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ENTRETIEN. Mondiaux de natation : "A Fukuoka, la compétition sera beaucoup plus relevée qu'à Budapest", assure Jacco Verhaeren, directeur des équipes de France

Le directeur des Bleus affirme qu'il ne vise pas un nombre précis de médailles à Fukuoka, mais il compte sur la force collective de son groupe pour faire de ces Mondiaux au Japon (23 au 30 juillet) une réussite.
Article rédigé par Quentin Ramelet, franceinfo: sport - De notre envoyé spécial à Fukuoka
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6 min
Le directeur des équipes de France de natation, le Néerlandais Jacco Verhaeren, à l'occasion des championnats d'Europe, le 15 août 2022 à Rome. (ALBERTO PIZZOLI / AFP)

Le sprint est lancé ! A un an environ de Paris 2024, les équipes de France de natation s'apprêtent à vivre un rendez-vous crucial sur leur route vers les Jeux olympiques. A Fukuoka (Japon), les championnats du monde, qui débutent dimanche 23 juillet, seront un point de repère décisif pour Jacco Verhaeren, le patron des Bleus, et son staff. Arrivé à la tête de la sélection française il y a deux ans, l'ancien coach néerlandais de la légende Pieter van den Hoogenband a complètement relancé la natation tricolore. 

Depuis sa prise de fonction, les Bleus ont remporté 21 médailles à l'occasion des deux dernières compétitions internationales en grand bassin (13 européennes, 8 mondiales), contre 16 seulement lors des quatre éditions précédentes, entre 2017 et 2020. Au Japon, Jacco Verhaeren compte sur ces Mondiaux pour poursuivre sur cette bonne dynamique mais aussi pour renforcer les forces collectives et individuelles de son groupe, composé de 32 nageurs.

Franceinfo: sport : Vous êtes arrivé à la tête de l’équipe de France il y a deux ans dans le but de relancer les Bleus d’ici aux Jeux de Paris 2024. Comment appréhendez-vous ces Mondiaux de Fukuoka ?

Jacco Verhaeren : Ces championnats sont très importants, surtout avant la période olympique qui se profile. Cela va nous donner une bonne vision d’où nous en sommes. C’est vraiment important pour plusieurs nageurs ainsi que nos relais que l’on espère voir en finale, et peut-être même avec une médaille.

Relancer les relais tricolores, c’est donc un objectif majeur au Japon ?

Les relais sont très importants pour l’équipe. Pour plusieurs nageurs, c’est une opportunité de se qualifier pour une finale. Ce n’est pas toujours facile dans une épreuve individuelle, et je pense vraiment que les relais montrent aussi notre esprit d’équipe. C’est aussi essentiel de se qualifier pour les Jeux dès maintenant. Il n’y aura que le 4x200 m nage libre femmes où nous ne serons pas présents. C’est notre plus faible relais, donc il y a besoin d’un peu plus de temps et de travail à faire dessus. Mais d’ici à Paris, on espère se qualifier dans tous les autres relais, notamment pour les prochains Mondiaux au Qatar [du 2 au 18 février 2024].

Vous avez remis le collectif et cet esprit d’équipe que vous évoquez au centre de votre projet. Pour quelles raisons ?

Je crois vraiment que, même dans un sport individuel, il est important que les gens ne soient pas seuls. La force de l’équipe, c’est de partager notre connaissance et notre expérience entre nous. Pendant des Mondiaux ou des JO, nous sommes ensemble pendant trois ou quatre semaines, et ça se passe beaucoup mieux quand tout le monde se soutient. Cet esprit, tout au long de l’année également, c’est primordial.

"Nous serons prêts pour les Jeux"

On a ressenti cette nouvelle force collective à Budapest il y a un an, et cela s’est renforcé à Rennes il y a un peu plus d’un mois aux championnats de France. Quelles sont vos attentes à Fukuoka par rapport à ça ?

Après Budapest, on a eu un stage ensemble. Ce n'était pas un stage pour s’entraîner mais pour créer notre esprit de groupe et mettre en place nos valeurs d’équipe. Cela a vraiment été important car ça a été fondateur pour nos performances aujourd’hui. Donc je crois que l’on doit toujours continuer à travailler pour ça, c’est essentiel parce qu'on peut encore progresser même si on s’est améliorés depuis la dernière fois à Budapest. Une compétition comme des Mondiaux ou des JO, c’est huit à neuf jours donc il y a beaucoup d’attentes, beaucoup de pression et beaucoup de stress. Comme nous sommes une équipe, cela nous permet de partager tout ça entre nous pour mieux décompresser. Puis cela nous permet d’avoir le sentiment, ensuite, qu'avec ce groupe, et cet état d'esprit, tout est possible !

