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Présidentielle 2022 : quels sont les grands chantiers sportifs du deuxième quinquennat d'Emmanuel Macron ?

Réélu pour un second mandat dimanche, Emmanuel Macron aura d'importants dossiers sportifs à gérer lors d'un prochain quinquennat marqué par les Jeux de Paris en 2024.

Article rédigé par Apolline Merle, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Emmanuel Macron après sa réélection à la présidence de la République, le 24 avril 2022 au Champ-de-Mars à Paris. (THOMAS COEX / AFP)

Les Français ont renouvelé leur confiance à Emmanuel Macron pour un second mandat, dimanche 24 avril. Lors des cinq prochaines années, la France sera au cœur des événements sportifs internationaux, avec notamment l'accueil des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 et de la Coupe du monde de rugby en 2023.

Jamais un président français n'aura couvert autant d'événements sportifs de cette ampleur. Derrière le prestige et le rayonnement de tels rendez-vous, le président Macron ne devra pas en oublier les grands enjeux nationaux, comme l'épineuse question de la violence dans les stades de football ou encore une meilleure intégration des femmes dans toutes les branches du sport français. Tour d'horizon des chantiers en cours et à mener. 

Paris 2024 et France 2023 : l'objectif de briller à la maison

Emmanuel Macron a fait de la réussite des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 un objectif. En septembre 2021, alors qu'il recevait les médaillés français revenus de Tokyo, le président de la République a reconnu que le bilan n'était pas "tout à fait celui que nous attendions". Avec 33 médailles glanées, soit neuf de moins qu'à Rio quatre ans auparavant, l'équipe de France s'est positionnée en deçà de ses standards habituels. 

"On doit faire beaucoup plus, parce que ce sont nos Jeux, à la maison, on est attendu", avait affirmé Emmanuel Macron, donnant l'objectif d'intégrer le top 5 mondial à l'issue des JO. Pour cela, il a promis que l'Etat soutiendrait les sportifs français, en insistant sur la philosophie actuelle de "concentrer nos efforts sur les disciplines à fort potentiel" de médailles.

Aux avant-postes, l'Agence nationale du Sport (ANS) a pour mission de donner le soutien nécessaire - financier, structurel, organisationnel - aux fédérations sportives pour remporter des médailles à Paris. La France a notamment lancé depuis septembre 2021 une vaste opération de recrutement d'entraîneurs étrangers, qui a permis d'aller chercher des compétences au-delà de nos frontières quand les besoins des fédérations l'exigeaient. L'exigence est d'ailleurs la même pour 2023, puisque la France recevra la Coupe du monde masculine de rugby, un an et demi après que le XV de France a conquis son premier Grand Chelem depuis douze ans. Une première opportunité de rayonner avant les Jeux. 

Faire de la France une scène mondiale d'esport

Le président Macron a déjà montré à de nombreuses reprises son attachement au secteur du numérique et de l'innovation au sens large. En tant que candidat, Emmanuel Macron a, ces derniers jours, mis l'accent sur l'esport. "Nous sommes l'une des grandes nations du jeu vidéo, reconnue partout dans le monde pour la richesse de ses œuvres, la qualité de ses formations et le dynamisme de son industrie", a-t-il estimé dans une interview publiée le 24 avril chez nos confrères de The Big Whale, site spécialisé sur l'actualité des nouvelles technologies du web. 

Pour le chef de l'Etat, la France doit profiter des Jeux de Paris pour se positionner sur l'esport, "autre domaine d’excellence française". "A nous d’en profiter pour faire le lien entre les Olympiades des deux mondes en accueillant cette année-là les plus grands événements esportifs mondiaux : un major de CS:GO, les Worlds de League of Legends et The International de Dota 2 (soit les trois plus grandes compétitions de la discipline). Si les Français me font confiance, nous y travaillerons dès mon élection. C’est cela, aussi, le rayonnement de la France", a-t-il assuré dans cette même interview. 

Le besoin urgent de pacifier les tribunes

Les violences dans les stades de football sont devenues récurrentes cette saison. A tel point que la question a été remontée au plus haut niveau de l'Etat. Après une première réunion de consultation le 23 novembre 2021, le ministère de l'Intérieur a établi trois semaines plus tard, le 16 décembre, une série de mesures pour tenter d'endiguer ces violences : l'arrêt définitif et systématique d'un match en cas d'arbitre ou de joueur blessé par un projectile, un délai maximum de 30 minutes pour décider du sort du match, et l'interdiction des bouteilles en plastique dans les stades au 1er juillet 2022.

Ces mesures suffiront-elles à endiguer cette hémorragie ? Marquée par une dizaine d'incidents divers, la saison 2021-2022 de Ligue 1 a encore connu des débordements ce mois-ci avec une tentative d'intrusion de spectateurs le 10 avril sur le terrain à Brest, face à Nantes, sur fond de tensions entre ultras. Ou encore le 23 avril, avec l'interruption pendant une demi-heure du match entre Saint-Etienne et Monaco en raison de fumigènes et de feux d'artifices, normalement interdits dans le stade, utilisés par les ultras pour fêter les trente ans du groupe Green Angels.

Une France sportive via le sport à l'école 

Emmanuel Macron avait déjà testé la mesure sous son premier quinquennat. Il a décidé d'en faire une de ses propositions pour son second mandat. Le chef de l'Etat souhaite en effet généraliser la mesure de trente minutes de sport par jour à l’école sur l'ensemble du territoire, pour les enfants de 6 à 12 ans, dès la rentrée 2022. Cette mesure, qui vient en complément des heures d'éducation physique et sportive (EPS), figurait déjà dans la loi sur la démocratisation du sport votée le 24 février 2022.

Ce temps d'activité physique quotidien est une première étape pour lutter contre la sédentarité, très présente chez les jeunes français. Selon l’expertise menée par l’Anses, publiée en novembre 2020, 66 % des jeunes de 11 à 17 ans interrogés, "présentent un risque sanitaire préoccupant". Sur le terrain, la mesure ne fait pas l'unanimité, du fait d'un emploi du temps scolaire difficilement étirable et des installations sportives inégalitaires sur le territoire. 

Place des femmes dans le sport : après la prise de conscience, les actes

Après les révélations de l'ancienne patineuse Sarah Abitbol, en janvier 2020, sur les agressions sexuelles qu'elle a subies entre 15 et 17 ans, la parole des femmes s'est libérée dans le milieu du sport. Le retentissement a été si important que le ministère des Sports a lancé en 2020 une Convention nationale de prévention des violences dans le sport. Cette Convention, qui s'est installée comme un rendez-vous annuel, a permis de remonter au niveau de l'Etat les affaires d'agressions sexuelles dans le sport et d'identier et de sanctionner les auteurs de ces actes.

De manière plus générale, la place des femmes dans le sport à tous les niveaux s'est affirmée (sportives, encadrantes, dirigeantes) notamment sur la question de la parité aux postes de dirigeants au sein des fédérations sportives. Cette parité, inscrite dans la loi de démocratisation du sport en France, votée en février 2022, entrera en vigueur en 2024 à l'échelon national, en 2028 pour l'échelon régional. Mais après la prise de conscience et les annonces de changement, le second quinquennat du président Macron sera jugé sur les actes. 

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