante pour France Télévisions, "les résultats [des Bleues] et l'effervescence créée autour du rugby pratiqué par des femmes expliquent que France Télévisions ait redonné sa confiance à l'équipe en diffusant ces matchs en prime time". "C'est un signe fort qui prouve que l'équipe féminine a autant sa place que l'équipe masculine", expliquait-elle à franceinfo.
… mais souffrent de leur manque d'expérience
L'enthousiasme des Bleues n'a pas fait le poids face à l'expérience des Anglaises. Le XV de la Rose a su adapter son jeu à la pluie, qui a transformé le ballon en véritable savonnette lors de cette demi-finale à Belfast. Les tricolores, elles, ont décidé de conserver la même stratégie et ont enchaîné les fautes. Une erreur qui souligne l'écart qui existe encore entre les Françaises, toutes amatrices ou semi-pro, et leurs adversaires. La totalité des Anglaises envoyées à la Coupe du monde sont en effet sous contrat, et la fédération britannique va lancer à la rentrée un championnat national ambitieux, quasi professionnel, et le mieux doté de la planète. Des conditions de préparation bien différentes (et plus favorables) que celles des Bleues.
"Il y a (…) un peu trop de fébrilité pour que l'on puisse passer en finale", a reconnu Annick Hayraud, la manager du XV de France, interrogée par L'Equipe après le match. Mais les tricolores veulent continuer à miser sur le "French flair". "Il y a trop d'erreurs, mais on a des joueuses qui sont capables de déplacer le ballon, poursuit Annick Hayraud. Ça ne remet pas du tout en cause notre jeu." Les Françaises ont encore quatre ans pour se perfectionner et, peut-être, briser la malédiction : en huit Coupes du monde, elles ont désormais échoué en demi-finale à sept reprises.
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