Avez-vous la sensation d’être "dans les temps" par rapport aux objectifs que la Fédération vous avait fixés à votre arrivée ?

Oui, je pense que nous le sommes. La première année, quand je suis arrivé, m’a permis de m’intégrer et de voir comment cela se passait au sein de cette belle équipe. Les premiers grands changements sont intervenus dès les championnats de France à Limoges [en avril 2022]. Et ça s'est accentué petit à petit, avec les Mondiaux à Budapest, les Europe à Rome, et enfin les championnats du monde en petit bassin à Melbourne [en décembre 2022]. Ça nous a donné beaucoup de bonnes opportunités et de satisfactions. Donc oui, nous serons prêts pour les Jeux. On est en route, et ça marche très bien.

Quels objectifs avez-vous fixés pour ces Mondiaux de Fukuoka ?

Je pense que nous avons déjà observé une vraie progression globale à Rennes [aux championnats de France] il y a un mois. C’était un bon point de départ pour nous, car c’était cinq semaines avant ces Mondiaux. Cétait important de vivre cette situation, dès maintenant, comme l’année prochaine, nous vivrons la même chose. Maintenant, je suis curieux de voir comment ça a évolué depuis.

"Cette année, je pense vraiment que la compétition sera beaucoup plus relevée qu’à Budapest. Nous nous sommes préparés pour ça aussi. Car faire un top 5, une finale, voire même une médaille, ça sera bien plus difficile à Fukuoka que l’an dernier."

Jacco Verhaeren, directeur des équipes de France de natation

à Franceinfo: sport

Dans le sport de haut niveau, on parle souvent de médailles et de records, mais pour moi, la réussite dépendra de notre progression par rapport à Rennes. Ce n'est pas facile de dire "on vise 15 finales et cinq médailles ou plus". Ça, je ne sais pas. Donc, avant toute chose, on cherchera surtout à nous améliorer tant dans les courses individuelles qu’en relais.

Il y a, dans votre sélection, un mix entre l’ancienne génération (Manaudou, Bonnet, Hénique, etc…) et la nouvelle, plus jeune mais qui est déjà en train de s’imposer (Marchand, Grousset, Pigrée, etc…). C’était aussi l’une de vos missions d’opérer ce passage de témoin ?

C’est une très bonne opportunité pour une équipe d’avoir un mélange pareil. Car toujours, pour les anciens et ceux qui ont beaucoup d’expérience, c’est très bien de partager avec les plus jeunes. Les nouveaux ont cet état d'esprit particulier que l’on a en début de carrière. Ils sont curieux, c’est leur première fois aux Mondiaux dans l’équipe de France. Ils transmettent cette énergie à l’équipe.

Le record du monde de Michael Phelps ? "C'est possible" pour Léon Marchand

Pour mener cette équipe, vous pouvez compter sur un certain Florent Manaudou, 32 ans et multiple médaillé en compétitions internationales…

Florent est vraiment le leader naturel du groupe, c’est notre capitaine. Avec ses performances tout au long de sa carrière, ses trois médailles [individuelles] aux JO, ses records et son leadership, Florent a un rôle essentiel. Nous échangeons énormément avec lui, ainsi qu’avec certains autres anciens de l’équipe, pour prendre la meilleure direction possible pour notre groupe. C’est vraiment important pour moi et le staff de ne pas prendre des décisions seuls. On a besoin de consulter et d'avoir l’avis de nos nageurs les plus expérimentés. Florent, c’est vraiment l’exemple parfait sur ce point.

Enfin, tous les yeux seront fixés sur la nouvelle star mondiale des bassins, Léon Marchand... Selon vous, peut-il battre à Fukuoka le fameux record du monde de Michael Phelps sur 400 m 4 nages [dimanche 23 juillet à XXhXX] ?

(Il rigole mais n'hésite pas) Oui, c’est possible ! Parce qu’il était très proche à Budapest déjà [à 44 centièmes seulement], et ça avait été une belle surprise pour tout le monde. Donc c’est possible oui. En revanche, ce n’est pas grave du tout si cela ne se passe pas cette année. On l’espère, évidemment, mais à long terme, jusqu’à Paris, ce n'est pas le plus important. Ce que l’on doit retenir, c’est qu’il poursuit sa route et qu’il a pris un très bon chemin.

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